Loin du Vietnam (1967)

Note : 2.5 sur 5.

Loin du Vietnam

Année : 1967

Réalisation : Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Chris Marker, Alain Resnais

Au cinéma quand on est cinéaste, il y a le contrôle continu (la filmographie), et il y a le tour de force un peu passé de mode mais obligatoire dans les années 60-70 : participer à un film à sketchs. L’amusant ici, puisqu’il y a presque autant d’auteurs crédités au générique que d’élèves pas classe, c’est, à la moindre connerie ou bon point relevé dans le film, de noter les noms. Tout l’enjeu pour les participants est de parvenir à ne pas se faire reconnaître.

Le cancre dans cet exercice, c’est encore notre ami Jean-Luc (élève Godard), qui bien qu’ayant très bien compris qu’il fallait respecter le sujet en évitant de montrer sa trombine à l’écran, n’a évidemment pas pu s’empêcher de le faire, filant ainsi en beauté, droit, vers le hors-sujet : le titre Loin du Vietnam vient peut-être de là. Remarque, je préfère encore écouter Jean-Luc raconter ses petites contrariétés d’aristocrate attiré par le prolétariat innocent et bête, ou chagriné face à son impuissance dans le conflit vietnamien (et même un peu vexé mais compréhensif de se faire éconduire par ses héros), que devoir bouffer vers la fin, et dans la copie de je ne sais quel élève, une suite de commentaires recueillis sur le pavé. Jean-Luc est touchant au moins dans sa volonté d’être lucide, et maladroit. Ce qui est loin d’être le cas de cette femme à l’accent insupportable du XVIᵉ arrondissement de Paris, présentée comme vietnamienne et se réjouissant de l’immolation napalmée et volontaire d’un Américain protestant contre la guerre.

Comment on dit déjà ? Inégal. (Et assez inutile, en tout cas cinquante ans après.)


Loin du Vietnam 1967 | Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles


Liens externes :


Cœurs, Alain Resnais (2006)

Cœurs

CœursAnnée : 2006

Réalisation :

Alain Resnais

5/10  IMDb

Vu janvier 2011

Sans doute le plus mauvais d’Alain Resnais…

Son truc de vouloir recréer un monde en studio trouve là ses limites. Ça marche quand le sujet est parfaitement non naturaliste comme dans Smoking /No smoking. Ici, c’est encore théâtral, mais il y a des scènes qui ne peuvent pas être réussies avec l’artifice du studio et du minimalisme : les scènes où Lambert Wilson et Isabelle Carré sont bourrés, ça ne peut pas passer, impossible à rendre dans un univers BD. Surtout en plan large et sans montage, donc sans tension et sans direction. Impossible à jouer pour des acteurs sans être ridicules.

Un vrai désastre.


Je t’aime, je t’aime, Alain Resnais (1968)

Cat Soup

Je t’aime, je t’aimeAnnée : 1968

Réalisation :

Alain Resnais

6/10  IMDb

Vu en septembre 2008

Un exercice de style comme les aime Resnais. Un de plus.

C’est moins réussi que d’habitude. Trop formel. Il faut savoir piocher dans ce qui nous est proposé. Le film est un peu comme une boîte de chocolats. On choisit, on aime ou on n’aime pas. Les différentes saynètes sont de valeur très inégale. Et dommage que l’introduction, obligatoire pour comprendre le contexte, n’apporte finalement rien à ce qui va suivre.

Quelques répliques, des situations absurdes, en chocolat :
— il y a une quantité de choses qu’on n’apprend pas dans les livres. (Ah)
— la réponse à la question « qui sommes-nous et pourquoi » : et si Dieu avait créé le chat à son image et que quelques millénaires après il aurait créé l’homme dans le seul but de servir le chat. (Ah, ah)
— Claude Rich à son chat : « ah, tu es réveillé toi ? tu ne veux pas aller au bureau à ma place ? »
— la leppre d’excute à un plient écride en charatia et que pourbant on cromtrend partaitement… (surréaliste)
— le guide Michelin des cimetières (ça, c’est une idée)
— la scène du crayon (on croirait du Cocteau, surréaliste)
— le type qui tue sa copine parce qu’elle sourit pendant son sommeil et qu’elle est malheureuse dans la journée — jaloux d’un rêve presque…
— « quand je fais l’amour avec des filles, c’est comme si je restais happé par toi » « c’est tout de même désolant que tu vois d’autres filles » « peut-être mais je ne pourrais pas savoir ce que je viens de te dire »
— « je suis toujours ponctuel dans mes retards » « tu devrais écrire une encyclopédie des excuses pour ne pas aller travailler »

Bref, on y retrouve la déconstruction du récit et de l’histoire du Nouveau Roman, la même attention portée aux mots.

