La nuit nous appartient, James Gray (2007)

La nuit nous appartient

We Own the Night Année : 2007

Réalisation :

James Gray

8/10  IMDb

Listes sur IMDb :

MyMovies: A-C+

Avec :

Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Robert Duvall, Eva Mendes

On reste dans les mêmes ambiances que ces deux précédents films. C’est lent, obscur et sacrément bien filmé.

On retrouve les deux acteurs de The Yards (Wahlberg et Phoenix) et il continue de choper un acteur de Coppola (après James Caan, voici Robert Duvall).

C’est vrai que c’est assez ressemblant au Parrain… Là, le film est très bien, mais il passe sept ans pour écrire un scénario et il y a je ne sais combien d’approximations dans celui-ci. Pas sérieux ça James. Fais-toi aider, mince ! Ton truc, c’est la mise en scène.

Wahlberg, il a tout de même une chance incroyable. Ce n’est pas le meilleur acteur dont on puisse rêver et au bout du compte, le voilà qui aura tourné avec deux des cinéastes les plus exigeants actuellement : Gray donc mais aussi Paul Thomas Anderson. Pour un petit nouveau gars du quartier, c’est plutôt pas mal…


La nuit nous appartient, James Gray 2007 | Columbia Pictures, 2929 Productions, Industry Entertainment


Dans la vallée d’Elah, Paul Haggis (2007)

Crise améroïdaire

Dans la vallée d’Elah

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : In the Valley of Elah

Année : 2007

Réalisation : Paul Haggis

Avec : Tommy Lee Jones, Charlize Theron, Jonathan Tucker, Susan Sarandon, James Franco, Josh Brolin, Jason Patric

Un militaire est porté disparu dans une caserne américaine. Son père, lui-même ancien militaire, est prévenu et part à sa recherche. Le corps de son fils, ou ce qu’il en reste (il a été découpé en morceaux, puis brûlé dans une vaine tentative de dissimulation du corps), est retrouvé près d’une route sur un terrain appartenant à l’armée. L’enquête est disputée par la police locale (une femme flic au grand cœur, interprétée par Charlize Theron) et par la police militaire américaine. Le père (Tommy Lee Jone) poursuit sa propre enquête.

Le film suit alors le schéma d’un film policier banal : les doutes des enquêteurs, les fausses pistes, les revirements intempestifs… Mais ce n’est pas tant le cadre d’une simple enquête à résoudre qui importe. Le film dépasse sa nature première et nous dévoile un malaise profond. Le malaise de l’Amérique tout entière, comme l’illustre symboliquement la dernière image du film avec un drapeau américain hissé à l’envers pour signifier la détresse d’une nation en péril. Et plus particulièrement, le malaise de l’armée US, l’armée censée apporter la liberté et la démocratie dans le monde, en Irak, et qui se révèle être une immense usine à fabriquer des psychopathes, comme l’avait déjà démontrée par le passé la Guerre du Vietnam.

Dans la vallée d’Elah, Paul Haggis (2007) In the Valley of Elah | Warner Independent Pictures (WIP), NALA Films, Summit Entertainment

Une œuvre antimilitariste sans doute, qui échappe surtout au manichéisme et aux certitudes toutes faites. L’armée américaine n’est pas présentée comme un démon ; la politique de Bush n’est pas plus évoquée ; même si on prend connaissance des exactions pratiquées par les soldats américains en Irak, ce n’est pas le sujet, l’accent n’est pas porté là-dessus et le film évite l’écueil d’une indignation facile et stérile. Tout est mis en œuvre pour traduire la réalité des exactions en temps de guerre : elles sont inévitables. Une guerre n’est pas propre. Mais cruelle. L’occupation d’un territoire ennemi n’est évoquée que pour rappeler sa futilité et les dégâts qu’elle engendre malgré elle. Malgré l’histoire qui se répète, les occupants voient toujours comme légitime cette présence. Au lieu de résoudre les problèmes, elle ne fait qu’en produire d’autres, plus imprévisibles et plus sournois. Les militaires qui sont pris dans un conflit qui dure et dont ils ne comprennent pas le sens, perdent pied. Il n’y a alors plus que deux issues pour eux : la dépression ou la folie. Et dans tous les cas, le constat est le même, terrible et implacable : la guerre participe à la destruction de ceux qui la font. Il n’y a pas de gagnant ; la guerre profite à ceux qui ne la font pas.

