Pier Paolo Pasolini

Pier Paolo Pasolini

crédit Pier Paolo Pasolini

Classement : 

10/10

9/10

  • L’Évangile selon saint Matthieu (1964)

8/10

7/10

6/10

  • Théorème (1968)
  • Salo ou les 120 Journées de Sodome (1975)
  • Mamma Roma (1962)
  • Accatone (1961)

5/10

  • Les Mille et Une Nuits (1974)
  • Les Contes de Canterbury (1972)
  • Des oiseaux, petits et gros (1966)

4/10

  • Carnet de notes pour une Orestie africaine (1970) 

Article divers :


Simples notes :

Carnet de notes pour une Orestie africaine (1970)

Pasolini rend en images ce qui très généralement n’est jamais rendu public : les notes d’intention d’un film. Au-delà de l’exercice de transparence qui pourrait s’assimiler à une forme archaïque et chaotique de making of, ces notes d’intentions filmées révèlent surtout tout le malentendu qui flotte comme un brouillard que personne ne veut voir entre les auteurs et ceux qui sont amenés à commenter leur travail. Ce film existerait, chacun y irait de son interprétation parce que de ces intentions premières, il n’en resterait plus grand-chose dans le film. Les notes ont au moins le mérite d’être claires : désireux de s’aventurer dans une quête un peu vaine d’émancipation à la modernité, le cinéaste italien s’essaie à un rapprochement hasardeux entre le monde de la Grèce antique et le monde africain, y voyant, forcément, une même forme d’authenticité encore préservée du capitalisme. Mais presque intuitif, ce rapprochement révèle surtout les maladresses de l’étranger venant dans un pays avec ses préjugés et cherchant à les consolider en les mettant à l’épreuve des habitants. Le résultat, pour un œil contemporain habitué à se méfier de ces facilités culturelles, ressemble plus au comportement d’un amant éconduit venant chercher chez d’autres femmes choisies pour leur vague ressemblance avec cette ancienne conquête perdue en leur expliquant comment se comporter pour se conformer à l’image de son fantôme. Voir de la Grèce antique partout en Afrique, c’est le meilleur moyen d’invisibiliser l’Afrique, ne pas la voir, lui refuser le droit d’exister. La rencontre organisée par le cinéaste avec quelques étudiants parlant sa langue illustre cette déconnexion entre les attentes d’un homme bercé d’illusions antiques et une population semblant agiter leurs mains devant ses yeux pour lui faire comprendre qu’il divague et qu’il serait temps qu’il les regarde enfin. Une Orestie africaine ? Et pourquoi pas un récit authentiquement africain ?

Quelques années auparavant, Pasolini avait réalisé son chef-d’œuvre : L’Évangile selon saint Matthieu. Si le rapprochement de la vie du Christ dans le sud de l’Italie avait un sens, c’est que depuis deux mille ans, l’Europe nourrit sa population d’une appropriation du récit et de l’imaginaire chrétien.