Trois ou quatre films que je sais de Hong Sang-soo

Premiers films

Le Jour où le cochon est tombé dans le puits

Année : 1996

Le Pouvoir de la province de Kangwon

Année : 1998

La Vierge mise à nu par ses prétendants

Année : 2000

Note : 4 sur 5.

Note : 3.5 sur 5.

Note : 3 sur 5.

Premières impressions après avoir vu les six premiers films du cinéaste. Un certain attrait pour la structure narrative, les leitmotivs, les histoires croisées amoureuses, les destins capricieux, etc. Tout cela ne serait pas sans trop me déplaire si le fond n’était pas si souvent délaissé au profit de la forme et de ces astuces, habitudes ou obstinations formelles. Le fond, c’est toujours dans un film la qualité de l’histoire proposée. J’admire la forme quand elle se met au service du fond… Et que cela paraisse étrange ou non, bien qu’ayant vu ces six premiers films dans un ordre aléatoire, mes notes ne cessent de descendre.

Ainsi, dans son meilleur film vu jusqu’à présent (et son premier), Le Jour où le cochon est tombé dans le puits, j’ai trouvé le jeu à quatre et en parallèle parfaitement exécuté. Le récit en forme de jeu de l’oie ou de jeu des sept erreurs permet des retours en arrière ou des perspectives différentes adoptées à partir d’un même événement, cela crée une certaine tension jusqu’à l’accomplissement final et relance en permanence la curiosité, ce qui au bout du compte sert au mieux l’histoire.

Le Pouvoir de la province de Kangwon joue sur les mêmes ressorts formels, mais la nature des fils narratifs révélés petit à petit, leur nombre, et surtout leur intérêt général, tout ça perd un peu par rapport au précédent film : les astuces formelles sont toujours là, mais le type de relations proposées et la facilité narrative de départ qui fait croiser deux personnes qui se connaissent dans un même lieu sans se voir (ou quelque chose comme ça) n’aident pas à voir clair dans le récit. Avec ce type de structures, on peut accepter une fois qu’on a compris, une certaine suspension de jugement parce qu’on sait que des éléments seront compris ou évoqués ailleurs, mais il ne faut pas en abuser, et parfois, pour diverses raisons, l’élastique cède, on refuse alors de suspendre son jugement et on demande à sortir de la salle.

La Vierge mise à nu par ses prétendants est peut-être encore plus un jeu de sept erreurs parce que les propositions temporelles revisitées dans le récit font clairement état de différences qui mettent à l’épreuve la cohérence dramatique d’ensemble. Excellente idée de départ, sauf que là encore, si la forme séduit, le sujet qu’elle doit mettre en lumière me paraît, au mieux, un peu trop anodin, au pire, incomplet. On peut bien sûr garder des zones d’ombre dans un film qui joue essentiellement sur des bribes d’événements, mais quand une part de ces séquences ont individuellement peu d’intérêt, on se dit que c’est un peu du temps perdu (le film est long, pourtant il ne laisse pas l’impression que chacune de ces séquences était indispensable — les limites peut-être d’un récit où chaque séquence peut contredire la cohérence dramatique de ce qui précède).

Le Jour où le cochon est tombé dans le puits, Hong Sang-soo 1996 Daijiga umule pajinnal | Dong-a Exports Co. Ltd.

Dernier point qui me semble affecter la qualité de ce que le spectateur perçoit, c’est l’interprétation et le choix des acteurs (sinon parfois, le choix même du cinéaste à choisir telle ou telle activité pour un personnage : dans ce registre, on aurait presque l’impression que le cinéaste revendique son minimalisme et la répétition des types de lieux ou activités proposés). Hong Sang-soo fait dans l’incommunicabilité, là encore, cela a de quoi me séduire… et de quoi me lasser quand c’est mal fait. Certains acteurs ne sont pas à l’aise avec cette forme d’interprétation : ils manquent de spontanéité, de créativité (pierre angulaire de l’improvisation) et se perdent parfois dans des silences qui au lieu d’être dans le rythme général de l’incommunicabilité (ou de la pesanteur, de la contemplation, peu importe comment on interprète ça) laisseraient plutôt penser qu’on a affaire à des prises ratées. On retrouve l’œil vide des acteurs perdus qui imposent des silences prolongés et qui témoignent plus d’un flottement chez l’acteur que chez le personnage. Dans les films suivants, toutefois, le cinéaste corrige le tir : preuve d’abord que ce rythme trouvé dans ses premiers films n’était pas le fait du hasard (c’est un rythme tellement compliqué à obtenir des acteurs que c’est rarement un hasard), mais signe aussi soit que le choix des acteurs n’était pas le bon, soit qu’Hong Sang-hoo n’obtenait pas d’eux ce qu’il cherchait (ce qui n’est pas loin d’être strictement la même chose, mais je vous laisse avec mes propres jeux des sept erreurs).