Le film pourrait être résumé en deux scènes. La première, quand l’un des trois meurtriers du fils du personnage de Tommy Lee Jones révèle toute son histoire durant un interrogatoire. On apprend pourquoi son fils était surnommé Doc (il s’amusait à planter ses doigts dans les plaies des Irakiens qu’ils ramassaient) et le militaire n’éprouve aucun ressentiment par rapport à son acte. Il reste pourtant lucide : ça aurait pu être lui un autre soir. Pour eux, cette violence est simplement devenue leur lot quotidien, une routine née en Irak pour tuer les principaux ennemis du soldat : l’ennui et la peur. La seconde scène, quand Tommy Lee Jones revient à la fin du film, dans la chambre de son fils, à la caserne. Il y croise un rookie venant s’installer. Ce soldat, qui n’a encore rien vu, rien vécu, n’échappera pas au futur que les démons de la guerre ont préparé pour lui… Comme le fils de Tommy Lee Jones, comme les amis de son régiment, comme l’armée US dans sa totalité, comme les idéaux et les illusions de l’Amérique… Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort nous nous vîmes vains mille en amenant la mort…

Le film ne dénonce pas, il constate. Et il n’en est que plus efficace. Efficace, la mise en scène l’est également. Elle colle à son sujet, adopte un ton approprié, digne, se refusant les effets de style… Le ton, c’est celui, grave et morne, adopté en respect du deuil des victimes de cette guerre qui s’est officiellement achevée en 2003 : ennemis et victimes des soldats, soldats eux-mêmes. Et leur famille.

J’avais tort d’être méfiant après avoir vu Collision, qui se perdait trop vers la fin dans le pathos. Là, même si l’émotion est encore au centre de tout (à cause du personnage de Theron surtout), la mise en scène parvient à la garder contenue et à épurer ses effets.

Le cinéma américain prouve une nouvelle fois qu’il est prompt et efficace à mettre en scène ses propres démons. La qualité de la culture américaine tient aussi et surtout dans cette capacité à être honnête avec elle-même. Elle ne se cache pas, au contraire, en n’hésitant pas à démystifier la part d’ombre de son rêve (américain). On n’a peur que de ce qu’on ne connaît pas (à l’instar de ces soldats US qui sont envoyés à l’aventure dans un pays qu’ils ignorent, ne comprennent pas, et qu’ils ne peuvent appréhender que par la peur). Et si la culture us est si omniprésente, c’est qu’en dévoilant les contours de sa réalité, côtés obscurs compris, on la cerne dans son ensemble. Et la connaissant mieux, on peut s’autoriser à l’aimer. On n’apprécie que ce qu’on connaît. Difficile pour une culture qui ne sait pas faire son autocritique de se faire apprécier. Ce sentiment d’amour-répulsion que cette culture inspire dans le monde, c’est de l’amour. ─ La France elle, attend toujours un film efficace sur la Guerre d’Algérie, sur le scandale du sang contaminé, sur le scandale des banlieues, sur ses syndicats pourris, sur les magouilles financières, sur l’impuissance chronique et la puérilité de ses dirigeants, sur le fonctionnement et le mode de promotion dans les entreprises. Pour elle donc, ni amour, ni répulsion ; mais de l’indifférence.


 


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Funny Games U.S., Michael Haneke (2007)

Tape le replay

Funny Games U.S.

Note : 3 sur 5.

