Extrapolations, Scott Z. Burns (2023)

Techno-confusionnisme

Note : 2 sur 5.

Extrapolations

Année : 2023

Réalisation : Scott Z. Burns

Avec : Kit Harington, Sienna Miller, Daveed Diggs, Tahar Rahim, Diane Lane, Edward Norton, Marion Cotillard, Meryl Streep

C’est beau le confusionnisme. L’idée de départ part d’une bonne intention : proposer une série d’anticipation sous l’angle environnemental. Chaque épisode concerne une époque précise de la seconde moitié du siècle, et le générique y égraine quelques variables climatiques et environnementales qui annoncent la couleur pour ce qui est des intentions de la série. On y retrouve quelques personnages récurrents dont Mister Capitalisme vaillant représentant des aspirations écocidaires de l’humanité et détenteur opportun de l’antidote à la fin du monde.

De belles intentions qui feront plouf dès que les épisodes accumuleront les faux pas. Quand on traite un sujet, la moindre des choses est d’abord de bien en cerner les enjeux : l’évolution du monde au cours de ce siècle (une extrapolation, comme le titre l’indique) suivra inexorablement les prévisions annoncées par les scientifiques, comment la société s’adaptera-t-elle face à la transformation de son environnement et quelles solutions proposera-t-elle face à ce problème ? C’est bien d’écouter les scientifiques pour le constat, ce serait mieux d’en faire de même concernant l’adaptation et la solution : la série ne fait jamais que mettre en scène la technologie pour répondre à ces défis alors même que les scientifiques disent qu’il faudrait oublier cette voie-là justement parce qu’elle vient en contradiction avec la première des mesures qu’on se refuse à prendre, celle de la sobriété.

À partir de cet angle trompeur, en creux, la série illustre l’idée que si la planète se réchauffe, si nous ne faisons rien, c’est à cause des politiciens véreux, des populations lobotomisées et des entreprises cupides. Bravo, il y a un peu de tout ça, c’est vrai seulement, c’est pour nous dire que la solution (technologique) existe, et que c’est un peu une faute collective si on ne l’adopte pas. Quelques images furtives illustrent ce problème : à l’adaptation face à la montée des eaux, on construit de gigantesques digues (on peut le concevoir dans une série comme The Expanse, pas dans une autre qui se veut attachée à la science), pour répondre au manque d’eau dans certains territoires, on fait confiance à un désalinisateur d’eau inventé par la société Alpha de Mister Capitalisme (avec quelle énergie ?), et pour remplacer les transports polluants, on adopte des véhicules électriques miracles (avec quelle énergie ? avec des éoliennes ?). Seul l’épisode tourné en Inde propose une solution adaptative qui n’est pas liée à la technologie ou à un miracle énergétique : les populations sont invitées à vivre la nuit et à dormir le jour.

Il y a un côté « effet Tueurs nés » dans cette démarche, ce n’est pas en mettant en scène ce qu’on dénonce qu’on le combat efficacement. Le Tarantino de Tueurs nés, comme la SF en général, propose des images sans poser un regard critique sur elles. C’est d’ailleurs souvent la force de l’anticipation : ne pas avoir besoin de forcer un angle critique, car il suffit d’illustrer les conséquences sur le monde d’une « avancée » technologique pour susciter une réaction chez le spectateur. La série ici, comme Oliver Stone chargé de traduire l’esprit de Tarantino à l’écran, s’essaie à la satire, sauf qu’aucune satire ne peut être convaincante quand elle invisibilise une solution connue au profit d’une autre qui n’est qu’un mirage. Difficile d’adhérer à une telle démarche quand on est, en plus, à la fois juge et partie.

Difficile ainsi de passer le fait que la série est distribuée par Apple TV. D’un côté, la série écorne les magnats à la Job/Musk/Bezos (ce qui rappelle une autre tentative Don’t Look Up), d’un autre, elle va dans leur sens parce qu’elle illustre et prétend que la technologie finira par trouver une solution au réchauffement climatique. Le problème ne serait pas le réchauffement climatique, mais les solutions dont pourrait disposer la planète et que certains pourraient chercher à vouloir monnayer. Il fallait bien instiller un peu de complotisme pour expliquer pourquoi les sociétés humaines étaient incapables de répondre au défi auquel elles doivent faire face…

Il est là le confusionnisme. Partager un constat scientifique sur un problème qui ne cessera de s’amplifier à mesure qu’on refusera d’y faire face, mais au lieu de suivre les recommandations de la science pour atténuer les effets de la catastrophe à venir, suggérer à la fois que la technologie a réponse à tout, mais aussi que si cette solution technologique n’émerge pas, c’est à cause des sociétés intrinsèquement formatées à rejeter les initiatives géniales. On nage en pleine rhétorique complotiste, je suis même étonné qu’on n’en ait pas évoqué Galilée ou Einstein pour justifier la logique de l’inventeur de génie brimé par la société. On y trouve même certains relents randiens quand Mister Capitalisme, à la manière de l’architecte dans Le Rebelle, plaide sa cause lors de son procès. D’une certaine manière, on peut voir le geste de Mister Capitalisme cachant au monde la technologie capable de supprimer le carbone dans l’atmosphère comme un acte de résistance faisant écho à la grève des élites dans La Grève d’Ayn Rand. Pas sûr que les scientifiques adhèrent à ce passe-passe idéologique. Apple a la solution face au réchauffement climatique : faites confiance au génie technologique dont nous sommes les détenteurs.