Il y a un peu de la Jetée dans l’histoire (le film de Chris Marker a un but et n’est pas un simple exercice de style) ou la folie de Eternal sunshine of the spotless mind.


Alain Resnais

 

La politique des monteurs… Génial metteur en images, en particulier dans des documentaires au cours des années 50, puis au début des années 60, parallèlement aux cinéastes de la nouvelle vague, Alain Resnais est-il un auteur ? Non. Il est le génial metteur en images qui contredit la pseudo théorie du cinéma de papa. Parce que Resnais a cessé d’être bon en devenant pleinement un « auteur ». Il est de ceux ayant toujours mieux travaillé en « collaboration », en « adaptation ». Le metteur en scène, met en scène… un auteur. Il ne se met pas (ou rarement) en scène lui-même. Si Resnais est bon, c’est bien parce que les auteurs, c’étaient les autres. Des « auteurs » par ailleurs (Duras, Robbe-Grillet) passés eux-mêmes à la réalisation, sans la même efficacité que Resnais. Oui, faire un film, c’est parfois mieux ensemble.

Classement :

10/10

  • Nuit et Brouillard
  • L’Année dernière à Marienbad… *
  • Hiroshima mon amour

9/10

  • L’Amour à mort
  • Smoking / No Smoking **

8/10

  • On connaît la chanson
  • Les statues meurent aussi
  • Toute la mémoire du monde
  • Guernica
  • Le Chant du Styrène

7/10

  • Mon oncle d’Amérique *
  • Le Mystère de l’atelier 15

6/10

  • Pas sur la bouche
  • Je t’aime je t’aime **

5/10

  • Loin du Vietnam **
  • Cœurs
  • Providence
  • Muriel ou Le Temps d’un retour ***
  • La guerre est finie
  • Stavisky ***
  • Les Herbes folles
  • Mélo

*Films commentés (articles) :

**Films commentés (courts articles) :

***simples notes prépubères (1997) :

Stavisky

Une qualité indéniable à la réalisation, mais qui se limite cependant à une simple compétence formelle. Le reste est insignifiant. Les mouvements de caméra ou le montage restent sans intérêt face à une mise en scène qui traîne et manque de rythme : Resnais se noie dans sa propre soupe. On se désintéresse de l’histoire, trop compliquée, à peine concrète (drame du financement : rien de moins cinégénique), un drame suivi par la mise en scène comme si elle pouvait avoir un intérêt quelconque. L’émotion est donc inexistante, par le thème financier, et par la direction d’acteurs ; le style et le rythme trop clairs, incohérents, sans marques définies. Le film ne trouve pas son identité, entre film commercial néoclassique à la Truffaut et film intellectuel, abstrait, avec un rythme ralenti. C’est donc une sorte de Scarface à la française, marquée par l’insignifiance naturaliste, le manque de contrôle, d’intensité et d’identité.

Le cinéaste de Hiroshima mon amourMarienbadSmoking-No-Smoking, n’a pas fini de me décevoir. À croire que la qualité de ses films est uniquement due à la qualité de ses scénarios, que Resnais serait alors incapable de tirer réellement vers le haut. Un cinéaste compétent mais pas auteur.

À remarquer, Sacha Vierny, le directeur photo de Greenaway : comme le film, trop clair, pas assez identifiable.

Muriel, ou le temps d’un retour, Alain Resnais.

Quelque chose me rebute. Il y a trop de dialogues qui brouillent tout. On n’a pas le temps de nous identifier aux personnages, à l’action et aux thèmes abordés. « L’action » est trop dense, les dialogues évoquent trop. L’ambiance et l’esthétique me laissent froid comme un épisode de Cosmos 1999. On voit le talent évident, mais tout dans l’image rejette le spectateur en dehors du film.


O, Marienbad

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Alain Resnais

No Smoking, Alain Resnais (1993)

No Smoking, No… Smoking

No SmokingNo_Smoking_Alain_Resnais Année : 1993

Réalisation :

Alain Resnais

Avec :

Sabine Azéma

Pierre Arditi

9/10 IMDb iCM

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Listes :

