Man of Steel / Superman vs Batman, Zack Snyder (2013-2016)

Man of Steel / Superman vs Batman

Man of Steel / Superman vs Batman Année : 2013-2016

4/10  

Réalisation :

Zack Snyder

Avec :

Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Ben Affleck

C’est amusant de voir Christopher Nolan à la production, on sent parfaitement sa pâte dans ces opus franchisés DC Comics. L’absence totale d’humour, l’adoption systématique de la variante sombre de Batman, la musique laide d’Hans Zimmer, les dialogues insignifiants… Du Nolan tout crashé.

Dans le détail, le premier volet sur Superman peut encore tenir la route. L’acteur qui remplace Christopher Reeve est très limité : des muscles ridicules, mais il faut sans doute faire avec, c’est de circonstance, surtout une absence problématique de charisme et de charme. Le bonhomme fronce les sourcils vers le haut en permanence pour se donner un air à la fois gentil et concerné, mais il arrive juste à avoir l’air stupide. Si DC était cohérent, ils auraient centré leur personnage pour en faire un roc assez inexpressif, figé, sombre et sans la moindre douceur juvénile, or là on sent encore l’influence du premier film avec le charme doux de Reeve sans jamais lui arriver à la cheville. Un entre-deux pour le moins stérile.

L’influence de l’ancêtre cinématographique se retrouve également dans le choix du récit présenté : pourquoi nous resservir une nouvelle fois l’origine du personnage si c’était pour nous bâcler l’affaire à force de multiplier les bastons et les surenchères pyrotechniques ? Alors que le film de Richard Donner remplissait si bien cette mission ? Si on oublie ses origines, ça permet de se concentrer sur un Superman adulte et charismatique, déjà conscient de ses pouvoirs, avec une planète déjà à la page… Zorg peut alors venir se mêler à la fête. L’idée au début, d’ailleurs, de faire de Clark Kent un fugitif à la Wolfverine, c’est du grand n’importe quoi… Et je ne sais pas ce qu’il en est du Comic mais aussi peu crédible que cela puisse paraître, déflorer l’identité et la sexualité de Superman à travers Loïs Lane, ça me paraît une nouvelle fois pas franchement une grande idée (on les voit même baiser dans une baignoire dans le second volet, je sais pas, c’est un peu comme si Zorro sodomisait Bernardo derrière un buisson). Et puis, au bout de quelques minutes, Nolan oblige, on arrête de raconter une histoire, et ce n’est plus qu’une suite de séquences de baston à rallonge.

Tout cela empire dans le second volet. Le bal masqué attendu se mue vite en festival d’erreurs de casting. J’adore Ben Affleck, mais on se demande ce que Daredevil vient foutre dans l’affaire. Même s’il correspond assez bien à certaines variantes de Batman, le souci, c’est à la fois de le montrer saillir ses muscles en permanence (à l’image des acteurs de péplum des années 50-60, il est presque plus large que long) et de le diriger. Le monteur semble avoir peiné à trouver des plans de coupe de lui avec ses scènes avec Jeremy Irons (autre catastrophe de casting) où il ne soit pas ridicule. Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de concurrence et de baston avec Superman ? Je n’ai absolument rien compris de pourquoi ils se crêpaient le chignon, encore moins pourquoi ils arrêtaient d’un coup (« ta mère s’appelle Martha ? ah bon ? OK, on arrête de se battre, copain », wtf). Lex Luthor uploadé dans une matrice Facebook, ça reste encore la pire idée qui soit. Djamel Debouze aurait tout aussi bien pu faire l’affaire à ce stade… Le scénario est incompréhensible. En revanche, on a le placement produit le plus classe de l’histoire : coucou, c’est moi, je m’appelle Wonder Woman et je suis aussi une marque DC Comics. Accessoirement cette Wonder Woman a été miss Israël et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est la seule chose de réussi dans le film. Pas besoin de froncer les sourcils comme Superman pour avoir du charisme, pas besoin de soulever de la fonte comme Batman, non, assez convaincante. Dommage de ne pas avoir le produit Wonder Woman en stock, ça fait très envie pour le coup.


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RoboCop, José Padilha (2014)

Note : 1 sur 5.

RoboCop

Année : 2014

Réalisation : José Padilha

Pas une des propositions de mise à jour du film original ne marche. La première connerie est monstrueuse, parce qu’elle vise à remplacer ce qui marchait très bien chez Paul Verhoeven : faire de Lewis, la coéquipière de Murphy, une femme. Un ancien partenaire féminin à cette nouvelle créature de Frankenstein high-tech qu’est RoboCop, c’était l’assurance d’interroger à chaque seconde de l’intrigue les ressorts émotifs, voire sexuels, du personnage et du spectateur. Comme une version inversée du mythe de La Belle au bois dormant. C’était au centre de l’histoire, une méthode classique de créer du lien entre les personnages principaux. Dans cette nouvelle version, Lewis est un homme, et qui plus est noir, ce qui le relègue selon les codes hollywoodiens au rang de second rôle.