Allez vous faire foutre.

Le techno-solutionnisme est un mirage. Un épisode central en deux volets poussait pourtant à nous laisser penser que la série prenait ce sujet sous le bon angle avant que le second épisode prenne un tournant totalement inattendu en parlant de tout autre chose : une John Galt au féminin s’élançait dans les airs avec l’idée de bombarder la planète d’un produit chimique qui limiterait le rayonnement sur Terre. La géo-ingénierie, c’est niet, le techno-solutionnisme, c’est oui (on n’est pas sur BASF TV).

Après ces deux épisodes étranges, la série poursuit sur une vague confusionniste avec deux épisodes, presque hors sujet, qui sont paradoxalement les meilleurs de la série. On semble alors s’être perdus au milieu de deux épisodes remâchés de Black Mirror ; le réchauffement climatique semble un peu loin.

Avant ça, dès les premiers épisodes, la série surfe sur une logique high-tech tout à fait profitable à l’imaginaire que cherche à développement Apple et préparait le terrain pour la question du techno-solutionnisme arrivant plus tard (ce n’est pas un procès d’intention qu’imaginer que le but d’une entreprise, c’est de vendre ses produits). On se déplace tranquilou en hélicoptère électrique pour aller au boulot à l’autre bout de la planète, on a des écrans partout, des implants pour communiquer, on papote même avec la dernière baleine parce que la technologie a résolu la question de la communication interespèces, on papote avec des IA, le futur comme on en rêve, en tout cas, le futur tel que Apple se résignera à nous offrir parce que c’est le futur qu’on lui demande (c’est beau, ce sens du service). Autrement dit, Apple est en train de nous dire : « le monde va s’écrouler, mais ce n’est pas grave, car la technologie sera toujours là pour vous accompagner et répondre à vos besoins ».

D’accord, mais avec quelle énergie, tocards ?

Je vais faire ma Greta en répétant ce que dit la science, encore et encore. L’enjeu, c’est la sobriété. La géo-ingénierie, ça commence par cesser les émissions à effet de serre. Les émissions, c’est de l’énergie consommée, donc le problème, c’est bien notre consommation d’énergie et notre surconsommation tout court. Vous prétendez disposer d’une solution énergétique miracle ? Très bien, faites-en la preuve, mais d’abord, arrêtons les énergies fossiles. Et ça, ça ne peut se faire sans sobriété. Parce qu’aucune énergie n’est aussi puissante et facile à mettre en œuvre que les énergies fossiles. La sobriété, tocards, vous en parlez quand ?

La science pose un problème sur la table, dit que la première solution pour y remédier c’est la sobriété ; les technologistes arrivent et disent : « on a la solution, on va consommer encore plus grâce à ce nouveau machin ». L’arnaque : on ne parle pas du réchauffement de la planète sans parler de sobriété ou de décroissance. La planète a des limites, le monde qu’on cherche à préserver dans la série alors qu’on imagine autour de lui s’effondrer se fait encore en hypothéquant toujours plus les parcelles de vie et d’habitabilité du monde réel. La série donne l’impression en fait de chercher à se centrer sur des individus adoptant un mode de vie que l’on sait aujourd’hui insoutenable et ne jamais chercher à décrire ce qui se passe à l’extérieur de ce monde préservé : ce mode de vie prisé et mis à l’honneur encore dans la série ne peut plus être, au fil des décennies, un mode de vie adopté par le plus grand nombre, mais celui, au contraire, d’un petit nombre de privilégiés, ceux que l’on voit dans la série.

Bref, faire une série sur les conséquences et les enjeux du réchauffement climatique et parler du techno-solutionnisme plutôt que la sobriété, c’est tout de même un contresens phénoménal et une véritable faute de goût, voire une imposture politique. Comme on le dit si bien, la série, « elle dessert la cause qu’elle prétend défendre ».