Titre original : Funny Games US

Année : 2007

Réalisation : Michael Haneke

Avec : Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt

La version autrichienne est un petit chef-d’œuvre de cruauté. Là, c’est pareil, puisque c’est le même film. Le Haneke il ne faut pas le faire chier. Hollywood, il n’en a rien à cirer. « Vous voulez un remake ? OK, bah, je vais le refaire à l’identique alors, avec d’autres acteurs. »

À la Psycho, version Gus van Sant, donc. Exercice de style. Sauf que là, c’est Haneke qui s’y colle. Et c’est le cas de le dire, parce qu’il colle plan par plan au film original. Quel intérêt ? Le même que celui au théâtre de voir une même pièce jouée par d’autres acteurs. Suffisant pour moi, même si l’intérêt en est certes assez limité. En dehors des bêtises « mise-en-abîmiques » (regard caméra ou retour rapide…), il doit y avoir un sens caché derrière tout ça. Pourtant, pas la peine d’une morale pour qu’on comprenne que la violence gratuite, ce n’est pas bien et que c’est la TV qui en est responsable — voire lui Haneke… Même problème et même idée que pour Benny’s Vidéo. Pas sûr que le Haneke soit jugé pour ce qu’il dénonce vraiment…

Funny Games U.S., Michael Haneke 2007 | Celluloid Dreams, Halcyon Pictures, Tartan Films

L’actrice principale, Naomi Watts, (que je ne peux pas — ou ne pouvais pas — blairer) est productrice exécutive. J’imagine donc que c’est une idée à elle de vouloir faire un remake… C’est très oscorisant d’avoir un rôle de victime, qu’on vous voit en train de pleurer pendant une heure à moitié à poil… Mais Haneke, soit ne s’est pas foulé pour la direction d’acteurs, soit les acteurs ne sont pas aussi bons que les acteurs autrichiens de l’original (en passant, ce n’est pas sympa de faire un remake sans penser à eux…, tout est pareil, sauf eux…, c’est quoi cette idée des Ricains de vouloir tout refaire eux-mêmes… Est-ce que les Vénitiens avaient comme intention de reproduire les soieries d’Orient ? un Racine qu’on remonte à envie d’accord, on ne peut pas faire autrement, mais l’intention est assez douteuse, même si au fond, je m’en moque un peu…).

J’ai rarement vu Tim Roth aussi mauvais (quoique, dans Hulk, il n’était déjà pas terrible — les metteurs en scène étrangers ne lui réussissent pas beaucoup). Et le fils est vraiment très mauvais… — je n’ai pas le souvenir que le jeune acteur autrichien était aussi insupportable.

Michael Pitt en revanche est excellent. On croirait que le rôle a été écrit pour lui… C’est vrai, il a toujours fait des rôles comme ça, des ados pervers, des détraqués.

Bref, ce n’est pas pareil, mais un peu tout de même…, donc l’histoire est là. Crue et cruelle. Un film indispensable, mais je préfère tout de même l’original.



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There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson (2007)

On va voir ce qu’on va voir…

There Will Be Blood

Note : 3 sur 5.

Année : 2007

Réalisation : Paul Thomas Anderson

Avec : Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Ciarán Hinds

Eh bien non, décevant.

On parle de grande saga épique, d’une fresque sur l’Amérique du pétrole ou je ne sais quoi… On est très loin de l’épopée, de la saga à la limite. Pour moi, c’est une chronique sans grand intérêt. S’il n’y avait pas la mise en scène et la prestation de Daniel Day Lewis, ce serait une daube. Là, il arrive à en faire un bon film, mais l’histoire n’est pas à la hauteur. C’est la première fois que Anderson choisit de mettre en scène une histoire qui n’est pas la sienne, et c’est raté. Je n’ai bien sûr pas lu le roman, le thème est intéressant (la quasi-biographie d’un des premiers pétroliers, son évolution…), mais c’est loin d’être épique. Il n’y a pas une scène sans le personnage de Daniel Day Lewis, ce n’est pas loin de n’être qu’un plan-séquence à la gloire de l’acteur pendant deux heures trente.

