Exercice de théâtre 3 : entrée dans une pièce, jeu non verbal, attitude et situation

Théâtre   

Exercice de théâtre   

A Bill of Divorcement, George Cukor 1932 | RKO Radio Pictures

Exercice de théâtre 3

entrée dans une pièce, jeu non verbal, attitude et situation

Exercice inspiré de la scène du retour du mari après plusieurs années d’absence dans A Bill of Divorcement, de George Cukor (1932)

Lien IMDb du film.

But de l’exercice : comprendre que jouer, ce n’est ni réciter son texte, ni parader avec une attitude qui nous mette en évidence, ni forcer les émotions, mais transmettre à travers une attitude la situation du moment.

Visionnage et discussion autour du jeu de John Barrymore

Comme dans les exercices précédents, la reproduction d’une scène de film (lien) sert de prétexte à un exercice. Ici, une première phase de discussion pour débattre des enjeux de la situation (un mari ayant souffert de graves troubles post-traumatiques durant la Première Guerre mondiale retourne chez lui après plusieurs années d’absence) et des moyens pour parvenir au même résultat une fois lancé sur scène.

Entrée en scène, jeu sur l’attitude, concentration sur la situation

Chaque élève passe à tour de rôle. L’exercice est court, facile à comprendre, sans texte à apprendre, sans partenaires ni décors (mieux si l’on dispose de quelques éléments de décor, sinon on fait travailler l’imagination).

Refaire, se tromper, discuter.

Insister encore et toujours sur le rôle de la situation : une fois qu’on a construit son personnage et qu’on l’a en tête, il n’y a plus que la situation qui doit diriger l’acteur. L’acteur doit être concentré sur ce qu’il se passe dans son environnement, pas sur lui-même et pas sur l’image qu’il renvoie. Pour être « dans la situation », il faut avoir défini un état émotionnel de départ (conséquence de ce qui précède bien souvent, de ses craintes ou de ses espoirs), puis un objectif (celui-ci évolue plus ou moins en fonction d’une scène, mais il est toujours contrarié par l’environnement, les rencontres, les contrariétés, les doutes, les tâches à accomplir). Sans objectif, un personnage n’a aucune raison de se mouvoir. Il ne s’agit pas d’objectif global, mais bien d’une intention passagère, une idée fixe : dans une scène, un personnage vient toujours effectuer une action afin d’en tirer un avantage, afin de pouvoir forcer un changement dans sa ligne de destin. Même attendre est une action qui possède un but : se reposer, attendre quelqu’un, flâner. On ne fait jamais « rien ».

Mettre en condition

Aider les élèves (les élèves peuvent le faire entre eux) à se mettre en condition avant l’entrée en scène. Un descendeur de ski visualise sa course avant de s’élancer, un acteur (en tout cas de cinéma) doit en passer par là parce qu’il ne bénéficie pas comme au théâtre de l’élan de la scène qui précède. Se mettre en condition, c’est adopter l’humeur, l’état d’esprit du personnage juste avant l’entrée en scène, c’est se rappeler pourquoi il est là, ce qu’il vient faire. Une fois lancé : prendre son temps (parce que c’est la situation), regarder autour de soi, s’oublier le plus possible sans se soucier de ce que l’on arrive à faire ou non. Encore et toujours : l’obstination de l’objectif et de la situation. Parcourir le plateau ; découvrir de nouveaux éléments de décor par rapport à ce que l’on a connu il y a des années de cela ; retrouver avec plaisir, amusement peut-être, nostalgie, d’autres éléments plus familiers. Vous êtes bien, vous êtes à la maison. Vous avez déjà arpenté de long en large cet espace. Vous le connaissez par cœur. Et pourtant, vous le regardez bien parce qu’il n’est plus tout à fait le même.

Parler ainsi à l’élève pour le guider, lui suggérer des images, des pensées, des sensations qui pourraient être celles du personnage qu’il interprète.

Refaire sans ces indications, suggestions et mise en condition. Discuter. Laisser les élèves travailler et se corriger entre eux.

Rappelons que l’attitude, c’est la finalité, mais qu’elle arrive pour ainsi dire comme une fleur une fois qu’on a bâti tout autour. Sans situation ni objectif, pas d’attitude. Or, l’attitude est importante parce qu’en une seconde, le spectateur peut comprendre la situation sans qu’il ait trop d’indications sur elle. L’attitude aide le spectateur à comprendre la situation ; à l’acteur, elle lui permet d’être crédible et de s’effacer derrière le personnage.

Cet exercice peut bien sûr se faire qu’on soit un garçon ou une fille. Il suffit pour les filles de changer les données de départ en trouvant un autre passif à cette femme retournant chez elle pour la première fois depuis des années.

Autre séquence

Garçons et filles peuvent d’ailleurs travailler une autre « attitude » non verbale et situation du film : quand le personnage interprété par Katharine Hepburn, à la fin d’une séquence en compagnie de sa mère, retourne à son salon pour se poser sur des coussins placés devant la cheminée. En cinq secondes de conclusion (mais dans un plan réalisé à l’écart du reste), l’actrice montre par sa seule présence l’essentiel : un état d’esprit et un objectif. (Lien.)

Une fois que l’on arrive à diriger son esprit sur ces éléments en se détachant des points de focalisation des mauvais acteurs (jugement, texte, etc.) dans une situation sans dialogues, sans partenaires et sans évolution majeure, l’élève est prêt à « muscler son jeu » et à intégrer ces principes dans tous les types de situations de jeu. Il s’améliore en écoute, ses réactions ; ses attaques et sa justesse sont meilleures.


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