Pas étonnant alors de trouver Marion Cotillard déguisée dans ce grand bal des hypocrites. Pourtant (ô ironie), elle a hérité peut-être du meilleur épisode. Elle est bien entourée d’ailleurs, signe que la qualité du script a été suffisante à réunir quelques stars plus que l’idée de participer à une série militante (sic). Contrairement à tous les autres épisodes, on traite le sujet en faisant un pas de côté, et on s’enferme chez soi un soir de réveillon. Dehors, c’est un peu la fin du monde (enfin une image crédible du futur), chacun semble avoir déserté la ville (pour les cimetières sans doute) ou plus probablement les rues littéralement irrespirables : la population, si elle existe, se cloître chez elle. L’épisode décrit bien une certaine problématique à se sentir piégé : faire semblant de ne rien voir du monde qui s’écroule autour de soi ou rejoindre un programme de lobotomisation où telles des graines préservées en Arctique, on vous endort pour échapper au monde réel. Grâce au huis clos, clairement ici, on réussit l’approche de la satire. Illustrer un problème en faisant mine de parler d’autre chose. La soirée ne met pas longtemps à dérailler et ça se transforme presque en vaudeville apocalyptique. Sur certains sujets, il n’y a que l’humour et la mise à distance qui marche. Le réchauffement climatique est sans doute de ceux-là. Le techno-solutionnisme, il aurait mieux valu en rire, hein. Cet épisode restera sans doute comme le plus fidèle à décrire un monde qui s’effondre et disparaît, à l’image de l’orchestre du Titanic. Comparé aux autres, il aura sans doute coûté par un rond. La sobriété…


Extrapolations, Scott Z. Burns 2023 | Apple, Media Res


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Innocence, Lucile Hadzihalilovic (2004)

Pique-nique en uniforme

Note : 2.5 sur 5.

Innocence

Année : 2004

Réalisation : Lucile Hadzihalilovic

Avec : Zoé Auclair, Lea Bridarolli, Bérangère Haubruge, Marion Cotillard

Tellement grossier, jouant sur des clichés, ça a vite fini par me gonfler.

C’est adapté d’une nouvelle du type qui semble avoir été très apprécié des tenants de la psychanalyse, avec son Éveil du printemps. Je n’ai cessé de penser à d’autres films pendant la projection qui justement à travers des thèmes mystico-psychologiques pouvaient rester fascinants pour des spectateurs comme moi : Pique-nique à Hanging Rock (un peu sur le même sujet, la découverte ou la transformation du corps féminin, la perte de l’innocence, etc.) et Le Plongeon. Ce dernier propose, de ce que j’ai compris, parfois des interprétations à la fois mythologiques et psychologiques (voire psychanalytiques), mais on peut tout autant le voir comme un film absurde à la En attendant Godot, autrement dit « pourquoi on attend Godot » (l’interprétation, la finalité, le pourquoi), on s’en tape, ce qui compte, c’est la manière, le chemin, ce qu’il y a entre les lignes (donc dans Le Plongeon, si certains s’évertuent à expliquer la symbolique derrière le fait de rentrer chez soi en utilisant une piscine puis une autre et encore une autre), et donc les différentes rencontres que le personnage fait, la cohérence… psychologique non forcée (permettant de ne pas souligner ce que certains iraient bien vite interpréter, donc en ne faisant que suggérer certains états, en restant dans le flou).

C’est tout ce que la réalisatrice est incapable de faire. Mais moi je m’attache principalement à ça parce que ce que j’ai cru comprendre du “discours” derrière, ça m’a semblé grossier, surligné, rempli de trop d’évidences, dans le seul but d’enfoncer toujours des portes ouvertes. Ça se présente un peu comme un thriller (le côté rigide des maisons de jeunes filles, mais ici avec le côté shyamalanesque du Village perdu dans les bois, isolé de tous) et ça en devient franchement énervant de voir tout le film depuis la première séquence et de ne jamais voir une seule séquence s’écarter du chemin attendu. Il y a certes un petit côté circulaire (prévisible donc) assumé, mais l’évidence de la trajectoire tue un peu le plaisir (alors que dans le Plongeon encore une fois, l’intérêt est sans cesse réanimé par des rencontres).

Pour un film jouant sur le mystère, l’absence presque totale de musique paraît un peu étrange… C’est une sorte de conte (sinon ce ne serait pas aussi grossier), mais traité de manière naturaliste. Pourquoi pas, ce n’est pas d’ailleurs le pire dans le film, mais la maîtrise est tellement hasardeuse et le script tellement vilain que ça lasse, et que tout le crédit qu’on avait envie de lui laisser au début du film, pffit, s’effrite très vite.

Amusant, le film fonctionne un peu de la même manière que Jeunes Filles en uniforme, avec une représentation finale… (Quand on s’ennuie, on n’en est réduit parfois à tracer des raccourcis vers nos vieux sentiers préférés.)


Innocence, Lucile Hadzihalilovic 2004 | Ex Nihilo, Ateliers de Baere, Blue Light


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Le film de Dolan (2016)

Juste n’importe quoi

Juste la fin du mondejuste-la-fin-du-mondeAnnée : 2016

Vu le : 11 octobre 2016

IMDb  iCM 3/10

 

Réalisation :

 

Xavier Dolan

Avec :

Nathalie Baye
Vincent Cassel
Marion Cotillard

Dolan est un génie de la médiocrité (ce terme me paraît même un peu fade, ça fait bizarre de l’avouer). C’était pas assez d’écrire ses propres films et d’en tirer ce qu’il y a sans doute de pire dans le cinéma actuellement, il a donc le génie de faire pire encore avec une idée, forcément… de génie : adapter une pièce de théâtre.