Le développement de l’histoire est très mince. Daniel tombe sur du pétrole. (D’ailleurs, on comprend mal… Est-ce qu’il cherchait avant cela de l’argent et de l’or et qu’il en a trouvé par hasard ? Est-ce l’un des premiers prospecteurs ? On ne sait rien de tout ça parce que le récit s’évertue à être sans parole, sans explication et à se focaliser sur des scènes particulières, c’est le rythme d’une chronique à la Altman, à la Anderson même, puisque c’est ce qu’il a toujours fait, mais une telle histoire réclame plus de densité dans le drame, plus de péripéties, des opposants bien déterminés qui n’apparaissent pas comme ça au hasard des scènes et qui sont totalement écrasés par la présence de Daniel Day Lewis). On lui apprend qu’il y a du pétrole dans un coin perdu de Californie, il y plante son derrick, on pense que ce n’est qu’un début, qu’il va aller ailleurs, qu’il va faire fortune, bref, que ça va bouger… Eh non ! On restera accroché tout du long à ce seul et même environnement. Elle est où l’épopée là-dedans, c’est terriblement statique !

There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson (2007) Paramount Vantage, Miramax, Ghoulardi Film Company

Même dans la mise en scène, on pourrait trouver des défauts. Dans la direction d’acteur, sur le rythme imposé dans les scènes (même si le rythme lent est un peu trop utilisé à mon goût), ça, aucun problème, il a prouvé qu’il maîtrisait (alors quand en plus il tourne avec l’acteur le plus exigeant…), mais c’est dans son traitement du récit, de la mise en forme où on peut y trouver des défauts. Dans sa volonté sans cesse de prendre de la distance avec l’action, de ne pas juger, de ne donner aucune indication, de refuser systématiquement le pathos, d’utiliser des effets de musique grossiers et répétitifs. On en vient à avoir une étrange impression, un peu comme s’il ne savait pas où il allait. Paul Thomas Anderson s’est toujours attaché au réalisme dans le jeu d’acteur, mais il y avait toujours dans le récit, l’histoire, le traitement, quelque chose qui laissait penser que tout était déjà écrit, tracé, et pour le coup plus du tout réaliste, ce qui venait en parfait contrepoint avec le reste. C’est ce qui donnait à Boogie Night ou Magnolia ce côté sophistiqué. Là, on a l’impression qu’il pose sa caméra et qu’il attend que ça se passe ; on ne sent pas la présence derrière d’un narrateur pour nous dire que tout est déjà écrit, que c’est une sorte de conte et qu’il n’y a plus qu’à attendre la morale de l’histoire à la fin.

Alors, il y a peut-être un aspect du film qui m’échappe, ou à quoi je reste hermétique. Je n’ai jamais apprécié non plus Impitoyable de Clint Eastwood, et la tonalité, l’atmosphère boueuse, s’y rapproche. Peut-être est-ce simplement à cause de Daniel Day Lewis qui est trop bon (c’est vrai qu’il est bon). Non seulement il est dans toutes les scènes, mais il mange tous les autres acteurs, qui ne font absolument pas le poids face à lui. Brillant, on dira, mais tellement brillant qu’il en devient antipathique, comme ces jeunes gosses insolents qui voudraient prétendre savoir tout sur tout et qui ne manquent jamais l’occasion de vous le faire sentir. Paul Dano, surtout, est en dessous. Encore un pasteur « faux prophète » ; il est crédible dans le rôle (sauf à la fin où il fait trop jeune), mais quand on repense à la scène où il interprète le frère de Eli, il joue les deux frères de la même façon, alors qu’ils devraient être diamétralement différents…

Bref, quand je vois que certains mettent cet opus parmi leur top 10 de tous les temps… Il y a tant de mauvais films aujourd’hui que dès qu’il y en a un bon (je veux bien le croire toutefois s’il y a tant de monde pour le louer) on crie chef-d’œuvre ? Boogie Night est un chef-d’œuvre. Mark Walhberg a le rôle principal, mais il n’est pas tout seul, les autres personnages sont tout aussi importants. Ce qui a toujours fait le style Anderson, c’est un peu comme chez Altman ou Scorsese, le destin de personnages, leurs rapports tumultueux. Là, c’est un peu comme voir MASH avec un seul acteur du début jusqu’à la fin… Des polygames rangés, tu parles d’une épopée.