Point de relation interdite entre Murphy et son partenaire, l’axe narratif glisse ainsi vers un autre binôme inattendu. Les deux qui se retrouvent propulsés tête d’affiche, c’est pour ainsi dire Bruce Wayne (alias Michael Keaton) et le comte Dracula (alias Gary Oldman). Belle ironie. Et pour quel profit ? Pas grand-chose. Tout le côté paranoïaque à la Philip K. Dick, hérité de la perte de la mémoire de Murphy dans le but de cacher son identité (alors qu’ici on tue tout le mystère en ne la cachant pas), sa perte d’humanité qu’il retrouvera peu à peu en revivant le traumatisme de son assassinat et de sa famille (le personnage féminin essentiel de Lewis dans l’original est comme transféré à sa femme ressuscitée), tout ça est envoyé à la casse pour faire du film, sur fond de transhumanisme sèchement factuel, un simple tire aux pigeons. Murphy ne cherche plus à se reconnecter avec son identité et son passé, ou encore à retrouver sa seule part d’humanité restante à travers la vengeance. Non, Murphy profite de toutes les données numériques de la ville, résout en une seconde plus d’affaires criminelles que n’importe quelle IA entraînée avant lui, et parmi celles-ci, la sienne, suite à quoi il pulvérisera tous les méchants qui lui cassent les couilles (et comme il a deux écrous à la place, il n’est pas content).

Même quand ils veulent préserver une idée du film original, la mise en scène ne semble pas en comprendre le sens et ça fait plouf. C’était un aspect sur lequel Verhoeven insistait peu mais qui était sa marque : la critique des médias, de la société de consommation, du paraître… Ce qu’on devinait par petites touches chez le cinéaste hollandais à travers des écrans de publicité ou des actualités télévisées. Le film ici est introduit, puis ponctué, par une émission TV écrite pour être comprise au second degré. Sauf que la difficulté, c’est bien de ne pas tomber dans la farce ou dans le démonstratif, parce qu’on le voit souvent, quand on veut dénoncer quelque chose à l’écran, on prend souvent le risque d’être compris de travers ou d’être autrement plus ridicules (jurisprudence Tueurs nés). Une subtilité qui n’apparaît jamais ici : Samuel L Jackson surjoue, on le verrait presque très fort penser qu’il est dans l’outrance pour dénoncer le plus fortement ce qu’il joue… Sauf que pour que ça marche, c’est justement le contraire qu’il faut faire. Un peu comme l’avait fait Verhoeven après RoboCop dans Starship Troopers, l’idée, c’est de jouer délicatement sur le doute, et donc sur la possibilité que ce qui est pris ici trop clairement pour du second degré soit en fait du premier. (Et parfois, la subtilité, c’est à double tranchant : il est difficile de déceler la critique de Verhoeven dans Showgirls — même si vingt ans après, les critiques jurent avoir tout compris.)

Bref. Dracula et Batman ont bien réussi leur exercice de sabotage : grâce à leurs exploits, la franchise RoboCop est tuée dans l’œuf. (Jusqu’à un RebootCop prochain.)



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Personal Shopper, Olivier Assayas (2016)

Note : 1.5 sur 5.

Personal Shopper

Année : 2016

Réalisation : Olivier Assayas

Avec : Kristen Stewart

Remake muet de Her entre Marc Levy et Kiyoshi Kurosawa et à destination seule des rédacteurs des Cahiers du cinéma ayant un compte Tinder.


Si j’avais à écrire un dictionnaire « j’aime / j’aime pas », il faudrait sans doute une plombe à écrire le premier volume, en revanche, pas besoin d’écrire le second dédié à ce que j’abhorre : tout ce qu’on trouve dans Personal Shopper en fait déjà le catalogue.

A : l’accent américain à Paris, l’accent français des acteurs Français parlant américains, l’accent anglais quand je commence juste à m’habituer à l’accent américain, les adolescentes sous-alimentées en sweat-shirt, les ambiances sous-éclairées pour inspirer la peur, les auteurs qui « captent l’air du temps »

B : le bruit des touches d’un clavier ajouté au cinéma

C : les caméras mouvantes, les casques de moto, les chapelets de phrases ultra-courtes en langage SMS, les chiens, les cigarettes, les cheveux gras ou graissés pour mimer l’effet « sale » ou « négligé » des personnes bien trop accaparées par leur job ou leurs soucis personnels pour se soucier de leur hygiène, les coups de marteau des voisins pour un « oui » ou pour un « non »

D : devoir regarder un film avec autant de plans d’écrans de smartphone, la diction de Benjamin Biolay, les discussions téléphoniques ou chat au cinéma avec des inconnus pour faire peur alors que tu as juste l’impression de suivre des échanges Tinder ou une version muette de Her, les dressing-rooms grands comme des trois pièces