Il lui reste quoi à faire pour tomber encore plus bas et nous faire marrer d’autant de bêtise et de mauvais goût ? Quelle créativité du pire, c’est un véritable miracle de la culture poubelle ce garçon.

Comble du mauvais goût et preuve si c’était encore nécessaire de prouver que le garçon est un directeur d’acteurs d’opérette, il arrive à rendre Nathalie Baye… nulle, à vomir, écœurante. Et je l’adore Nathalie, elle était, elle, parfaite dans le précédent (ou un autre, me rappelle plus). Ne rien comprendre à la direction d’acteurs et mettre en scène, au cinéma, des dialogues de théâtre (une horreur aussi), faut quand même un culot énorme.

En général, quand on est nul à ce point (et j’en ai vu des gratinés, seulement, ils n’avaient pas une caméra), on se cache, on a honte. Lui en rajoute. C’est peut-être ça d’ailleurs le génie. L’outrance dans la médiocrité. C’est tellement gros que ça ne peut être qu’un malentendu. Il le fait exprès. C’est un génie, un vrai, se faisant passer pour un crétin fini… Mais non, je pense vraiment qu’il ne faut qu’un crétin fini pour pondre ces horreurs. De là à comprendre ce qu’il passe par la tête de ceux qui apprécient ça, je suis tolérant, là j’ai mal à ma tolérance. On travaille toute sa vie pour essayer de sauver ce qui végète dans la médiocrité, on cherche des excuses, on se fait l’avocat du diable, on essaie d’adopter un point de vue différent… Mais face à autant d’horreur, de vulgarité, de mauvais goût, d’absence totale de subtilité, d’excès sans fin, on en vient presque à douter de sa foi. Quelle souffrance. Indescriptible.

Les seules horreurs qui me reviennent en mémoire et qui peuvent rivaliser avec cette vulgarité, c’est d’un côté Loft Story. De l’autre, les films de Poiré. Poiré pensait que pour que ce soit drôle, il fallait interdire le spectateur de réfléchir, ainsi il ne lui laissait aucun répit et ce qu’il pensait être le “rythme” était insupportable car aller à toute berzingue, c’est le contraire du rythme. Parce que le rythme, c’est la nuance, le mesure, l’accélération, le ralentissement, la pause (si nécessaire à la comédie…). Eh ben Dolan possède le même non-savoir-faire : tout son film est sur un climax permanent. Il faut que tout soit “émouvant”, excessif, et quand tout l’est, rien ne peut plus l’être. Quand on est déjà au sommet que reste-t-il à atteindre ? Il y a une notion dans l’art qui doit bien lui être inconnu à ce petit bonhomme de rien du tout : le médium. Ça vaut pour les chanteurs et pour les acteurs, mais ça vaut un peu aussi pour le reste. Le médium permet de ne pas forcer (donc de crisper le spectateur) et surtout permet de descendre ou de monter. Le plaisir naît à la fois du confort, de l’aisance de celui qui « l’ouvre », mais aussi de cet inconnu mélodique : va-t-on descendre ou monter. Dolan ne descend ni ne monte, il adopte une posture, et demande aux autres de lui tourner autour, de le soulever.

Moi je le mets directement à la cave. Ce mec est une poire. Qu’on le foute au fond d’une bouteille et des extraterrestres dans deux siècles y trouveront là certainement de quoi s’émouvoir. Cul sec.


Inception, Christopher Nolan (2010)

Rêvinterion

Inception

Note : 3 sur 5.

Année : 2010

Réalisation : Christopher Nolan

Avec : Leonardo DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Page

Je sors de mes vieux films pour aller au cinéma et voir ce film. Il a fallu que ce soit un gros morceau pour que j’en entende parler, parce que je ne suis plus du tout l’actualité du cinéma depuis un bon moment. J’y suis donc allé sans savoir de quoi il s’agissait. Je savais juste qu’il y avait DiCaprio et que c’était réalisé par Christopher Nolan (ça, je l’ai compris au début du film, et je ne suis pas très fan de Nolan…). Je suis sorti du film assez assommé et surtout avec un gros mal de crâne (je n’en veux pas au film, mais il m’a bien rendu malade). Sur le coup, je n’ai éprouvé aucun plaisir à suivre le film, même si on ne voit pas le temps passer. Donc une fois sortie, impossible de dire si j’avais aimé ou pas, j’avais reçu une claque dans la gueule. À la différence des autres spectateurs, pour qui la claque était sans doute une chose positive, moi ça m’a fichu KO. Et je n’aime pas ça.