Remets-toi à écrire Paulo, arrête avec les histoires des autres…



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Sans plus attendre, Rob Reiner (2007)

The Bucket List Année : 2007

Réalisation :

Rob Reiner

5/10 IMDb 
Avec :

Jack Nicholson
Morgan Freeman

Deux cancéreux font chambre commune. L’un est le riche propriétaire de l’hôpital, l’autre un heureux grand-père noir. Ils font copains-copains et décident de suivre une liste de choses dont ils auraient envie de faire avant de mourir (tous les deux ayant moins d’un an à vivre).

L’un est désagréable et quasi sans famille, l’autre tout le contraire… Et comme attendu le second va permettre au second de trouver la « joie », comme d’autres (comme lui) trouvent la Foi…

Rob Reiner et les deux acteurs ont déjà fait mieux, c’est très convenu, gnangnan, sans surprise (il y en a un qui meurt à la fin, comme prévu). Mais faut pas cracher sur un peu d’émotion procurée à la fin, même si très politiquement correct (ce n’est pas bien d’être grincheux, les amis et la famille, c’est plus important que le pognon).

Parce que le film ne cherche rien d’autre qu’émouvoir ; il n’y a aucun malentendu là-dessus… C’est juste un bonbon à sucer et à jeter.

Un film construit pour ces deux acteurs, qui jouent depuis dix ans les mêmes personnages. Entendre Nicholson martyriser son homme à tout faire, c’est un plaisir (même si on connaît déjà la chanson).


Persepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007)

Persepolis

PersepolisPersepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007) Année : 2007

8/10  IMDb  iCM

Listes sur IMDb : 

Limguela top films

MyMovies: A-C+

Films français préférés

Réalisation :

Vincent Paronnaud & Marjane Satrapi

Le récit autobiographique est à la mode. Souvent désespérant, là c’est enrichissant, parce qu’on a quelque chose à nous raconter. Et que la forme adoptée est plutôt intéressante.

On y apprend surtout comment un pays s’est appauvri culturellement et intellectuellement au rythme des révolutions et des purges. C’est surtout ce premier volet qui personnellement m’a plu… Voir les Iraniens croire en un système meilleur en se disant que ça ne peut pas être pire que le précédent. ─ Et c’est pire… Le tout montré avec le regard d’une enfant, qui permet au récit d’avancer avec détachement et humour.

Ça commence un peu comme le Journal d’Anne Frank, ça continue en Autriche, et là on pense à Princesse Sarah (quoi ?) puis elle revient en Iran, et là, ce serait plutôt Un bon Allemand (parfois à la limite, c’est aussi lyrique et romantique que Docteur Jivago, mais le ton tombe toujours très vite dans l’humour). Le récit unique, concentré sur plusieurs années, d’un même personnage, face à des démons qu’il ne contrôle pas, des événements sur lesquels il n’a aucune prise, et dans lesquels il ne veut surtout pas s’impliquer. Il ne cherche finalement qu’à survivre. Son récit est le témoignage d’une victime des folies des hommes.

En passant, on peut remercier les lycées français du monde, qui, même si ça coûte cher, permettent à certains francophiles de se créer un lien social et de trouver des portes de sortie le jour où l’exil se révèle être nécessaire. Comme quoi, il y a d’autres méthodes que la bougonnade bien française pour développer sa pensée, sa culture à travers le monde. Mêler politique, humour, histoires sentimentales, familiales, en un seul film riche et concis, c’est tout ce dont a besoin un film pour devenir au fil du temps, peut-être, un chef-d’œuvre. Déjà un film unique, et utile.


Persepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi 2007 | 2.4.7. Films, France 3 Cinéma, The Kennedy Marshall Company


Chambre 1408, Mikael Håfström (2007)

1408Année : 2007

Réalisation :

Mikael Håfström

5/10  IMDb

Du Stephen King tout craché. L’idée de départ est très alléchante, comme d’hab’, et on se demande comment il va sortir de cette chambre sans passer pour un nul.

