Anthony Mann

Anthony Mann

Filmographie et classement :

10/10

9/10

  • Côte 465 (1957) 

8/10

  • La Brigade du suicide (1947) 
  • Incident de frontière (1949)

7/10

  • Winchester 73 (1950)
  • L’Homme de la plaine (1955)
  • L’Appât (1953)
  • Du sang dans le désert (1957)
  • L’Homme de l’Ouest (1958)
  • The Tall Target / Le Grand Attentat (1951) 
  • La Porte du diable (1950)
  • Les Furies (1950)
  • Il marchait la nuit (1948)

6/10

  • Les Affameurs (1952)
  • Le Cid (1961)
  • Quo Vadis (1951)
  • Je suis un aventurier (1954)
  • La Chute de l’Empire romain (1964)
  • La Charge des tuniques bleues (1955)
  • Marché de brutes (1948)
  • L’Engrenage fatal (1947)
  • Le Livre noir (1949)

5/10

  • Romance inachevée (1954) 
  • La Rue de la mort (1950)
  • La Ruée vers l’Ouest (1960) 

Films commentés (articles) :

Simples notes : 

Le Livre noir (1949)

Mélange étonnant de noir, de film historique, d’espionnage et, comme toujours à Hollywood, de romance (voire de western, à la fin). L’alliance est assez réussie, et il faut saluer les efforts d’inventivité, mais film noir rime aussi souvent avec série B. C’est pas mal du tout si l’on considère les limites budgétaires du machin, mais ce sont justement aussi ces limites qui empêchent le film de réellement décoller. Quelques audaces de mises en scène (surtout au début), propres aux noirs de Mann, et qu’il cessera d’employer en tombant dans le classicisme des westerns. Richard Basehart en Robespierre, ça vaut aussi le coup d’œil.

Il marchait la nuit (1948)

Pas mal du tout pour un noir sans grandes prétentions sinon à parfaitement servir la soupe à la police. On y retrouve un petit côté Dirty Harry sans (code Hays oblige) l’inspecteur Harry. Les criminels solitaires abondent dans les films noirs, voire les séries B de cette époque, mais ils sont presque toujours dépeints comme des psychopathes ou des personnages antipathiques. Le fait que le film relate (c’est en tout cas ce qu’il prétend) une histoire vraie pousse sans doute les studios à accepter de coller à la réalité (le criminel est présenté sous un jour plus ou moins flatteur : une sorte de génie). La performance de l’excellent Richard Basehart (l’un des frères Karamazov dans l’adaptation de Richard Brooks) va d’ailleurs dans ce sens : l’acteur ne force pas trop le trait (de la caricature maléfique du meurtrier) et en fait un être presque quelconque et charmant (on insiste beaucoup sur ses failles au début du film). Annonce la vague de films sur des criminels solitaires des années 70.

L’Engrenage fatal (1947)

La même année que T-Men, on retrouve le joli minois (sorte de Janet Jackson blonde) de Jane Randolph (images du phénomène dans le commentaire sur T-Men). Elle est malheureusement beaucoup moins crédible en idiote qu’en femme fatale. Pas une question d’emploi, mais bien de talent. Jane n’est pas très douée. Elle l’aurait été, avec un physique pareil, elle serait devenue une star. Les autres acteurs s’en sortent légèrement mieux (sauf le chef mafieux amateur d’Oscar Wilde qui est vraiment pitoyable), pour une série B. Et pour le reste, un noir tout ce qu’il y a d’anodin. Un faux coupable idéal, tellement parfait qu’on préfère l’oublier à toute vitesse derrière les barreaux. Une sœur forcément dévouée au petit chef de famille capable de défier les malfrats et leurs méchantes balles. Et des flics, au début, à côté de leur plaque. On se demande comment un cerveau ayant imaginé un coup aussi bien ficelé arrive à être si peu précautionneux au point d’apparaître très vite comme un coupable de substitution idéal, mais ça, c’est le code Hays, il faut toujours que les criminels soient trahis par leur bêtise, et… soient méchamment exécutés à la fin (la justice, c’est pour les cols blancs ou les innocents, pas les criminels ; eux, la morale exige qu’ils soient malencontreusement assassinés par le gentil flic de l’histoire : refus d’obtempérer, dirait-on de nos jours). Il y a une idylle en plus de l’enquête criminelle, on s’en serait douté. Voilà, rien de fabuleux. On enchaînait les films noirs à l’époque, on « broyait du noir », et celui-ci n’est ni le plus mauvais ni le meilleur du lot. Circulez.

Les Furies (1950)

Jolie production comparée à La Porte du diable sorti la même année. J’aurais toujours un petit faible pour les intérieurs composés avec des éléments denses remplissant l’espace. La photo est magnifique quand bien même on aurait pu se passer des nuits américaines. Le casting surtout est au poil : Barbara Stanwyck, Wendell Corey, Walter Huston et Judith Anderson. Wendell Corey, sans doute plus habitué aux personnages dangereux, excelle dans sa partition (pas de cils, yeux clairs, grand front, pas sûr que ça aide à l’écran). Tout pourrait être parfait, sauf que les histoires d’ambition et de lutte de pouvoir familiale, les guerres de territoires, cela ne m’a jamais bien transcendé. Au final, tous les personnages sont antipathiques ; on frôle peut-être la satire, mais j’avoue qu’il manque un petit quelque chose capable de m’enthousiasmer… Au mieux, on peut y voir une critique de la propriété privée (avec un sujet qui court également dans La Porte du diable, voire dans Winchester 73, celui de l’appropriation des terres par des Blancs).

La Porte du diable (1950)

Deuxième western pour Tony juste après Winchester 73. Une fois n’est pas coutume : louons le travail du scénariste (Guy Trosper) pour cette histoire pleine d’humanité qui met l’Amérique face à ses démons (le génocide des autochtones amérindiens). Pour le reste, ce n’est guère brillant. Je me rappelle une forme assez classique dans Winchester 73 ; or ici, à mon goût, Mann s’amuse un peu trop avec la profondeur de champ comme il avait pu le faire, de mémoire, dans certaines séquences d’Incident à la frontière. Ce ne serait pas aussi pénible si sa direction d’acteurs était parfaite, mais c’est loin d’être le cas. Robert Taylor (si on accepte d’omettre l’idée qu’il n’a rien d’un Amérindien) est trop vieux pour le rôle. L’acteur a surtout l’air complètement perdu dans certaines séquences, ce qui laisserait penser que Mann ne l’a pas suffisamment dirigé en lui rappelant le sens ou le style qu’il voulait donner à la situation. On le voit ainsi reproduire des attitudes qui ne correspondent parfois pas totalement à la situation, et comme on sent encore qu’il s’agit d’un acteur de la vieille école, on peine à y croire. C’est même peut-être pourquoi je n’ai jamais apprécié les westerns de Mann : bien qu’il s’amuse ici quelques fois trop avec la profondeur de champ, sa mise en place générale d’un classicisme rigide et ennuyeux n’a rien de suffisamment transcendant pour en faire des chefs-d’œuvre. Qu’il fasse des films noirs ou des films de guerre, Mann donnera toujours l’impression d’être perdu dans les années 40.