Ce film me laisse à peu de chose près la même impression, le même goût désagréable, que ses films précédents. De Batman en particulier. En relisant ma note sur ce film, je vois que je n’avais pas aimé le film parce qu’il manquait cruellement de poésie et d’humour (voire d’ironie). Aussi, la structure du film, une espèce de nœud informe sans début, ni milieu, ni fin, avec un montage trop serré, trop dense. Et je retrouve tout ça dans ce film. Et il faut croire que je suis le seul, parce que déjà pour le Batman, je notais ma surprise de voir critiques et spectateurs s’accorder pour dire que le film était génial…

C’est peut-être parce que je suis habitué aux structures propres, une maille à l’endroit, une maille à l’envers, des films des années 50. À l’époque la dramaturgie était directement inspirée des romans ou du théâtre. Là, avec Nolan, je suis totalement perdu. Il reprend bien des codes de narration utilisés comme une scène d’intro qui fait vite rentrer le spectateur dans le vif du sujet. Pour le reste, comme Batman, pour moi, ça ne respecte rien. Mon pote en sortant m’a soufflé que c’était brillant, que la dramaturgie était incroyable. Brillant, ça oui c’est brillant, trop même, mais aucun rapport selon moi avec la dramaturgie. Emboîter des événements les uns dans les autres, trouver des astuces, trifouiller à l’infini un sujet en le complexifiant toujours plus et sans finalité, juste pour la frime, pour moi, ce n’est pas signe de qualité dramaturgique. Au mieux, c’est un travail d’architecte qui essaye de tout mettre à niveau, fermer les angles, etc. La meilleure des dramaturgies, c’est celle qui arrive à rendre simples les choses compliquées, qui rend accessible une histoire, qui donne du plaisir et de l’intérêt au spectateur, tout cela en respectant certains codes, qui ne sont pas là pour faire beau ou pour respecter une tradition, mais juste parce que ce sont des procédés utilisés depuis des millénaires et qu’ils sont les meilleurs pour raconter une histoire.

Si on prend la scène de présentation par exemple, c’est intéressant, on rentre directement dans le sujet du film, on est interloqué, on se demande dans quel environnement on se trouve, on doit comprendre avec les rares indices qu’il nous laisse, et c’est plutôt un plaisir — jusque-là. Sauf que la scène est trois fois trop longue ! Une présentation doit montrer les choses assez sommairement, parce que si elle met en scène le sujet du film, introduit un contexte, une ambiance, ce n’est pas le sujet du film. Une demi-heure rien que pour présenter le phénomène de l’intérieur, c’est un peu long, d’autant plus qu’on y reviendra pendant tout le reste du film. Par la suite, le personnage de DiCaprio réexpliquera le phénomène des rêves emboîtés et le principe de vol d’information (voire d’introduction d’idées chez une cible) à Ellen Page qu’il vient de recruter… encore avec des effets visuels, qui en remettent encore et encore une couche alors qu’on n’est pas encore rentré dans le vif du sujet du film. Bref, que du hors sujet, des répétitions, des fausses pistes…, et tout de même pas mal d’invraisemblances que j’ai eu du mal à accepter.

Pendant toute cette longue séquence d’introduction, le personnage de Ken Watanabe est la cible du voleur de secret qu’interprète DiCaprio (une sorte de mix improbable entre Freddy et Arsène Lupin). À ce moment, en terme dramaturgique, on dit que Watanabe est l’opposant. D’accord… DiCaprio échoue dans sa mission, on apprend que ceux qui l’ont engagé ne vont pas l’accepter et vont le supprimer (même pas le temps d’expliquer pour qui il travaille, dans quelles conditions, pourquoi… ça arrange le scénariste même si ça paraît peu crédible), c’est donc là que tout naturellement, Watanabe lui propose de travailler pour lui… Mais bien sûr, comme c’est pratique ! Il a justement une mission sous le coude à ce moment-là, de la plus haute importance… Invraisemblable.

Remarque, Nolan dit que le film n’est qu’un rêve, donc que ça n’aurait aucun sens de chercher des vraisemblances dans sa structure… comme c’est pratique. « Bien sûr, si mon film est tout pourri, si je n’ai pas jugé utile de remédier aux faiblesses du scénario, c’est parce que ce n’est qu’un rêve et les rêves sont imparfaits, pas vraisemblables. » Oui, moi j’appelle ça une perte de crédibilité. Le rêve est un contexte pas un film, sinon on demanderait aux fantômes qui s’adressent à Richard III de s’adresser directement à l’acteur en rêve et de se contenter de se bouger en faisant des « hou, hou ». L’art de la dramaturgie, c’est de faire passer un message, une histoire, pas de coller à la réalité ou au rêve. Et pour faire passer un message, il faut tout mettre en œuvre pour que le spectateur reçoive au mieux les informations qu’on lui donne et surtout qu’il y croit. C’est tout le problème de la vraisemblance soulevé par Aristote ou d’autres certainement après lui… Il pourrait ensuite me reprocher d’accepter les vraisemblances contenues dans The Man from Earth[1], et pas ici. D’accord, sauf que dans ce film, le problème est posé tout de suite et qu’il est simple : est-ce qu’il ment ou pas, tout le reste est un jeu. Alors on peut décider ou non de rentrer dans l’invraisemblance proposée par le film, mais ici avec Inception, on n’a même pas le choix et le « c’est peut-être un rêve » sonne surtout comme une pirouette pour faire tout et n’importe quoi, ce qui est bien la marque de Nolan. Les effets avant le sens.

