William A. Wellman

Classement :
10/10
- L’Étrange Incident (1943)
9/10
- Beau Geste (1939)
- Convoi de femmes (1951)
8/10
- Bastogne (1949)
- L’Ange blanc (1931)
- Les Mendiants de la vie (1928)
- Track of the Cat (1954)
7/10
- Les Ailes (1927)
- L’Ennemi public (1931)
- Une étoile est née (1937)
- La Ville abandonnée (1948)
- Aventure dans le grand Nord (1953)
- Les Enfants de la crise (1933)
6/10
- La Joyeuse Suicidée (1937)
- Safe in Hell (1931)
- Au-delà du Missouri (1951)
- Héros à vendre (1933)
- Les Forçats de la gloire (1945)
- Roxie Hart (1942)
5/10
- Lady of Burlesque (1943)
4/10
- The Boob (1926)
3/10
Films commentés (articles) :
Simples notes :
Lady of Burlesque, William A. Wellman (1943)
Greta Garbo rit, logiquement, Barbara Stanwyck… smurfe. En dehors de cette étrangeté, un film de coulisses qui hésite entre les numéros de music-hall et le whodunit abracadrabantesque. Une fois que ce dernier l’emporte, on n’y comprend plus rien. Agatha Christie s’en retourne encore dans sa tombe. J’attends la battle de smurf avec Barbara pendant que Greta se marre…
(Note au traducteur de la Cinémathèque : « Burlesque » se traduit plus volontiers par « music-hall ». Un peu comme le « smurf », c’est un faux-ami.)
Roxie Hart (1942)
Jolie histoire, excellente mise en scène et des acteurs précis sous la direction de Wellman, mais rien n’est drôle en fait dans cette farce. Connu pour être un des films préférés de Kubrick, on y retrouve effectivement l’humour pas drôle du cinéaste new-yorkais quand il s’attachera les services de Peter Sellers (acteur, par ailleurs, rarement amusant). Ce serait même difficile à expliquer pourquoi la farce fait pschitt. La proposition de départ ne semble pas tenir la route. Je parle de farce, d’ailleurs, mais peut-être s’agit-il au fond plus d’une satire… Dans un cas comme dans l’autre, la comédie ne pardonne pas. La sauce est toujours difficile à prendre, et souvent, impossible de déterminer ce qui déraille…
Les Enfants de la crise (1933)
Le code nous aura privés de ce genre de films, réalistes, assez clairs politiquement concernant l’état de la société en pleine Grande Dépression… Et quand on y songe, encore une fois, l’Amérique aurait tout aussi bien pu, comme l’Allemagne, tomber dans le fascisme. Ce n’était que partie remise. Un peu moins d’un siècle plus tard, on y est. Les belles rencontres auxquelles nos trois protagonistes ont encore droit (toutes des figures d’autorités) seraient aujourd’hui des figures de l’autoritarisme : un policier chargé de trier les clandestins à l’arrivée à Chicago et se montrant plus que compréhensif, un juge qui décide de mettre un terme à l’errance des trois adolescents en leur apportant enfin toute l’aide dont ils ont besoin. L’Amérique était en crise, mais elle s’est vite redressée grâce à une politique de l’investissement que partout, aujourd’hui, les pays tentés par l’illébéralisme se refusent à appliquer pour en continuer une autre qui profite aux plus grandes fortunes. L’Amérique était en crise, l’Europe était malade de trop de haine. Mais l’Amérique, cette fois, n’y échappe pas. Nous non plus, d’ailleurs. Les motifs d’espoir, parfaitement justifiés, présents dans le film passeraient pour être peu crédibles dans la société actuelle. Peut-être qu’ils l’étaient également à l’époque d’ailleurs. Vidor réalisera l’année suivante un film dans la même tonalité humaniste : Notre pain quotidien. Et j’aurais les mêmes réserves. Je préfère quand le spectateur se retrouve acculé face à un constat terrible et injuste l’obligeant, lui, à se révolter. Lorsque c’est le cinéma qui illustre ce champ des possibles, qui montre la lumière derrière le brouillard qui nous étouffe, on se dit peut-être un peu trop que tout ira pour le mieux. Et l’on ressort de la salle ramolli. Mais l’espoir, il est sur pellicule ; la vraie vie, elle, continue d’être révoltante et l’on ne la voit plus.
Merci à Billy de nous avoir privés, lui, du talent de la demoiselle : il se mariera l’année suivante avec elle et l’on ne la verra plus claquer des talons et plisser du nez à l’écran.