E : l’eau qui goutte pour faire peur au cinéma, les ectoplasmes numériques doublés d’un bourdonnement strident ou sablonneux, les employés qui font ce qui leur est interdit de faire mais qui le font avec la soif de l’interdit et du danger de se faire prendre comme d’autres se droguent dans des chiottes publiques

F : les fashion victims, les filles avec des gueules sinistres parce que ça fait plus joli comme dans les magazines, les films d’Olivier Assayas

G : les gares, les gens capables de dire des phrases comme « je dois passer à Cartier » comme d’autres disent « je dois passer à La Poste », les gens pressés et toujours en retard (toujours over-bookés tellement leur vie est remplie de rendez-vous manqués à ne surtout pas rater), les gens qui prennent des cafés à tout bout de champ comme on prend des verres en soirée pour moins se trouver moins empotées, les gens rivés en permanence à leur portable, les gens qui prennent pressés des verres d’alcool seuls chez elles pour avoir l’air moins connes devant des caméras imaginaires

H : l’hiver, les hyper-actifs-hyper-branchés,

I : l’idée que l’esprit de Jerry Lewis puisse venir moi aussi un jour me hanter, l’idée d’un « spiritisme numérique »

J : les jingles SNCF, les jumeaux au cinéma et tout le folklore qui en découle, les jobs bien payés à la con,

L : les lampes à gaz, les lampes à huile, le langage SMS, les lustres en cristal dans les maisons abandonnées (savamment habillés de barbe à papa pour faire « toile d’araignée »)

M : les mugs et les T-shirts oranges, les mises à jour Apple, la mode, la musique de plombier pour faire « mystérieux »

O : les ongles rongés

P : les parquets qui grincent, les personal shoppers qui détestent leur job mais le font quand même, les personnages qui disent « j’ai rencontré quelqu’un » (personne dans la vie ne parle comme ça), les personnes qui prennent à témoin des gens quand ils sont au téléphone pour se moquer de leur interlocuteur, les portes qui claquent dans les maisons hantées ou chez les voisins indélicats, les personnes au travail surjouant l’assurance, les petits seins au cinéma toujours prétextes à les montrer nus, les poitrines nues des actrices principales histoire de montrer qui est le patron sur le plateau, les portes à air comprimé dans les trains qui font « tchi-pooh » comme dans Star Wars mais qui ne s’ouvrent en réalité bien que dans les films, les pseudosciences, les pulls en V portés sur un torse nu, les pushs en mode vibreur

R : Rudolph Steiner

S : les salles de bains à vasques rectangulaires (et non avec des lavabos randoms), les scooters, les SMS, les signes (ou l’absence de signe interprété comme un signe), les scènes de masturbation, les sonneries à la con sur les messageries instantanées, le spiritisme pris au sérieux

T : les taies en fourrure, les tatouages, les téléphones en mode vibreur dans les films, les trains, les trios pour cordes au cinéma pour faire intelligent

V : les vestes en cuir, les visages maladifs


 


 

 

 

 

 

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Us, Jordan Peele (2019)

Us et Coutures

Note : 1.5 sur 5.

Us

Année : 2019

Réalisation : Jordan Peele

Comme l’étrange impression d’assister aux mêmes symptômes que ceux continuellement aperçus dans les films de Shyamalan. La même fascination pour les films de Spielberg de la première heure (Jaws est même cité) et une volonté presque trop évidente de proposer de la série B avec des prétentions de série A. Avec Spielberg, c’est toute la culture du cinéma de genre des années 80 à laquelle on pense avec sans doute la même nostalgie que Peele : Carpenter surtout (et surtout à travers là encore sa volonté à toucher à tout sur son film jusqu’à la musique).

Us pourrait également faire référence à un Them! encore plus ancien. Et il vaut mieux fermer les yeux si on suspecte Peele d’y avoir insufflé un petit caractère racial (de l’un de ceux qui font polémiques pour ne jamais être compris, comme Tueurs nés).

Bref, de Shyamalan, en dehors des références lourdes et la volonté malhabile de marier série A et B, on retrouve le même attrait pour les effets tape-à-l’œil (Peele à ce niveau me paraît avoir beaucoup moins de talent que Shyamalan), les mêmes incohérences de scénario (c’est ce qui arrive quand on axe son écriture sur des passages obligés, qui ne sont en fait que des effets gratuits, fruits d’une torsion forcée de la logique narrative).