La première demi-heure est très intéressante, et puis on tombe dans du grand-guignol. On multiplie les effets pour remplir le vide et l’impasse de l’histoire, et dans ce train fantôme sans destination finale, on se lasse très vite de la succession de tous ces « booh ! ».

Alors Stephen, cette fin ? « bah non je me suis encore viandé ». C’est peut-être bien la première fois que j’ai failli m’endormir devant un thriller… voire un rêve. Ou un cauchemar, parce que c’est bien ce que c’est, une histoire sans queue ni tête, une succession d’images affolantes sans structure, sans but. Non décidément, on n’en est pas sortis de cette chambre, on s’y est même bien assoupis. Appelez la réception, qu’on me réveille à la fin du film…

Ah, j’oubliais la morale de l’histoire : « Les fantômes, il faut y croire, vraiment, ils existent, je les ai vus… S’il vous plaît, ne cessez pas d’y croire, sinon je ne vianderai plus mes histoires ! »

Bref, je comprends que King n’en a tiré qu’une nouvelle. Au moins, dans d’autres, il a su garder un peu plus de mystère sur la fin.

Pour l’accroche du film j’aurais bien mis : « Cusack dans un cul-de-sac ».


Sicko, Michael Moore (2007)

SiCKO

Sickosicko-michael-moore-2007 Année : 2007

7/10  IMDb  iCM

Réalisation :

 

Michael Moore

 

Pamphlet de Michael Moore sur l’état de la protection santé américaine. Bien sûr, c’est un pamphlet, donc un peu orienté, et comme toujours avec Moore, il fait le spectacle. Au-delà de la rhétorique, on apprend des trucs qui font froid dans le dos. On entend une bande de Nixon programmant la mort des derniers services publics de la santé, dire ouvertement que c’est pour que les industriels du médicament et les rapaces des assurances fassent le plus de fric. On est plus du tout dans le service, ou dans l’assurance, c’est une arnaque. Les médias se taisent (pub oblige sans doute), et les parlementaires ne font rien, parce que la corruption est autorisée aux USA (ou du moins, elle est transparente…, tout le problème des lobbys).

On a un quart d’heure un chouïa idyllique sur le système français (c’est vrai qu’à côté les USA c’est le tiers-monde !). Ça met la larme à l’œil de voir des femmes américaines faire l’apologie du système français… C’est un peu comme si la concubine d’un grand nabab avouait devant tous que son amant français, le bouseux, vaut beaucoup mieux que son gros mari. On oublie un peu hypocritement le déficit de l’assurance maladie, la France est le paradis… Allez les Ricains venez chez nous où quand vous avez un rhume on ne vous impute pas direct des deux mains…

La dernière partie (je ne vais pas dire où il termine après la France, mais pas loin de Mars…) mais c’est assez cocasse.

Une pilule sans doute difficile à digérer par les Ricains… pas sûr non plus qu’ils aient vu le film. Ce qui est sûr aussi c’est que le jour où les Américains s’y mettront, ils risquent de nous copier et de faire mieux que nous… : ils ne laisseront pas passer des milliards de déficits*…

*edit 2020 : ah, ah.

Sicko, Michael Moore (2007) | Dog Eat Dog Films, The Weinstein Company


Into the Wild, Sean Penn (2007)

C’est la gastro qu’il nous faut

Into the Wild

Note : 3.5 sur 5.

Année : 2007

Réalisation : Sean Penn

Avec : Emile Hirsh, Vince Vaughn, Catherine Keener, Kristen Stewart, Zach Galifianakis

OK, c’est un bon film…, mais ce n’est pas trop mon truc, ce genre de trip.

Un type qui n’est pas bien dans sa peau, avec ses parents, avec l’hypocrisie du monde en général, avec la société de consommation… Les Ricains ne font rien comme les autres : soit ils consomment comme des porcs, soit ils deviennent des hippies. Le type ne se sent donc pas bien chez lui, il part sur la route et finit en Alaska.