Un des autres gros défauts dans la dramaturgie du film, à mon sens, c’est son rythme. Même problème que dans Batman. On ne nous laisse jamais respirer. Dans Memento, ce n’était pas tant que ça un problème, parce que le film n’était, en apparence, pas structuré avec des éléments essentiels à chaque scène : les scènes étaient des tranches de vie, on pouvait donc prendre son temps et apprécier le décor (très important ça…, je ne plaisante pas c’est essentiel pour qu’on puisse faire travailler notre imagination), même si on se rend compte finalement que chaque scène possédait des outils pour comprendre la suite (ou le début…). Mais c’était le principe du film, de nous perdre en route, un peu comme Usual Suspects : peu importe si on est plus trop attentif du qui est qui ou de qui a fait quoi pendant le film, c’est de toute façon impossible, l’important, comme dans le Grand Sommeil, n’étant pas de suivre, mais de se laisser pénétrer par l’ambiance, et d’être attentif aux revirements quand ils arrivent, notamment bien sûr au revirement final dans Usual Suspects, qui nous laisse pour des crétins et on en est bien content ! Le mec qui ressort du film en disant « j’avais tout compris ! » est un menteur. Le plaisir, comme d’une certaine manière quand on se fait plaisir en se faisant peur en regardant un film d’horreur, on l’a dans ce genre de film en comprenant qu’on nous a pris pour des idiots. Sauf que Nolan, il nous prend pour des idiots dès le début. Avec lui, c’est clair dès le début : laissez-moi faire mes canevas boiteux et émerveillez-vous devant la splendeur de l’absconcitude incarnée de ma savante complexitude

C’est gonflant ce côté opéra qui ne s’arrête jamais. Jamais d’intro chez Nolan, on entre direct dans le vif du sujet. C’est sans doute voulu, mais moi j’ai horreur de ça. Ça permet de dire qu’on ne dramatise rien, on montre des événements qui se succèdent sans mise en relief, alors que c’est ça le rôle d’un raconteur d’histoires. Et finalement, puisqu’il n’en est pas capable, il laisse la musique faire son boulot. Sauf qu’elle ne s’arrête aussi jamais… C’est le boléro de Ravel non-stop… Poump, poump-poump, poump, tin…, ti… tililililitilili, tilililitili, tilili-li-li-li… Poump, poump-poump…… Si ce côté non-stop est voulu, c’est carrément pour moi une erreur. Je me répète mais le spectateur, il a besoin de respirer. Si tout s’enchaîne à un rythme rapide, sans pause, sans alternance, on finit par s’asphyxier. Là, on attend l’interlude qui va nous permettre de respirer… Même quand il y a juste une musique lente, à peine audible, c’est une musique qui entretient le suspense, la tension, qui dit attention c’est grave, un truc va se passer… Pff ça va quoi…, quand tout est important dans un film, quand il faut faire attention au moindre détail, plus rien ne l’est.

