Ajustement du volume de la voix en fonction de la distance du partenaire et du public

Exercice inspiré de la pièce La Terre (Anne Barbot/Émile Zola/2025).

But de l’exercice : les acteurs ont tendance à s’installer dans un rythme, à adopter une prosodie redondante, sans consistance, un volume standard ; l’exercice vise donc à inciter les élèves à identifier ce problème et à prendre une voix adaptée à la distance du partenaire, à la situation et au public (souvent la salle).

Les élèves se composent au deux tiers d’acteurs, le dernier tiers est réservé à un groupe qui joue le rôle de spectateur.

Premier essai : relation avec le partenaire

Dans une salle, à faible distance (deux ou trois mètres), laisser deux élèves improviser un dialogue de leur invention sur une situation déterminée ou en yaourt pour faciliter la chose. Ne pas faire intervenir encore l’élève censé représenter le public, mais laisser tous les autres élèves assister à ce premier essai pour juger de la pertinence du volume proposé.

Petit à petit, augmenter la distance entre les deux élèves, changer si nécessaire le type de situation proposé. Ne pas s’attacher à la créativité : les élèves peuvent dire n’importe quoi, la focalisation se porte sur la modulation du volume. Les deux partenaires peuvent s’interpeler d’une pièce à une autre, revenir à une distance de deux ou trois mètres, puis se rapprocher jusqu’à produire des messes basses, des chuchotements.

Ne pas parler trop fort, ne pas parler pas assez fort, ne pas se mettre « sous » le volume du partenaire (rechercher le terme « volume » dans la page des techniques du comédien).

Jouer avec la distance. Interroger les autres élèves pour savoir si tout le monde a compris le sens de l’exercice et la difficulté de « s’adresser » au partenaire, au lieu de tomber dans un volume standard auquel ils n’échapperont pas dès qu’ils « réciteront » un texte.

Deuxième étape : relation avec le partenaire et le public

Impliquer un élève chargé de représenter le public ou un personnage tiers, capable d’entendre la conversation des deux autres.

Placer ce tiers à proximité des deux acteurs sans le faire intervenir dans leurs échanges. Désormais, les deux acteurs doivent faire en sorte non seulement que leur volume soit adapté à leur partenaire, mais aussi au tiers. Sur la page des techniques du comédien citée plus haut, mention est faite d’une triple relation (avec le personnage, avec le partenaire et avec le public).

Comme avec l’étape précédente, varier les distances de chacun et remarquer les différences. Le volume s’adapte toujours à celui qui est le plus loin. Si l’on chuchote à un partenaire, mais que le « public » est éloigné, adopter un volume proche de la confidence, capable d’être entendu à l’autre bout de la pièce ou de la salle (cela passe en partie par le ralentissement du débit pour laisser la voix occuper tout l’espace).

Troisième étape : travail collectif

Créer des groupes deux tiers/un tiers et procéder à ce même exercice après s’être assuré que tous les élèves ont compris et après en avoir débattu et effectué des essais avec les premiers cobayes.

Laissez chacun des groupes expérimenter la chose à travers soit l’improvisation, soit le yaourt.

Quatrième étape : même exercice avec un échange de répliques apprises par cœur (soit tirées d’une scène, soit écrites par les élèves)

On augmente d’un cran dans la difficulté. Les élèves doivent percevoir l’écart entre ce qui naturellement produit dans la vie (ou à travers des exercices sans texte imposé) et ce qui se pratique sur scène, figé dans une contrainte qui nous impose une plus grande concentration.

Moduler si nécessaire le volume (trop fort, pas assez), quitte à aller dans les extrêmes, pour obliger les acteurs à sortir de leur confort et à conscientiser leur volume (dans le but de ne plus avoir à y penser). Les élèves doivent « s’adresser » à leur partenaire afin d’incarner une présence. Une des clés consiste à insister sur l’écoute. Un acteur qui écoute répondra d’autant mieux à un interlocuteur (la dernière partie de la page sur les techniques du comédien est dédiée à l’écoute).

Dernière étape : inversement des rôles et conclusions

Laisser les élèves chargés de jouer le rôle de public intervertir avec les acteurs pour que chacun puisse mettre en pratique l’exercice et juger de la capacité des autres élèves à moduler de manière adéquate leur volume à la situation et à la distance du « public ».

Terminer l’exercice en laissant les élèves prendre la parole afin de discuter de l’exercice et de leurs impressions.