Elle et Lui, Leo McCarey (1939- 1957)

Elle et Lui, Elle et Lui : un comparatif

10/10 et 9/10  

Réalisation : Leo McCarey

Avec : Irene Dunne, Charles Boyer & Cary Grant, Deborah Kerr

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Quelques inflations notables en presque vingt ans : du fait de l’augmentation de l’espérance de vie, la grand-mère Janou a gagné une demi-douzaine de printemps, la technologie est à la fête, et les téléphones (pas encore portables) remplacent les billets. Les couleurs sont plus chatoyantes aussi, et Leo McCarey écrit des chansons originales flairant les possibles royalties à en tirer (l’exemple Bing Crosby peut-être) et remplace ainsi Plaisir d’amour, peut-être plus jolie, mais présentant l’infâme désavantage d’être libre de droit, On gagne également en minutes…

J’avais vu plusieurs fois le second opus il y a des années de ça, et je dois avouer que le premier me paraît légèrement supérieur. C’est dû en grande partie à Irene Dunne. J’adore Deborah Kerr, mais si elle est là encore admirable, il n’y a peut-être aucune actrice au monde en mesure de rivaliser avec la Dunne à la fois sur le plan de l’intelligence et de la comédie (les deux sont liées). Kerr est plus dans le registre de la douceur, et elle sera par exemple moins crédible lors des tours de chant (Deborah Kerr est doublée). La différence entre les deux actrices se joue également beaucoup dans la gestion des petits lazzi : des regards en coin, des moues, de la repartie, un domaine de la comédie, très visuel et qui réclame une spontanéité rare, dans lequel Irene Dunne est inimitable. Il ne faut pas de la douceur, mais de la vivacité d’esprit. On aurait même pu rêver au duo Irene Dunne – Cary Grant, mais on se consolera en regardant Cette sacrée vérité

Charles Boyer dans ce premier opus est lui aussi irrésistible (meilleur que Grant, c’est dire, à moins que ce soit McCarey qui n’ait pas été assez attentif et n’en demande pas assez à son partenaire quand une réplique tombait à plat quand la même dite par le Français sonnait juste…).


Premier commentaire (journal d’un cinéphile prépubère) datant de 1997 : Elle et Lui


 


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I Remember Mama, George Stevens (1948)

Ma mémère bien aimée

Tendresse

Note : 4 sur 5.

Titre original : I Remember Mama

Année : 1948

Réalisation : George Stevens

Avec : Irene Dunne, Barbara Bel Geddes, Oskar Homolka

Probablement un des plus bels hymnes écrits à la famille. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de précédents à ce style familial. On en voit des traces un peu chez Capra. On le retrouvera très souvent, c’est même systématique, dans les séries TV qui viendront par la suite (d’ailleurs, il y a la matriarche Ewing de Dallas avec ses yeux plissés quand elle sourit qui joue la narratrice, l’auteur, la fille à sa maman). Il me semble qu’on retrouve un peu ça dans Qu’elle était belle ma vallée ou Les Quatre Filles du docteur March. En fait, c’est l’exposition de la vie plus ou moins dure des petites gens (ici d’immigrants mais installés depuis une vingtaine d’années). Ça vante les qualités d’humilité, la tendresse, l’attention à l’autre, la politesse… Bref, c’est un manuel sur bobines de « comment élever ses enfants ». Ça fait très chrétien. Il n’y a pas de méchant, c’est réjouissant. Que du positif. La vie est dure mais l’argent ne compte pas ; ce qui compte, c’est de donner du bonheur aux autres. Pas besoin d’un dieu, l’Amérique (enfin Hollywood) vend très bien le bonheur sans. Rien n’est forcé, même si tout est de la même couleur. L’auteur a appris sa leçon sur l’authenticité, il semblerait.

Les décors dans une petite baraque, en haut d’une de ces fameuses collines à San Francisco, sont magnifiques. On ne la quitte quasiment jamais. Tout est admirablement bien centré sur la famille, et bien sûr la “Mama” (merci à la traduction française encore une fois d’avoir parfaitement compris le film et d’avoir proposé un autre titre sans aucun rapport…, pas étonnant après que le film soit si méconnu). (Si vous ne savez pas quoi offrir à votre Mama pour Noël, ce film fera un beau cadeau.)

Étonnant de voir Irene Dunne là-dedans — magnifique accent norvégien et prothèse pour la faire grossir (je ne l’imagine pas prendre vingt kilos à l’Actors Studio). Le plus remarquable toutefois, c’est la performance énorme d’Oskor Homolka en oncle Chris. Un personnage d’ailleurs peut-être plus intéressant que celui de sainte Mama. Au début, les enfants en ont peur parce qu’il boite, parce qu’il a souvent l’œil coincé dans le cul d’une bouteille, et qu’il a la voix presque aussi bruyante que son atroce automobile. Pourtant, deux des filles finissent par l’apprécier en se moquant ensemble des deux harpies qu’elles ont comme tantes. On comprend que c’est un faux méchant. Sa fin sera l’occasion d’une longue séquence bien larmoyante, avec la révélation qui tue. L’acteur sera nominé aux Oscars pour son interprétation (comme trois actrices du film). Bien mérité. Il sera battu par un autre rôle d’ivrogne, celui de papa Huston dans Le Trésor de la sierra Madre. Ça reste la famille.

Le film rappelle parfois bizarrement Le Lys de Brooklyn tourné trois ans auparavant. Film de famille sans doute aussi, j’en ai un trop vague souvenir. Encore un de ces films autrefois adorés qu’il me faudrait revoir. C’est qu’il commence à vieillir et à ne plus se rappeler des vieilles bobines qu’il a vues papy Lim…


Tendresse, George Stevens 1948, I Remember Mama | RKO Radio Pictures

 


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Cette sacrée vérité, Leo McCarey (1937)

Ce sommet de la grande dunne

The Awful Thruth Année : 1937

Réalisation :

Leo McCarey

10/10  IMDb

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Magnifique screwball comedy. Peut-être le meilleur… Parfait mix du vaudeville à la française avec les portes qui claquent et l’amant dans le placard (vaudevilles et screwball, c’est souvent « une femme et son mari ») et de l’humour britannique (le mot, la repartie, la fausse cruauté et le flegme face à des situations souvent cocasses).

Pratiquement toutes les scènes avec le même principe. Une connivence entre Irene Dunne et Cary Grant, mari et femme en instance de divorce, qui se chamaillent en trompant tous ceux qui les entourent… La connivence est permanente avec nous et on peut rire jusqu’au fou rire de deux ou trois situations loufoques qui s’éternisent dans l’absurde. Je t’aime, moi non plus.

Encore un bel exemple du tournant opéré dans la société occidentale où l’homme et la femme sont désormais sur un pied d’égalité. L’âge d’or de Hollywood a participé à cette révolution. D’autres couples ont joué à cette époque la même parade : Ginger Rogers et Fred Astaire, Katharine Hepburn et Spencer Tracy, Myrna Loy et William Powell.

Depuis, le buddy movie est redevenu strictement l’alliance de deux individus de même sexe…

Pas un chef-d’œuvre, LE chef-d’œuvre de la comédie romantique américaine. (Avec peut-être New-York-Miami, La Dame du vendredi et Vous ne l’emporterez pas avec vous.) Bon, d’accord, UN DES.


Cette sacrée vérité, Leo McCarey 1937 The Awful Thruth | Columbia Pictures