Jia Zhangke

Jia Zhangke

Classement : 

10/10

9/10

8/10

  • Xiao Wu, artisan pickpocket (1997)
  • The World (2005)
  • A Touch of Sin (2013)
  • 24 City (2008)

7/10

  • Still Life (2006)
  • Plaisirs inconnus (2002)
  • I Wish I Knew : Histoires de Shangai (2010)
  • Les Éternels (2018)

6/10

  • Platform (2000)

5/10

  • Au-delà des montagnes (2015)

4/10

3/10

  • In Public (2001)

Films commentés (articles) :

Commentaires simples
Les Éternels (2018)

J’ai cru revoir des plans et des séquences de ses précédents films, je dois être fou (les séquences dansées, celles tournées dans la région des Trois-Gorges avec notamment un plan cadré quasi indique que j’ai capturé dans mon commentaire de Still Life, mais cette fois sur un bateau avec Zhao Tao). C’est pire que Woody Allen, Jia-Jia radote, et c’est pourtant toujours aussi hypnotique.

La traversée (ici du temps) à travers différentes époques récentes de « l’éveil de la Chine », c’est une autre forme de violence sociale que le réalisateur est habitué à exposer dans ses films. La société chinoise évolue à un train d’enfer, et une majorité de Chinois restent encore sur le quai : rien n’a changé chez les petits parrains de la pègre, sinon qu’au lieu d’être redevables d’un « grand frère », ils le sont de leur smartphone. Xi Jinping is watching you.

24 City (2008)

Bel hommage aux anciens de la classe populaire ayant façonné dans l’ombre la Chine d’aujourd’hui. Savoir écouter est aussi un art. Difficile de savoir en revanche jusqu’à quel point Jia rajoute de la fiction dans ces histoires personnelles. S’il ne fait aucun doute que la plupart sont réelles, l’utilisation soudain de deux actrices (voire plus) professionnelles pour réciter, jouer, des récits de vie, laisse assez songeur. Dans ce petit jeu qui s’apparente presque à l’exercice de style à la Une sale histoire, Jia Zhangke a recours à sa femme, mais aussi à une actrice populaire chinoise, et le cinéaste pousse le vice jusqu’à lui faire évoquer son propre nom et un film dans lequel elle a joué (mise en abyme plutôt étrange, mais encore une fois, l’intérêt serait de savoir si le texte initial est fictif ou bien tiré d’un témoignage réel ; Jia aurait alors eu juste l’idée de proposer à l’actrice évoquée dans le témoignage, et évoquant la ressemblance de son auteure avec l’actrice…). Mais en dehors de ces réserves, le film est magnifique, traitant d’un monde en train de disparaître au profit d’un autre.

The World (2005)

La technique d’écriture de Jia me fascine toujours autant. Cette manière d’égrainer des indices dans son récit pour les laisser pousser dans l’ombre et venir les cueillir un peu plus tard, c’est d’une beauté… Ça permet également pas mal de jouer sur la contradiction des événements ou de l’absurdité de certains destins qui prennent forme sous nos yeux : opposition entre un couple qui n’arrête pas de se chamailler pour de mauvaises raisons (stéréotype du gars lourd avec sa nana ; et de la nana serviable à merci qui malgré ses plaintes se laissent traiter comme un objet) et un autre qui donne l’assurance d’un couple uni avec des bisbilles sans conséquences, et cela même alors que le mec fait ce que le mec de l’autre couple suspecte ce que sa nana fait…, à savoir, en voir un autre. C’est d’ailleurs assez juste au niveau de la description des couples : il y en a toujours un qui pense qu’il peut trouver mieux ailleurs et qui ne se prive pas de laisser ses chances venir à lui… Le rapport des femmes de la revue du parc d’attraction avec les hommes d’influence est tout aussi juste : Jia dénonce la corruption facile de certaine filles qui regretteront vite leurs écarts, et la pourriture des mâles profitant de leur position de domination sur des employées précaires (l’épisode du manager russe récupérant les passeports de “ses” danseuses fait aussi froid dans le dos). Et puis quelques moments de grâce, quand Jia décrit une amitié trans-nationale entre deux danseuses ne parlant pas la même langue, mais partageant bien plus que des mots, une écoute, un respect. Même quand il décrit les petits malfrats, Jia a un œil bienveillant voire protecteur sur ces pauvres types venant de la campagne souvent mal adaptés à une société de surconsommation dans laquelle tout est à portée de main (comme les monuments dans le parc). L’œuvre d’un humaniste philanthrope, mais aussi clairvoyant. Une réalité sombre, brutale, à laquelle chacun tente à son échelle d’échapper.

I Wish I Knew : Histoires de Shanghai (2010)

Jia est un homme amoureux. Il réaliserait un documentaire sur le poulpe des abysses qu’il trouverait moyen d’y faire tourner sa femme chérie. Éclairant sur l’histoire de Shanghai depuis l’ouverture du commerce aux Européens au XIXᵉ siècle et les premières concessions, jusqu’aux guerres du XXᵉ qui ont écartelé la Chine et les Chinois.

Ça sent la commande (j’ai l’impression que beaucoup des œuvres des Jia ont été financées en partie grâce à des boîtes de production situées à Shanghai), mais Jia en fait quelque chose de vraiment passionnant et d’en tout cas assez instructif pour un Européen comme moi ayant une culture assez limitée de la Chine. Jolie mise en scène entre les séquences d’interviews (l’usage du ralenti et de la musique, notamment). Avec en prime la présence de l’actrice et ses quelques secrets de tournage du Printemps d’une petite ville (1948).


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