En plus de ça, Peele parsème son film d’un humour étrange, toujours à contretemps, au point de nous demander si c’est volontaire ou non, mais qui prive encore plus le film d’une cohérence qu’il peine à trouver. L’humour, c’est bien quand on fait mouche, sauf que si les personnages pensent plus à plaisanter qu’à fuir et sauver leur peau, s’ils ne sont en réalité jamais traumatisés par ce qu’ils vivent (même si, à la lumière du twist contractuel final, on peut imaginer que tous jouent — mal — la peur), ça n’aide pas à prendre ce qu’on voit au sérieux. Comme dans une fête foraine ou dans un grand cirque. Si tout cela n’est pas si sérieux, inutile alors de nous abreuver des références et des symboles lourds.

Tout cela aurait été en fait bien plus divertissant si Peele ne se prenait pas tant au sérieux, et s’il avait joué à fond la carte de l’humour absurde sans qu’on puisse le suspecter d’y mêler une quelconque morale ou sens caché ou s’il s’était contenté de faire ce qu’on ne sait plus faire aujourd’hui : une vulgaire série B qui ne se prend pas pour ce qu’elle n’est pas…


Us, Jordan Peele 2019 | Monkeypaw Productions, Blumhouse Productions, Dentsu


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Les Garçons sauvages, Bertrand Mandico (2017)

Réservoir à chiennes

Note : 1 sur 5.

Les Garçons sauvages

Année : 2017

Réalisation : Bertrand Mandico

Avec : Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel

Vidéoclip de Mylène Farmer. Laid, brouillon, mal filmé, mal découpé, mal joué, mal dirigé. Effarant d’amateurisme et de prétention. On n’est pas loin, d’ailleurs, de ce qui m’exaspère le plus au cinéma, celui des vide-greniers. On multiplie les accessoires, les effets, les références, mais le tout sans logique et sans aucun savoir-faire. En littérature, ça donnerait une espèce de bazar fait d’énumérations ronflantes, de vocabulaire faussement riche et recherché. Faut juste savoir que l’imagination, tout le monde en a.

Le plus drôle, c’est à la fin de la projection, le garçon (Mandico, présent pour une discussion) qui se la raconte pour dire à la salle combien il maîtrise tout dans la production, de la caméra, aux décors, à la direction d’acteurs, à la postproduction… Et là, première question du public : « Quelle pellicule vous avez utilisée ? (le « stock Kodak ») » « Hein, quoi ? Hi, hi… Stock quoi ?… » On l’aide un peu (stock, pour stock film, qui en anglais veut dire pellicule). Et là : « Ben, je sais pas. Aucune idée du type d’émulsion employé… » Donc en gros le mec gère tout, mais il a aucune idée de ce qu’il fait et laisse tout le monde gérer sa partition sans rien comprendre (de la photo aux acteurs, c’est la même musique, le gars gère rien), tout en prétendant le contraire. Définition même de la prétention. Une arnaque complète. Mais tant mieux s’il y a un public pour regarder ces âneries. Un escroc sans victimes, ce n’est plus un escroc.

Y a-t-il encore la place dans la production française pour les œuvres montées par des créateurs pleins de savoir-faire ou est-ce qu’on laisse faire toutes ces bandes d’incapables et de prétentieux dicter leur loi ?


Les Garçons sauvages, Bertrand Mandico 2017 | Ecce Films


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La Jeune Fille de l’eau, M. Night Shyamalan (2006)

Note : 1.5 sur 5.

 La Jeune Fille de l’eau

Titre original : Lady in the Water

Année : 2006

Réalisation : M. Night Shyamalan

Avec : Paul Giamatti, Bryce Dallas Howard, Jeffrey Wright

Quelqu’un a voulu voir ce que ça ferait de mettre son cerveau dans un verre rempli de mille granules d’homéopathie. Ce « quelqu’un », c’est M. Night Shyamalan. Résultat, les granules n’ont aucun effet sur le cerveau, mais le mettre dans un verre d’eau, c’est stupide et irréversible…

C’est tellement naïf qu’on voudrait presque apprécier. On demanderait à un enfant de dix ans d’écrire une histoire qu’on y trouverait les mêmes bêtises et trous d’airs dramatiques. Pourtant parfois c’est brillant. Si, si. À force d’oser. La structure, comme la mise en scène, bref, tout le papier cadeau laisserait presque penser que Shyamalan a du talent. Ce serait sans compter les multiples instants wtf qui jalonnent le film. La structure, d’accord, mais la psychologie des personnages, une certaine forme de bienséance sans quoi on ne peut croire à une histoire (on ne demande pas la lune, juste que ce soit crédible), ça, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne maîtrise pas. Les effets se succèdent les uns après les autres comme si le cinéma consistait à produire une suite de sensations à faire gober au spectateur, un peu comme ce qu’on fait dans une symphonie mais écrite avec des copies d’extraits grandioses et bien connus. La musique, elle, n’a pas à être logique ou crédible. Ici, tout donne l’apparence de la maîtrise, et en prenant du recul, on ne voit plus que les ficelles grossières agitées pour nous amuser.