Et puis, moi, je n’aime pas réfléchir pendant un film, ou du moins je n’aime pas qu’on m’impose ce à quoi il faut réfléchir pendant trois heures. Parce que c’est ce que fait le film de Nolan. Il y a tant de choses à comprendre, qu’il faut sans cesse être à l’écoute, être attentif à la moindre explication, sinon on perd une pièce du puzzle et tout s’écroule, on est largué. Or le but contrairement à Usual Suspects ou Memento, n’est pas de nous induire en erreur, nous faire perdre le fil, mais bien de faire appel à toute notre intelligence, notre attention, parce que tout ce qui est dit comporte des informations capitales pour comprendre la suite, le contexte, la genèse des personnages, etc. Sauf qu’autant d’informations en peu de temps, énoncées au milieu d’un flux énorme d’information du même type, souvent en plein milieu d’une scène d’action ou rapidement soufflées par autre chose à l’écran, c’est juste intenable et cela explique mon gros mal de crâne à la sortie de la projection. Alors, soit j’ai une faible capacité à intégrer des données dans un temps très court (c’est fort possible, j’ai jamais aimé le stress d’apprentissage, je préfère renoncer et apprendre plus tard quand on ne me demande plus rien), soit les autres font semblant de comprendre et sont juste émerveillés par l’action sans pose, par l’impression laissée de gros canevas cérébral… Peut-être que d’autres, de la génération MTV, arrivent à tout ingurgiter avec plaisir… Moi, je ne peux pas, j’ai besoin de temps pour intégrer, j’ai besoin de me familiariser avec une nouvelle information en la mettant en scène dans ma tête pour me l’approprier, pour juger des différentes portes de sortie possibles dans l’histoire, pour imaginer les origines de cette idée, me représenter toutes ces idées dans un tout. Ce n’est pas le tout de me dire que dans le rêve, il peut y avoir un autre rêve et de m’expliquer brièvement pourquoi…, il faut que je me fasse à l’idée, dans mon petit esprit lent et avec mon intelligence molle. Bref, j’ai besoin de faire appel à mon imagination, à mon intelligence, en comprenant une information avec son contexte, ses enjeux, ses implications. J’ai besoin d’intégrer des fausses pistes pour les identifier par la suite dans l’histoire si elle se présente, pour me dire « ah, ça non, ce n’est pas possible… » Si on me prémâche tout, si on ne me laisse pas le temps de réfléchir, de penser, de juger de la crédibilité d’une idée, d’imaginer, je ne retiens rien, je n’éprouve aucun plaisir et surtout il y a une sorte de stress qui m’envahit parce que je ne veux rien manquer. C’est présenté de manière trop prosaïque, ça manque de chair, de superflus. Pour reconnaître ce qui est important dans un film, il faut aussi y intégrer un peu de superflus. Pour mettre du rythme dans un film, il faut alterner les rythmes. Si on joue tout au même rythme, on ne perçoit aucun rythme. Là, tout est au même rythme, à la même note… C’est comme un arc qui se tend et qui ne se relâche jamais.

J’ai vu que le film était comparé à Matrix et à Blade Runner (le premier OK, pour les mondes virtuels imbriqués les uns dans les autres, mais pour le second, à part l’univers dickien, je ne vois pas…), mais dans ces deux films, il y a de vrais moments de poésie, où on prend son temps, où on laisse le spectateur se faire sa propre sauce, où le film ne se joue pas seulement devant, mais en nous, avec notre propre imagination. C’est le principe de la catharsis… Comment s’identifier à un mec qu’on ne voit qu’une seconde entre un plan de bagnole qui vient en percuter une autre et un plan de train qui lui fonce dessus ?… Et merci pour le jeu d’acteur… Là encore, peu de place laissée à son imagination à lui. Très peu de temps pour exprimer ce qu’il a envie de passer… C’est simple, les acteurs sont des pantins : ils n’ont pas de sentiments, pas d’expression, pas de motivation, pas de contradictions, pas d’espoir…, tout est dit par l’action. Les personnages sont déterminés par rapport à ce qu’ils représentent dans l’action. Donc aucune place laissée à l’humain, à la subtilité, tout ce qui fait qu’on s’intéresse à un personnage auquel on a envie de s’identifier… On suit le film comme on doit lire un rapport top secret tout juste sorti du coffre secret de la cible, c’est-à-dire pressé par le temps et en ne retenant rien.

Les personnages, on peut en parler. Là encore, on se soucie peu de leur donner du corps. Tout ce qu’on apprend sur le personnage de DiCaprio au fil du film, est toujours d’une importance capitale pour comprendre son cheminement, son rapport avec le rêve, qui est son outil de travail, et donc le sujet du film. On se soucie peu de lui construire une personnalité, un passé, ses motivations (en dehors de retrouver ses enfants). Ainsi, que sait-on au fond de cette technique d’immersion dans les rêves ? On sait qu’il a testé le principe « d’inception » sur sa femme, on sait que la pratique est utilisée dans des sous-sols en Turquie avec des camés du rêve. Mais au final, sur le contexte de son invention, du comment, on ne sait rien. Caine joue le père de DiCaprio et semble s’y connaître sur le sujet, est-il le créateur de cette technique ? On n’en sait rien. Qui sont les entreprises qui font appel à lui et pourquoi… On n’en sait rien. Pourquoi le fait-il ? Pour l’argent pour autre chose ? On n’en sait rien. Les enjeux et les motivations des personnages sont si flous, que quand DiCaprio se lance dans la recherche d’une équipe pour mener à bien sa nouvelle mission (là on a droit à des scènes tout aussi inutiles pompées à Mission impossible…, toujours le prétexte à de nouvelles scènes d’action hors sujet), son père lui présente une étudiante, Ellen Page (très crédible là encore…). Les scènes alors se focalisent sur l’explication de ce qu’est l’inception. Procédé intéressant et souvent efficace : faire entrer un personnage en même temps que le spectateur pour pouvoir expliquer au spectateur un contexte en même temps que le personnage en question. Sauf qu’un personnage ne peut pas avoir que ce rôle. Les personnages ne sont pas des pions qu’on invente aussitôt que la nécessité s’en fait sentir. Une fois créé, un personnage, en fonction de son importance dramatique (et par la suite Nolan lui en donne, parce qu’elle gardera cette place auprès de DiCaprio, celle qui nous sert à nous d’inception pour comprendre l’univers du film) on n’a pas le droit de le laisser tomber ou de l’utiliser uniquement quand l’histoire se retrouve face à une porte close et qu’on choisit un personnage au hasard pour en ouvrir la serrure. Un personnage, il a des motivations propres, une histoire personnelle, de craintes, des buts…, il doit apporter au monde froid et strict de la trame dramatique un peu de folie, d’imprévu, de paradoxe. Là ? Rien. Ellen Page accepte la mission, en simple étudiante. Aucune question éthique, aucune motivation qui expliquerait son acceptation de la mission. « OK Ellen, on va pénétrer dans la tête d’un mec d’une grande société à la demande de son concurrent, pour lui suggérer une idée qui sera profitable à son concurrent. Tu es partante ? » « Et comment ! » On y croit… Effectivement, tu rêves, Christopher… (Encore je suis gentil, il ne lui demande même pas son avis…) Ce qui compte dans une histoire ce n’est pas l’histoire en elle-même, parce que toutes les histoires ont déjà été racontées ; ce qui compte ce sont les personnages, leur vie, leurs imperfections, leurs contradictions, leurs craintes, leurs espoirs, leur évolution. La catharsis agit à travers eux. Sans eux, ce n’est que de l’action brute et autant lire un almanach d’événements se succédant les uns après les autres.