Les Forçats de la gloire (1945)
Film typique d’un grand cinéaste sans réel intérêt, sinon purement descriptif. Wellman fait un excellent travail pour donner corps à ces chroniques de guerre. Mais le récit ne contient aucun enjeu d’importance, n’oppose vraiment aucun personnage. C’est bien Wellman qui mâche tout le travail : des échanges de regards, des contrechamps à foison, des dialogues pour ambiancer et identifier les personnages, des acteurs justes (autant qu’ils pouvaient l’être avant l’intégration de la method), des décors illustrant ce qu’il faut pour que l’on y croie. Les événements montrés n’arrivent pas à la hauteur de tous les moyens déployés et l’on se désintéresse très vite du classique jeu d’élimination. Les meilleurs films de guerre ont tous un message fort à faire passer. Et les bons sujets en temps de guerre ne manquent pas. Il y a fort à parier que ces forçats de la gloire trouvent un meilleur hommage à travers ces autres grands films du genre dans lesquels ils ne tiennent peut-être pas les premiers rôles, mais dans lesquels on peut les y voir participer à un sujet vaguement plus enthousiasmant qu’une pâle chronique de leurs conditions de vie.
Track of the Cat (1954)
Savoureux mélange entre La Chatte sur un toit brûlant et Alien. Qu’est-ce qui faisait la réussite du premier Alien ? Le fait que l’on y voyait très peu l’alien. Comme pour Les Dents de la mer. Toutes ces histoires fuient en réalité les monstres parce qu’elles sont à la recherche des « aliens » qui sont en nous. Mitchum peut donc partir si ça lui chante traquer une panthère noire hypothétique, pendant que le chat n’est pas là, les souris se déchirent. Dans Alien ou dans Les Dents de la mer, c’est un équipage qui s’écharpe alors que la mer gronde et que le monstre rôde. Ici, comme chez Tennessee Williams, ce sont les familles qui s’entre-dévorent.
Les productions Alien se perdent depuis des années à mettre au centre de leurs récits l’alien, reproduisant ainsi à l’infini l’erreur de James Cameron. Elles seraient bien avisées d’adapter dans son univers Track of the Cat. Les meilleurs westerns sont des huis clos ou presque (L’Étrange Incident, Johnny Guitare, L’Attaque de la malle-poste, Rio Bravo, etc.), la science-fiction devrait y revenir. Le spectateur n’a pas besoin de grands espaces en papier mâché numérique, mais d’imagination. Revenir à l’essentiel. (En revanche, une telle adaptation réclamerait d’y supprimer la morale viriliste de son dernier segment. Spoiler : l’homme timide devient un homme, un vrai, en tuant la bête…)
Héros à vendre, (1933)
C’est beau comme du Preston Sturges, sauf que je n’aime pas quand c’est beau comme du Preston Sturges. Les détours et les retournements de fortune (même possible en période de Grande Dépression) ont le parfum et la concision des mélodrames du muet. Le parti pris humaniste, ni « rouge », ni « conservateur » a encore la saveur du précode. Mais si le mélo a fini par être démodé, c’est bien que le cinéma parlant allait vite ne plus pouvoir avoir recours à de tels procédés sans y mettre les moyens. Et à moins d’avoir une forme de pureté comme Fury, je vois mal comment une telle approche aurait pu continuer à convaincre le spectateur (le code Hays réclamera de toute façon une forme de retenue dans l’évocation de la misère).
Le film prend quelques accents actuels quand des policiers font la chasse au leader de grève, aux communistes ou aux travailleurs immigrés (ils ne sont ici pas latinos, mais italiens). On a oublié que le pays aurait pu tout aussi bien se passer de New Deal et prendre le même virage que l’Allemagne. Ce n’est que partie remise…, le pays sombre chaque jour un peu plus dans le fascisme…
J’ai un petit faible pour Aline MacMahon. La véritable vedette du film, c’est bien elle.





L’Étrange Incident, William A. Wellman 1943 | Twentieth Century Fox 


L’Ennemi public, William A. Wellman 1931 | Warner Bros.
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