Je vais continuer sur ma lancée, mais s’il persiste à raconter des histoires avec des gens du cinéma ou s’il se répète comme c’est déjà pas mal le cas, je vais vite me lasser. Mais il faut parfois insister quand on est spectateur avec les cinéastes qui reproduisent sans cesse le même film parce qu’il arrive que parmi leurs cinquante films (ou essais), par hasard ou non, se cache une perle. Pour Hong Sang-soo, le défi, ce sera donc de voir s’il est parvenu dans la suite de sa filmographie à retrouver la qualité de son premier film, voire à le surpasser… Des cinéastes ayant produit un grand film à leurs débuts qui ne retrouveront jamais la même efficacité, ou la même fraîcheur, ce ne serait pas un cas isolé. Soyons optimistes (mais prudents).

Jamais trois sans quatre.

J’avais des raisons d’être méfiant. Night and Day (2008)

Tout ce qui chez le réalisateur m’indiffère (et manifestement des points sur lesquels il insistera de plus en plus après ses premiers films) : des histoires de cul chez des artistes. Tellement français. Le film a en plus le mauvais goût ici de mettre un seul homme au milieu de plusieurs femmes. Le côté plus choral et la parité des rôles de ses précédents films lui réussissaient mieux à mon sens. Surtout que les femmes qui tournent autour du personnage principal sont assez médiocres (à l’exception, peut-être, de l’élève des Beaux-Arts qu’il retrouve dans son rêve). La performance des actrices n’aide pas beaucoup. L’acteur qui joue le peintre, lui, s’en sort plutôt bien, parce que sans lui, il faut bien reconnaître que le film aurait totalement manqué du seul charme qu’on peut lui reconnaître : l’humour. Ça donne un côté Bruno Dumont appréciable au style habituel d’Hong Sang-soo. Pour le reste, on oublie les structures alambiquées, les leitmotivs, les plantings. Deux ou trois choses pour révéler une ou deux informations, mais ça ne va pas plus loin. Ça me manquerait presque…

(J’avais vu trois des autres films des années 2000 bien avant, c’est pourquoi je suis directement passé à Night and Day.)

La suite aux prochains numéros.


Concernant Le Jour où le cochon est tombé dans le puits :

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La Commune (Paris, 1871), Peter Watkins (2000)

La Commune (Paris, 1871) 

Note : 4 sur 5.

La Commune (Paris, 1871) 

Année : 2000

Réalisation : Peter Watkins

La proposition de départ, celle de mettre en place un dispositif ouvertement distancié et anachronique avec un récit articulé autour de deux médias télévisuels (une télévision d’État nationale basée à Versailles et une autre gérée par les communards), offre pas mal de possibilités pédagogiques. Comme souvent avec des méthodes qui suivent les principes de la distanciation, le dispositif permet paradoxalement (et dans certaines limites) de s’identifier plus facilement aux situations rapportées.

Après, curieusement, je dois dire que le résultat est assez contrasté. En ce qui concerne les acteurs non professionnels, le réalisateur leur a, semble-t-il, laissé de grandes libertés afin qu’ils puissent s’approprier leur personnage et cela a pour conséquence un phrasé parfois improvisé, certes rempli d’anachronisme, mais fluide et sincère.

La mise en abîme, quand elle est volontaire, passe encore, seulement, la critique faite à la Commune, qui serait sous chaos permanent avec ses discussions sans fin, finit par devenir une critique légitime adressée au film. Une actrice propose d’ailleurs un regard étrange sur leur propre travail : dès que la caméra se pointait devant eux, le discours prenait toujours le pas sur l’action.

Quoi faire alors d’autre quand les moyens nous manquent ? Ce sont les limites d’un documentaire qui fait le pari d’illustrer un sujet en mettant en scène les acteurs d’une page de notre histoire. C’est le choix de la reconstitution fictionnelle (même avec tout son dispositif de distanciation) face à d’autres possibilités : diverses interviews d’historiens évoquant les événements, une voix off omnisciente, extérieure aux faits, collant son récit sur des images figées, des animations ou des objets d’époque filmés dans la nôtre, etc.

