Bulworth, Warren Beatty (1998)

Farce à Trappes

Note : 2.5 sur 5.

Bulworth

Année : 1998

Réalisation : Warren Beatty

Avec : Warren Beatty, Halle Berry, Kimberly Deauna Adams

Il n’y a probablement pas un genre qui soit aussi sensible que la satire. L’humour est propre à chaque individu, parfois à chaque culture, et il suffit d’un rien pour exaspérer le spectateur et se couper définitivement de lui. Parce qu’on pourrait encore tolérer un humour qui ne cherche qu’à amuser ; on tolère déjà moins qu’on nous donne des leçons ou qu’on y dénonce des usages sociaux ou politiques. On prend parfois le risque d’enfoncer les portes ouvertes, d’user de facilité, de forcer le trait de la caricature ; souvent aussi, tout dépend de qui pointe du doigt.

Bulworth est une satire, beaucoup semblent y trouver leur compte. Je n’y vois qu’humour forcé, mauvais goût, facilité, caricature injuste et grossière (paradoxalement, non pas celle liée aux politiques et à leurs magouilles, mais bien aux autres, au petit peuple, aux Noirs). Le problème de la satire quand elle joue d’oppositions aussi franches, c’est que le manichéisme sent surtout la bonne conscience, la bienveillance du riche vis-à-vis du pauvre quand il crache sur les siens. Bien sûr Warren Beatty a toujours été de gauche, reste qu’on y sent toujours une forme de légitimité peu évidente à vouloir ainsi se refuser, même dans une satire, à la nuance.

La satire d’ailleurs tourne le plus souvent à la farce, à une fuite initiatrice de petit garçon à la Ferris Bueller. C’est la dose qui fait le poison, même en humour. Et Warren Beatty dépasse les limites du supportable. Les petits vieux dans la salle s’amusaient d’en voir un autre rapper et s’habiller comme de la jeune racaille noire. Trop facile, trop vulgaire.

On peut reconnaître au moins à Beatty la volonté de recoller à une certaine tradition de la comédie politique et romantique des années 30 et 40. Seulement l’histoire d’amour ne prend jamais. Et là, c’est moins le mariage coloré qui pose problème que l’âge conséquent qui sépare Warren Beatty de Halle Berry. On comprendra facilement pourquoi les vieux bonhommes y adhèrent sans réserve.

Par ailleurs, il faut l’avouer, Warren Beatty n’est pas un grand acteur — de comédie, ou de farce, en tant cas. La difficulté de trouver le ton, toujours. Et des yeux minuscules trop peu expressifs (les mêmes que sa sœur Shirley MacLaine, qui a toujours eu la bonne idée, elle, de jouer des faux cils, une vocation perdue sans doute pour Warren).


Bulworth, Warren Beatty 1998 | Twentieth Century Fox


Liens externes :