C’est presque sidérant de voir à quel point c’est con. Un peu comme quand on écoute quelqu’un qui a tout l’air d’être normal, qui donne l’impression d’avoir la tête sur les épaules, et puis paf, il te sort qu’il a vu des elfes dans le siphon de son lavabo et cherche à trouver à les nourrir ! Tu te demandes s’il plaisante, mais non. Tout paraît normal, son ton n’a pas changé, il se comporte normalement, mais il te dit le plus simplement du monde qu’il a vu des elfes dans le siphon de son lavabo. C’est poétique remarque… la folie douce. Ou la débilité enfantine.

Nighty a peut-être en commun le goût de la copie et des effets sensationnels comme moteur d’une histoire avec Brian De Palma. L’un pastiche Hitchcock, l’autre Spielberg. Autant copier les meilleurs, remarque.

Plouf (homéopathique).


La Jeune Fille de l’eau, M. Night Shyamalan 2006 Lady in the Water | Warner Bros., Blinding Edge Pictures, Legendary Entertainment


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Chris the Swiss, Anja Kofmel (2018)

Chris the Swiss

2/10 IMDb

Réalisation : Anja Kofmel

Docufiction, animation, enquête d’une cinéaste sur un parent disparu… Autant dire qu’on n’est pas loin du couteau suisse.

Le cousin avait des difficultés à accepter la part de neutralité de son métier de journaliste (il finira par s’engager chez des paramilitaires pro-croates aux motivations plus que suspectes avant de se faire trucider manifestement par ses petits copains n’appréciant pas sa nouvelle lubie : devenir Hemingway, ou comment de « écrivain et correspondant de guerre », on décide de se faire, par passion pour la guerre, « écrivain de guerre »), la cousine cinéaste souffre du même problème : offrir un documentaire à la première personne sur un sujet hautement personnel (ce qui serait déjà en soi pas mal discutable quand on a aucun autre talent à faire valoir) et tendre à l’objectivité, relève de la gageure impossible. Quand en plus on y adjoint des séquences animées certes bien foutues mais censées mettre en scène le cousin dans des situations qu’il aurait pu vivre… on n’appelle plus ça du cinéma, mais de la thérapie en cinérama.


Chris the Swiss, Anja Kofmel 2018 | Dschoint Ventschr Filmproduktion, AG IV Films, Ma.Ja.De Filmproduktion, Nukleus film


Dunkerque, Christopher Nolan (2017)

Gorge profonde

Note : 1 sur 5.

Dunkerque

Titre original : Dunkirk

Année : 2017

Réalisation : Christopher Nolan

Avec : Tom Hardy, Kenneth Branagh

Il y a des événements inceptionnés qui me font parfois douter de vivre dans le même monde que mes semblables. L’étrange impression de ne pas goûter aux mêmes délices ou de rester hermétique aux expériences censées ravir la vaste majorité des spectateurs. Et parmi ces événements, il y a les films de Christopher Nolan.

Je garde une certaine affection pour Memento, qui pour moi, au-delà du simple exercice de style, arrivait à produire une réelle tension, liée au récit ou aux personnages, parce qu’il y avait la menace permanente pour le principal de se faire manipuler par un autre, et le procédé de la narration à rebours rendait impossible alors pour le spectateur de se sentir presque utile un peu comme dans un bon slasher où le plaisir naît de cette illusion que le spectateur pourrait prévenir les victimes juste avant qu’elles se fassent massacrer. L’exercice de style dans Memento, paradoxalement, renforçait — et c’est souvent le cas quand on joue avec la distance — l’identification aux personnages, d’autant plus que le principal, interprété par Guy Pearce, du fait de son handicap, attirait facilement l’empathie : la frustration de se savoir incapable de l’aider ne faisait que renforcer la sympathie qu’on pouvait avoir pour lui, et donc l’intérêt, la peur, qu’on ressentait face au déroulement tronqué de son histoire… On affectionne les objets qui vous procurent du plaisir, mais on en reste encore me semble-t-il dans un plaisir qui reste avant tout empathique, voire intellectuel, et ça reste encore une des propriétés de l’homme. L’animal se contentera de plaisirs bien moins subtils.

Memento reste pourtant le seul film de Christopher Nolan m’ayant procuré ce type d’émotions. Mon intérêt et mon… affection se sont vite évanouis au visionnage des suivants. Je pense même pouvoir dire que le reste de sa filmographie, au mieux me laisse indifférent, au pire, me donne envie presque de vomir (littéralement, étant sorti de Inception avec un mal de crâne et des nausées). Et si l’idée de voir des films mal foutus paraît encore pour moi une évidence, ça tend tout de même à devenir de plus un plus à l’évocation de certains titres une incompréhension profonde.