Sur le plan formel c’est bien fait, le récit alterne entre son dernier passage en Alaska et le comment il en est arrivé là. C’est parfois passionnant, mais… ça me gênera toujours… Une histoire vraie ? Pas mon problème. Je vois ça d’une manière purement formelle, et pour moi, le point de départ qui est à la base de tout n’est pas assez fort pour justifier un tel besoin d’aventure. Si c’était si banal comme point de départ, il ne fallait pas en faire tout un plat, or les récits de la sœur de type sont là sans cesse pour nous rappeler qu’il fuit quelque chose, sa famille, ses parents… Affreusement banale… Je préfère encore quand le récit se concentre sur son « parcours initiatique », sinon au final, ça ne devient qu’un fait divers : un type retrouvé mort empoisonné dans son camp en Alaska entouré de ses écrits introspectifs qui permettront à un livre de naître, puis un film… Même s’il y a plein de scènes attachantes, si la technique est parfaitement maîtrisée… What’s the point?! Quand on fait un film, on veut faire une œuvre, un truc accompli, on ne cherche pas à faire un témoignage ou je ne sais quoi… Et ça ne m’étonne vraiment pas que ce soit le film d’un acteur. Eux qui sont toujours à la recherche de « l’authenticité véritable »… et qui parlent pour ne rien dire. Ça m’écœure légèrement, c’est se prendre la tête pour pas grand-chose, à part pour se faire mousser, parce que c’est cool d’avoir l’air d’être plus vrai que son voisin. Probable que cette recherche initiatique ratée puisse trouver un écho dans nombre de petits soldats du consumérisme tout-puissant, mais justement, à mon goût, ça manquera toujours d’authenticité, de simplicité, en rapport, en cohérence, avec le sujet abordé.

Bon film toutefois… À voir comment vieillit le film, parce que s’il agace légèrement aujourd’hui, il faut reconnaître qu’il correspond assez bien à une certaine crise de conscience propre à notre époque, celle de l’individu qui se sent perdu au milieu d’un grand barnum et qui préfère renoncer au monde. Mais le gros problème du film, à mon sens, c’est bien ce rapport faussé à la réalité qui affaiblit sa portée potentiellement universelle. Le fait divers ramène la fable à peu de chose.


Into the Wild, Sean Penn (2007) | Paramount Vantage, Art Linson Productions, Into the Wild


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La Faille, Gregory Hoblit (2007)

La Faille

Fracture Année : 2007

Réalisation :

Gregory Hoblit

6/10  IMDb
Avec :Anthony Hopkins, Ryan Gosling, Rosamund Pike

Agréable si on n’est pas trop difficile.

Jusqu’au trois-quarts, ça va… On prédit un peu tout, mais ça m’a jamais dérangé ça (parfois, c’est même fait exprès, donc…). Mais à la fin, d’une part, on a vu tellement de films de ce genre qu’on s’attend à un retournement final, et là on est un peu déçu ; surtout la mise en scène passe à côté des effets pour mettre en valeur les moments clés. C’est un peu comme si le type récitait un poème étranger sans en comprendre le sens… La mise en scène est bien, impeccable, formellement excellente, mais elle ne sait pas se focaliser sur des points importants du récit. L’emploi de la musique notamment est lamentable. On attend, les “tindin”, un peu passage obligé dans ce genre de truc, et non ça reste mou, tout est traité de la même manière, aucun relief, du coup on reste en rade en attendant la scène qui nous fera décoller.

L’acteur qui joue le jeunot a une vraie gueule de con. Je ne sais plus où je l’ai vu, mais ça ne devait pas être un chef-d’œuvre (Ryan Gosling). Et Hopkins, avec le talent qu’il a, il pourrait faire autre chose de temps en temps…


La Faille, Gregory Hoblit (2007) | New Line Cinema, Castle Rock Entertainment, Weinstock Productions

À noter, Fiona Shaw, qui joue le rôle du juge (c’est noté, merci).