Fantaisie sans amour

Pain, amour, ainsi soit-il
Titre original : Pane, amore e…..
Année : 1955
Réalisation : Dino Risi
Avec : Vittorio De Sica, Sophia Loren, Lea Padovani, Tina Pica
Dino Risi récupère le dernier chapitre de la franchise des Pain, amour et… En cette année 1955, après deux films mineurs tournés pour une petite boîte de production, il commence véritablement sa carrière de metteur en scène avec celui-ci et l’excellent Signe de Vénus. Les deux films sont cette fois produits par l’inévitable firme napolitaine Titanus et réunissent à l’écran Vittorio De Sica et Sophia Loren qui se sont croisés l’année précédente pour les débuts au premier plan de l’actrice dans Dommage que tu sois une canaille. Ces deux-là ne seront probablement jamais aussi bons qu’associés sur un même plateau.
Si la mise en scène de Dino Risi est irréprochable, et si le film reste de bonne facture, il manque sans doute un petit quelque chose dans le rapport de force entre les deux personnages principaux. De mémoire, ce qui était brillant dans le premier film de Luigi Comencini, c’était la tendresse qui découlait de la relation entre Vittorio De Sica et Gina Lollobrigida (ou entre Gina Lollobrigida et son carabinier). Or, Dino Risi, même s’il a pu faire preuve de tendresse dans Il giovedi ou dans Une vie difficile, par exemple, se montrera plus à l’aise tout au long de sa carrière dans l’humour caustique, voire dans la satire. Vittorio Gassman et Alberto Sordi seront des acteurs parfaits pour lui. Dino Risi s’accordera mal avec le charme distrait de Marcello Mastroianni (Le Chemin de l’espérance n’est pas une franche réussite), et déjà ici, dans un registre plus léger, plus élégant, plus sentimental, avec Vittorio De Sica, il ne peut pas encore donner le meilleur de lui-même.
Si le jeu d’acteurs reste à la hauteur, dans son étonnante précision et dans sa variété, c’est peut-être paradoxalement parce que Dino Risi pouvait exprimer là son talent pour la caricature. C’est à la fois la qualité du film et peut-être son défaut majeur : la caricature avec Vittorio De Sica peut rarement déborder vers la franche satire, ni même vers un burlesque trop décoiffant, si bien qu’au lieu de virer vers la farce réjouissante et caustique (ce n’est pas le ton de la franchise), le film oppose des personnages caricaturaux, certes parfaitement mis en scène, mais vainement dessinés à gros traits. Oubliées la tendresse et la bienveillance originelles. Sophia Loren, toute fraîche, belle et colorée (la même année, Vittorio De Sica la fait tourner dans Par-Dessus les moulins, et elle justifie à elle seule le passage à la couleur), impressionnante de maîtrise dans un rôle faisant écho à celui tenu dans L’Or de Naples, opposante rêvée à Vittorio De Sica, n’est ici que duplicité et manipulation. Elle ne cherche à s’attirer les faveurs du « maréchal » que pour éviter son expulsion. Manque bien le coche de la sentimentalité et de la tendresse évoquée plus haut.
Pour renforcer la farce, Dino Risi a ainsi recours à deux autres personnages caricaturaux : la sainte-nitouche qui accueille le « maréchal » en son logis (l’actrice est parfaite, la farce aussi, mais on se demande presque si ce personnage-là n’aurait pas mérité un chapitre de la franchise à lui tout seul ; une sainte-nitouche devrait se réjouir de pouvoir multiplier les petits Pain…) et le bellâtre écervelé, caricature de l’homme du Sud. Ils forment tous deux le gros point faible du film : ce sont en fait deux mauvaises reproductions des personnages secondaires du premier volet plus réussi.
Après ce Pain, Dino Risi ne tournera plus pendant deux ans, le temps sans doute d’écrire sa propre franchise : Pauvres mais beaux. Le film, paradoxalement, ne versera toujours pas encore dans la satire, puisqu’il y réussira avec brio dans la tonalité qui lui échappait précisément ici : la comédie tendre et sentimentale. Comme quoi… Alberto Sordi et Vittorio Gassman attendront encore, et Renato Salvatori sera parfait alors dans le rôle de jeune premier (non pas communiant, mais charmeur maladroit, une sorte de proto-mufle destiné à devenir le Don Juan ma non troppo incarné par la suite par Vittorio Gassman).
Pain, amour, ainsi soit-il, Dino Risi 1955 Pane, amore e… | Titanus
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