Quand j’évoque Memento, je crois encore pouvoir exprimer clairement ce qui, moi, me plaît et me fascine. Pour Inception, Interstellar et maintenant pour Dunkerque, je cherche, interrogatif, presque halluciné, et je ne vois rien. Je lis que Nolan propose des expériences immersives… D’accord, ce serait du cinéma d’action expérimental ?… J’avoue avoir toujours été un peu hermétique au cinéma expérimental, justement parce qu’il n’est pas narratif, et parce que dans mon expérience de spectateur, j’ai compris que ce qui me motivait à voir un film, c’était bien de suivre une histoire. Une histoire raconte, suggère, réveille en nous l’animal empathique, et tend à nous inculquer des savoirs qu’une seule vie ne nous aurait pas suffi à maîtriser. Regarde-t-on un film de Christopher Nolan pour suivre une histoire ? Ou l’expérience désormais suffit-elle pour elle seule ? Est-ce que le spectacle produit ne peut-il être que sensoriel ? Comment peut-on adhérer à des personnages qui ne sont plus que des pantins utiles à servir nos sens, à un récit qui n’est lui plus qu’un procédé servant à cacher l’objectif unique du film : multiplier les séquences… immersives, d’action et d’émotion ?

Mon incompréhension est là. Les films de Christopher Nolan ne sont pour moi que des objets de plaisir immédiat, des gadgets remplis d’artifices amusants mais sans autre ambition. C’est presque la critique qu’on pourrait faire de n’importe quel film à gros budget, mais c’est là le plus étonnant, c’est que ces films passent pour être des chefs-d’œuvre. Merde…, des chefs-d’œuvre de quoi ? Un film tout tourné vers le plaisir, ne nous en apprenant rien sur nous-mêmes, sur les autres, c’est de la simple pornographie, non ? Pourquoi ces films, vides de sens, de récit (sinon pour s’en servir comme d’un godemichet), avec des personnages sans consistance, sans histoire, sans désirs, sans contradiction, avec un rythme de grand huit ou digne d’une vulgaire page de publicité, pourquoi ces films fascinent autant et voient autant de public adhérer à ce qu’ils proposent ?

Parce qu’attention, si je peux comprendre, à la limite, qu’on entre dans le jeu du film de superhéros et du parti pris « dark » ou qu’on se laisse envoûter par les labyrinthes visuels et cérébraux, et qu’on y décèle des propriétés et des mérites que je peux deviner ; ici avec Dunkerque, Nolan réduit presque au maximum ces ambitions esthétiques ou prétendument narratives. Je vois donc encore moins où peut se situer l’intérêt ou le plaisir que semblent y ressentir la majorité des spectateurs. Ironiquement, durant la conférence précédant le film, Nolan semblait évoquer Bresson ayant influencé son cinéma (à moins qu’il ait parlé de quelqu’un d’autre…) ; on pourrait donc voir en effet une certaine forme de minimalisme, pour Nolan de ce film, en le réduisant à un survival. Pourquoi pas. Sauf que ça marche encore moins avec moi que pour ses précédents films. Les prétentions formelles pouvaient au moins laisser deviner un fond derrière les artifices. Là, rien. Formellement, ça pue.

Si Dunkerque n’est pas un film de guerre, mais un survival movie, comme Christopher Nolan semble lui-même le dire (pour être franc, je ne vois pas bien ce que ça change, mais d’accord), reste que le film n’est pas divertissant, effrayant ou simplement immersif. Pour la plupart des spectateurs, si je sais encore lire et entendre, si, bien sûr, ça l’est. Mais qu’est-ce qui est divertissant ? Je l’ai dit, même dans un film de guerre ou de survie, ce qui m’importe, ce sont les personnages, ce qu’ils révèlent d’eux, donc de nous, dans des situations de danger ; c’est la brillance des échanges entre eux (quand un film se réduit à trois lignes de dialogues ça limite les possibilités de se poiler devant la repartie des personnages), la beauté presque chorégraphique des mouvements, de la violence, du montage, l’utilisation savante du rythme, donc la capacité du chef d’orchestre à gérer les temps faibles et les temps forts ; c’est aussi, et c’est important, l’ironie, la fantaisie, l’humour, le second degré… parce que tout ça, ça dénote une capacité de celui qui raconte à s’élever au-dessus de ce qu’il décrit tout en restant respectueux à la fois de l’action et des personnages… Bref, même dans un film d’action, dans un film de guerre, dans un thriller, dans un survival movie, il faut du savoir-faire de storyteller (qu’on dit maintenant), mais aussi de mise en scène, de metteur en image, etc. Et contrairement aux précédents, je ne vois rien de tout cela. Je ne vois dans Dunkerque qu’un montage de rushs de séquences ratées et supprimées de Pearl Harbor et d’Il faut sauver le soldat Ryan. C’est laid, ce n’est pas inventif, c’est chiant et ça se prend méchamment trop au sérieux.