Quand on enlève toutes les scènes d’action, finalement, on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose derrière. Pour reprendre encore en référence Matrix, c’est un peu la différence entre le premier volet de la série, qui raconte une vraie histoire, avec une vraie mise en profondeur progressive dans l’univers, des enjeux qui se dessinent lentement, un apprentissage qui est un peu aussi le nôtre, une montée en puissance jusqu’à un affrontement final (du classique quoi), et les deux autres volets qui ne font plus appel qu’à de l’action brute, une action répondant à une autre, sans intervention des humains, de leurs motivations, de leurs contradictions, de leurs craintes, etc. C’est devenu, creux, sans passion, sans vraisemblance. Exactement comme la plupart des films de Nolan et donc dans celui-ci.

Même sur le plan visuel, il y a des scènes magnifiques comme celle de Paris où Page s’amuse à plier l’horizon ou encore les scènes d’apesanteur. Ce qui manque à Nolan, en tout cas ce qui me gêne, c’est l’absence totale de fantaisie. Tout est prosaïque, réaliste, sérieux… C’est sans doute ce qui avait plu à certains dans son Batman, et ce qui m’avait agacé. Mais il faut reconnaître ensuite que ça limite pas mal l’invention, et les folies visuelles. On a du mal à croire qu’on est dans des rêves la plupart du temps dans le film. On croirait plutôt à un monde recréé. D’ailleurs, DiCaprio fait appel à des « architectes » qui doivent reproduire jusqu’à la texture des matières… Bah, oui mais dans un rêve, on s’en fout de la texture des choses. Surtout, on n’a pas besoin que tout soit parfaitement reproduit pour y croire, vu qu’on ne sait pas qu’on est dans un rêve et que le ciel pourrait nous apparaître jaune que ce serait normal, du moins que ça ne nous empêcherait pas de continuer à rêver… « Ah merde j’ai rêvé d’une moquette en polyester alors que dans la vie elle est en laine… » Bah et alors, c’est un rêve, le mec n’aura jamais ce genre de réaction. Dans un rêve, tout est décousu, les décors, comme les idées, rien ne ressemble à la réalité. Et même quand on voudrait faire croire à une cible qu’elle est toujours dans la réalité…, elle ne s’en soucierait pas puisqu’elle est dans un rêve, et quand on y est, on est prisonnier de sa réalité. Reproduire les bizarreries des rêves, voilà qui aurait été intéressant plastiquement, esthétiquement. Changer de lieu sans que cela n’affecte la raison des personnages ; des personnages qui changent sans raison, etc. Le problème il est là. Dans un rêve, on n’a jamais son libre arbitre, on est passif et esclave de son subconscient. Nolan, lui, rend tout ça rationnel, fabrique un univers onirique qui n’est ni plus ni moins que la réalité virtuelle de Matrix. Pas assez poète pour comprendre ça le Nolan, pas assez surréaliste. Un puzzle baroque qui ne représente rien du tout et ou toutes les pièces pourraient être interchangeables…

Pour ce qui est des acteurs, je ne suis pas très fan de DiCaprio, éternel adolescent pour moi (donc peu crédible dans un rôle comme celui-ci)…, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à revoir Ellen Page. C’est peut-être le seul élément qui apporte par sa présence un peu de nuance au film. Corps de mec (pas de bassin, plate…) mais ultra-féminine ; visage poupon mais grande intelligence (dans son interprétation — pour ce qu’on lui laisse faire — et le personnage, qui mène à notre compte, l’enquête). Il fallait bien finir sur une note positive…


Inception, Christopher Nolan 2010 | Warner Bros., Legendary Entertainment, Syncopy


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