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Décidément, il me plaît bien ce Resnais. Amour de la forme (le plaisir de la structure pour le bonheur de la déconstruire), esthétisme froid, théâtralité… Eh oui, les scènes sont interminables, tout tourne autour de dialogues et de situations qui évoluent autant hors-champ, et après des ellipses, que devant la caméra. En gros, les dialogues doivent apporter une grande part des informations venant « de l’extérieur ». Extraordinaire pouvoir d’évocation comme si les couleurs criardes, façon BD, n’étaient qu’un écran de fumée pour masquer l’essentiel, qu’on imagine derrière le chevalet des apparences, à travers la voix des acteurs. Un peu comme si les couleurs venaient se perdre sur nos papilles pour en exciter les sens les plus immédiats et qu’une saveur plus lente, plus imperceptible et plus persistante, montait peu à peu sur le buvard fragile de l’œil de l’imagination. Les images claquent dans le présent et s’évanouissent presque aussitôt, tandis que les évocations parlent à notre mémoire, à notre sens de la représentation et de la prospective. To smoke or not to smoke, that is the question. Mourir, dormir…, rien de plus. Mourir, dormir… Dormir ? Rêver peut-être… Argh, voilà le hic ! Comment imaginer, voir et rêver en même temps ?…

Et si la réponse était dans Smoking, je me retrouve bien embarrassé.

Belle performance d’Arditi et d’Azema. Resnais n’est pas ce qu’on pourrait appeler un grand directeur d’acteurs, on peut donc penser (imaginer, ou rêver peut-être) qu’ils y ont été pour beaucoup dans le bon déroulement de la chose scénique. Justesse impeccable, rapidité maîtrisée, et exécution implacable. Il est rare d’allier ainsi la vivacité, la spontanéité (qui s’apparente parfois trop à de l’agitation : on regarde plus parce que ça attire le regard que parce qu’on s’intéresse au devenir des personnages) avec le pouvoir évocateur de l’acteur, si utile pour faire travailler l’imagination, là, du spectateur, et qui apparaît le plus souvent dans les respirations. Ce que les « grands » acteurs de la pantomime arrivaient à faire en posant une main sur le front, en fronçant sévèrement les sourcils et en roulant des yeux vagues derrière leurs chaussettes, tout en y adjoignant dans un souffle matamoresque cette merveilleuse ponctuation de la pensée en bulles qui éclatait en « ha ! » vapoteux. « Fumer ? Moi, jamais !… Ha ! »

Bref, ça réclame une attention et une intelligence parfaite de la part de l’acteur. À la fois une leçon inimaginable, une expérience épicée* formidable, et un découragement pour ceux qui essaient de commencer de fumer.

*en français dans le texte (NdT)

 


L’Année dernière à Marienbad, Alain Resnais (1961)

Le Ventre de l’architecte

L’Année dernière à Marienbad

Note : 5 sur 5.

Année : 1961

Réalisation : Alain Resnais

Avec : Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëff

— TOP FILMS —

9 novembre 96 — et révision proustalienne

Film fascinant. Trop peut-être. Il y a un stade dans l’art, et en particulier dans le cinéma, où la fascination tue la fascination. Le xxᵉ siècle est le siècle du cinéma, mais aussi de l’intellectualisme prout-prout. Ou quand l’art se regarde le nombril, quand il se questionne sur lui-même, se structure en même temps qu’il se compose, se déstructure en même temps qu’il nous emmerde. L’essence même de l’art, c’est de s’adresser à un public, et la moindre des politesses, c’est de ne pas le plonger dans un tunnel d’ennui. Parce que oui, le spectacle est superbe, génial, et non sans intérêt… mais on s’emmerde !

(Et Dieu, que j’aime ça.)

L'année dernière à Marienbad

Sérieusement ?

C’est intelligent, fascinant. La photo est superbe. Écran large, découpage rythmé, montage structuré, mise en scène et jeu contrôlés, voire un brin mystérieux pour éveiller un instant la curiosité. Tout ça serait digne d’un grand architecte, même si on ne demande pas à un film de jouer les « grands », mais de se mettre au service d’un sujet. Ma belle dinde, tu as de jolies plumes, tu te tortilles avec comme personne, mais j’attends de voir quand je t’aurai mordu les fesses. La viande, la chair, les formes, la sueur, les viscères, les méninges en charpie, les tripes lâchées à la figure pour le plaisir de s’en badigeonner le corps ! Il est là le plaisir du spectateur. S’enfiler de la pintade bien charnue, lui faire des enfants, la tromper, la retourner, la farcir, et toujours la mordre, encore et encore ! Quel plaisir peut-il y avoir à plonger ses dents, ou… ses doigts, dans un chariot de supermarché avec ses formes bauhausiennes répétitives, parallèles, tout en angles, en équerres ou en lignes droites ?

Bref, à défaut de nous nourrir, le film nous invite à nous frapper la tête contre les murs, sinon à chasser la moindre particule de poussière agglomérée dans les angles. Alors, allons-y.