Qu’est-ce qu’a voulu faire Nolan en adaptant un épisode (plutôt méconnu pour nous Français) de la Seconde Guerre mondiale ? Utiliser l’histoire comme prétexte à en raconter d’autres, plus petites, c’est la règle, et il n’y a même pas un devoir de fidélité, l’auteur fait ce qu’il veut. Mais au-delà de l’opportunisme du faiseur de cinéma devant trouver son prochain sujet, ces petites histoires nous racontent souvent autre chose. Pourquoi avoir choisi tel soldat plutôt qu’un autre ? On ne sait pas. Pourquoi ce pilote plutôt qu’un autre ? Cet officier ? On ne sait pas. À la rigueur, il y a un semblant de singularité, les prémisses d’une histoire, avec les personnages embarqués sur le bateau et venant rejoindre les côtes françaises ; mais cette histoire, là encore, n’a rien de passionnant, c’est même plutôt grossier. Peut-être alors faut-il entendre Nolan dire qu’il s’agit d’un survival… Mais un survival n’a-t-il pas ses règles pour ? Quand je pense à Délivrance ou à Alien, par exemple, je ne peux que constater que ces deux chefs-d’œuvre du genre possèdent des modèles d’introduction, et que l’action, le cœur de l’enjeu — survivre — se présente au moins dans un deuxième tiers voire un troisième tiers du film. Christopher Nolan (après un clin d’œil peut-être très ironique aux films lents de Béla Tarr, mais j’en doute) commence son film, et c’est déjà le chaos. Une présentation sommaire du contexte historique, quelques incrustations pour nous expliquer le pari (raté à mon sens) d’un récit avec trois lignes parallèles n’évoluant pas à la même vitesse*, et puis on entre coup de pied au cul dans une logique de survie.

(* Ç’aurait pu être intéressant de voir une construction avec des séquences montées en parallèle comme dans Intolérance, jusqu’à ce que ces lignes se rejoignent pour proposer enfin un montage alterné, sauf que le chaos n’est pas seulement sur la cote, il est dans la tête, et comme à son habitude, Nolan complique son récit et on n’y comprend plus rien)

L’exercice de style (si c’en est un) pourrait être séduisant. A priori, un survival ne misant que sur l’enjeu de survivre ne me semble pas si éloigné que de faire un road movie filant droit comme Point limite zéro (quoi que la différence, c’est peut-être bien que le passé du personnage s’immisce, et le rattrape, au bout du compte, dans son échappée folle). Reste que cet aspect du film ne marche pas du tout. Pour faire un film de survie, il faut au moins pouvoir s’identifier aux personnages. Sans quoi, il pourra leur arriver les pires cataclysmes, on s’en foutra royal parce qu’aucun procédé d’empathie avec eux n’a été mis en œuvre. Et on ne sympathise pas avec des personnages pour lesquels on ne sait rien, ni du passé, ni des désirs cachés ou avoués, ni des peurs, ni de leur rapport aux autres ou à la guerre. On ne sait rien, et c’est bien cette absence de savoir qui rend le film particulièrement pénible à suivre, l’expérience sensitive pure et exclusive, ne laissant jamais place à l’autre sens, celui qui chez l’homme le différencie de l’animal.

Est-ce que ce qui fascine dans les films de Nolan, et dans ce film en particulier, ce n’est tout simplement pas l’attirail explosif, artificiel, mais sans but, seul, déployé pour exciter nos sens primitifs, et est-ce que toutes les prétentions parfois avancées pour expliquer, ou excuser, le plaisir ressenti durant le visionnage d’un de ces films ne sont tout simplement pas prétexte à autre chose, au seul plaisir masturbatoire de faire exploser ou émouvoir ? En quoi ce cinéma serait-il alors différent de celui de Michael Bay, mystère. Il y a des mauvais tours de magiciens, et d’escrocs, qui peuvent faire le tour du monde, ils marchent toujours… Peut-être alors qu’il est là le talent de Christopher Nolan. Se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Et à le voir en interview, c’est vrai que ce type se prend tellement au sérieux et a tellement peu de choses à raconter (ou à vendre) qu’on pourrait difficilement le croire honnête. S’il y a une logique derrière tout ça, j’ai peur d’y retrouver celle exposée et très bien (malheureusement) illustrée par Scorsese dans Le Loup de Wall Street : dans le monde aujourd’hui, tout se résume à vendre un crayon. Nolan vend de la camelote, mais il le vend bien… Sinon il n’y aurait pas tant de monde pour s’y tenir les côtes quand ce bel escroc les y enfile les basses de son copain Zimmer dans le derche. Prestigieux.


Un mot sur le public. L’ayant vu à la Cinémathèque, j’ai été surpris de la moyenne d’âge des spectateurs. Réservée aux abonnés, je crois n’avoir jamais vu autant de jeunes à une séance… La moyenne tournait bien autour de vingt ans alors que pour les projections auxquelles je suis présent (et j’y vais tous les jours), la moyenne tourne plutôt autour de cinquante. Je n’y ai vu que trois ou quatre habitués, ils font quoi de leur carte d’abonnés le reste de l’année tous ces jeunes ?

(Le son était tellement merdique, et… immersif avec ces horreurs de basses que certains appellent effets sonores, ou pire, musique, que la pellicule a cassé à un moment. Même la bobine voulait se tirer de là. On était bien les deux seuls.)

 

Dunkerque, Christopher Nolan 2017 Dunkirk | Syncopy, Warner Bros., Dombey Street Productions


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L’eau était si claire, Yoichi Takabayashi (1973)

L’eau était si claire

Gaki zoshi

Année : 1973

Réalisation :

Yoichi Takabayashi

2/10 IMDb

Cette saloperie valait bien Le Trésor des îles chiennes. La même prétention pour cacher le vide : faire un film en noir et blanc, tout de suite, on gagne en crédibilité. Mais cette horreur nippone sortie d’on ne sait où (ça devait être une vieille copie de la Semaine de la critique…) ajoute au supplice visuel, une bande sonore vide, comme en écho à la trame narrative. Pas un bruit, pas une parole, pas une musique. Et il ne se passe rien. L’heure tourne comme dans un film de Chantal Akerman, mais comme Yoichi n’est pas une femme, on a moins de scrupules à dire qu’il n’a pas de talent.

Qu’est-ce qu’être réactionnaire dans le cinéma ? Faire un film à la fois muet et en noir et blanc. On flirte même avec le pinku quand un moine éjacule sur la tête d’une statue représentant Bouddha, et une fillette violée qui tombe amoureuse de son agresseur.

Même Wakamatsu a plus de talent, au moins il ne ment pas sur la marchandise.

Yôichi Takabayashi réalisera quelques années plus tard, La Femme tatouée (curiosité pinkuesque passée il y a bien longtemps me semble-t-il sur Arte).


Max mon amour, Nagisa Ôshima (1986)

Prends les bananes et tire-toi

Note : 1.5 sur 5.

Max mon amour

Année : 1986

Réalisation : Nagisa Ôshima

Avec : Charlotte Rampling, Anthony Higgins, Victoria Abril

Jean-Claude Carrière dans ses œuvres. Ce n’est pas assez de foutre le boxon dans la filmographie de Buñuel, il faut qu’il fasse de même avec Ôshima. Carrière doit être aussi peu talentueux qu’il est sympathique. Effrayant.

C’est quand même foutrement affligeant et sans le moindre intérêt. On change le singe pour un vrai amant et on voit, là, le ridicule, ou la nullité, de la structure du récit. Il ne suffit pas de prendre un sujet… absurde. Sinon on fait n’importe quoi. Demande à Beckett, Jean-Claude.

Ce qu’il y a de plus épouvantable (ah et encore je me tâte avec la photo horrible de Raoul Coutard digne d’un Sacha Vierny), c’est le casting. L’absurde est là peut-être aussi. Prendre des acteurs français (ou espagnole pour Victoria Abril) pas si mal pour des seconds rôles face à un acteur britannique jouant phonétiquement en français, dirigé par un réalisateur japonais et donnant la réplique à un singe… Au milieu de tout ça, Charlotte Rampling semble venir d’une autre planète : des éclairs de génie, et puis forcément, sans direction d’acteurs, les égarements un peu coupables et fainéants des génies qui ne se foulent pas trop.

Pierre Étaix, Fabrice Luchini et Sabine Haudepin, ces trois-là à sauver. Les autres, le bien sympathique Carrière en tête, à la poubelle.

Une réplique résume assez ce qu’on éprouve en regardant le film : « Tu veux nous voir faire l’amour, Max et moi ? Eh ben regarde par le trou de la serrure si tu y trouves un quelconque intérêt ! » Ben oui, ça n’en a aucun.

Le problème avec la zoophilie, ce n’est pas que c’est subversif (ça ne l’est pas), c’est juste que c’est dégoûtant. Ça ne pose même pas question. « Mais tu n’as pas compris le film, c’est absurde ! » Non, non, le point de départ est absurde, seulement le problème c’est qu’il est justement trop attaché au monde réel, petit bourgeois, et qu’il masque mal son côté amateur et son artifice grossier. De l’absurde, c’est quelque chose qui glisse inexorablement et parfois imperceptiblement vers un monde qui ne peut plus être le nôtre, on essaie de comprendre, on s’interroge, on est fasciné, et on rit aussi. Bref, c’est Buffet froid. Je n’ai jamais compris l’intérêt qu’on pouvait avoir pour les histoires de Jean-Claude Carrière, qui sont d’un vide absolu. On dirait un diplomate sortir une vanne à l’anniversaire de son fils. « Oh, oh mon Dieu, Monsieur le diplomate, comme vous y allez ! »

 

Max mon amour, Nagisa Ôshima 1986 | Serge Silberman, Greenwich Film


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