(Prout-Prout)

Deux références — ou influences. D’abord, Orson Welles. Mise en scène retenue : Welles se servait des silhouettes hiératiques, verticales, pour exprimer une idée de rigidité mentale qu’il opposait aussitôt avec un environnement tourmenté, lui, fait de torsions, de mirages, de points de fuite tentaculaires. Ici, tout est rectiligne, la rigidité n’est pas dénoncée, et si elle est grossie, exagérée, c’est comme pour exprimer sa propre fascination à l’égard des pantins que sont finalement ces non-personnages. On oppose en quelque sorte, le jardin foisonnant et baroque à l’anglaise, au jardin géométrique à la française. Avec l’un, on se perd avec délice ; avec l’autre, on est fasciné et on cherche des yeux les formes oblongues qui reposeront nos yeux, les ombres qui se dévoileront avec tous leurs mystères. Même utilisation également de la voix off, signe de la volonté de construire un récit élaboré et jouer sur différents tableaux ; ou encore, le magnifique noir et blanc, tout en contraste, même si Resnais s’appuie moins sur les ombres que Welles.

Quant à la seconde influence, cette fois pour servir de référence à une œuvre postérieure, c’est Stanley Kubrick. Il serait intéressant de savoir s’il a vu le film en 1960, ce qu’il en a pensé, et s’il a influencé son travail. La lenteur, l’utilisation de la voix off, l’utilisation des espaces géométriques dans lesquels les personnages sont perdus comme dans un labyrinthe, le mystère d’une présence tourmentant les personnages, le même type de travelling dans de longs couloirs étroits, les mouvements de caméra ou les plans sur des détails du décor ou sur des personnages comme intégrés à ce décor, la révélation petit à petit d’un espace complexe à découvrir, mais qui se dévoile toujours moins à mesure qu’on en visite les recoins et les secrets, la profondeur de champ censée dévoiler les secrets de cet environnement et qui, finalement, plus on en voit, moins on s’y sent en sécurité (alors que Welles, s’il utilisait des décors de château par exemple, jouait la carte gothique, baroque, non sur la froideur d’un éclairage frontal qui nous dit que si une présence néfaste est présente, il faut la chercher ailleurs qu’à travers le regard : la menace en est d’autant plus effrayante si elle provient d’une dimension inconnue, autrement insaisissable).

Il m’arrive le matin sous la douche de m’imaginer barbu avec la tête de Kubrick, et je me demande, les années 60 maintenant bien mâchées, si je voue un culte secret à ce film au titre énigmatique. L’année dernière… à Marienbad. Marienbad, mon amour. Tu es rude et squelettique, tu as une colonne Louis-XVI à la place des hanches, le nez droit et les pieds plats, la frange au milieu bien alignée avec la raie du cul, le nombril et la bouche dans l’axe de l’étoile Polaire, un fil à plomb en guise de string, les seins plats et le sourire gonflé avec des lignes d’horizon, mais Marienbad, tape-moi sur les doigts s’il le faut, viens me frapper les fesses de ton implacable rigidité, parce que je ne te vois aucun défaut, et parce que je finirai bien par me laisser désagréger par tes formes si platement sensuelles sous leurs plissages sévères et dévots. Il suffit de t’embrasser, pour qu’une fois mouillés dans le tilleul, les morceaux impalpables de ton édifice, jusque-là indistincts, s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des cœurs, de la chair, des personnages consistants et reconnaissables, car tout cela qui prend forme et générosité, est sorti, ville et jardins, de ta fascinante rigidité. — Prout. Tu m’ennuies, mais tu me plonges dans un état inconnu qui ne m’apporte aucune preuve logique, sinon l’évidence de ta félicité, de ta réalité, devant laquelle les autres peuvent s’évanouir

Bon, y a pas à dire, la Recherche, on n’en voit pas le bout, mais c’est tout de même mieux que le nouveau roman… Marienbad, l’exception, le petit plaisir délicieux, qui, isolé de la notion de sa cause, rend toutes les vicissitudes du nouveau roman indifférentes, son désastre littéraire inoffensif, ses brièvetés et ses froideurs illusoires, de la même manière qu’opère Hiroshima mon amour, en nous remplissant d’une essence précieuse, capable de nous faire cesser de nous sentir médiocres, contingents, mortels. Bref, il est temps que je m’arrête, les étranges vertus de ce breuvage ne semblent pas diminuer. L’Année dernière à Marienbad, c’est une madeleine de Welles à tremper dans du Kubrick : on est en face de quelque chose qui n’est pas encore, et que seule notre imagination peut réaliser, et faire entrer dans la lumière.

(Je me suis laissé imbiber telle une madeleine dans le tilleul, tel un morceau de papier dans son bol de porcelaine rempli de je ne sais quel breuvage exotique et euphorisant…)

Oust.


L’Année dernière à Marienbad, Alain Resnais (1961) | Cocinor, Terra Film, Cormoran Films