Cette critique méta réapparaît quand des intervenants viennent à interroger la logique d’un tel média (le leur, la télévision de la Commune) en ne fournissant aux spectateurs que des témoignages. Sur deux ou trois heures, ça fait sans doute sens. Sur deux fois plus, ça devient un peu lassant et vain. Le dispositif finit par éclipser son sujet et l’on se tient finalement toujours trop éloigné du fait historique. La volonté de coller ainsi au plus près à la réalité reconstituée d’un événement, on en vient, sans doute un peu comme les communards de l’époque, à ne pas savoir ce qui se trame au-delà du quartier, derrière la barricade…

Ce n’est pas toujours les panneaux indicatifs qui donneront beaucoup plus d’informations d’ailleurs, surtout quand les anachronismes volontaires s’accummulent.

Mais soit, le spectateur assiste à une reconstitution, une sorte de happening baroque, un pas de côté au milieu de nombreux documentaires (académiques) produits chaque année, pas un documentaire historique. Et les expériences, c’est souvent nécessaire dans l’art, ne serait-ce que pour montrer qu’une proposition ne marche pas. Pour voir le sujet de la Commune traité de manière plus conventionnelle, il faudrait plutôt plus se reporter vers Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan (qui n’est pas totalement historique d’ailleurs : de mémoire, il s’appuie sur un témoignage d’époque).

Regrettons toutefois que la proposition du film (on peut a priori suspecter Watkins d’être favorable aux communards) se révèle en fait extrêmement critique à leur égard. On aurait attendu que soit plus, ou mieux, exposées certaines des expérimentations éphémères et démocratiques de la Commune. Or, chaque fois qu’une décision est prise, il semblerait qu’elle ne puisse jamais être appliquée à cause du bordel constant. C’est là, quand on se met à douter de la vérité historique de ce que le dispositif nous met sous les yeux, que l’on aimerait que le documentaire soit moins baroque et plus historique, objectif.

Au lieu d’aller dans ce sens au moment où le dispositif commence à nous épuiser, Watkins préfère au contraire insister sur la comparaison entre 1871 et 1999. Tous les acteurs militants parlent très bien, eh bien, d’accord, mais ça en dit surtout plus sur leur époque (vingt ans après, on voit des termes comme « mondialisation » ou « internet » apparaître et rarement être mis en rapport, alors que l’un accentuera l’autre, et que le rapport péjoratif de l’un viendra s’appliquer plus à l’autre…), et surtout, moi, ça me perd totalement avec ma volonté de voir un peu mieux la Commune illustrée dans un film. On ne voit jamais le film qu’on voudrait voir.


 

La Commune (Paris, 1871), Peter Watkins 2000 | 13 Productions, La Sept-Arte, Le Musée d’Orsay


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Les Démons à ma porte, Jiang Wen (2000)

L’occupation et l’absurde…

Les Démons à ma porte

Note : 4.5 sur 5.

Aka : Devils on the Doorstep

Année : 2000

Réalisation : Jiang Wen

Avec : Jiang Wen, Kenya Sawada, Jiang Hongbo

— TOP FILMS —

Un village de campagne de la Chine occupée par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Des inconnus remettent à un villageois deux sacs à garder jusqu’à leur retour. Les deux sacs contiennent un Japonais et un traducteur chinois. Les villageois les cachent des Japonais en attendant qu’on les réclame, mais on ne viendra jamais et ces deux cadeaux finissent par leur empoisonner sérieusement la vie.

Le film est tout du long très drôle, commençant comme une farce italienne. On croirait voir les bêtises de Vittorio Gassman et de ses compères de bras cassés dans Le Pigeon. Malgré leur bêtise, on ne peut s’empêcher d’avoir une grande sympathie pour eux, parce qu’ils n’ont pas de mauvaises intentions, ils se sentent juste coincés avec ce cadeau encombrant, et tous leurs efforts pour s’en débarrasser d’une manière ou d’une autre échoueront lamentablement.

Le charme du loser.

La dernière tentative pourrait être la bonne, et en fait elle va faire glisser le récit vers une absurdité tragique, implacable. Toutes ces folies paraissent vaine, à l’image de la séquence finale du film et de cette tête coupée du misérable paysan qui continue de rire jaune de son sort, de l’infâme, terrible et funeste inhumanité. Il ne sert à rien de se débattre ou de se défendre, parce qu’on est déjà coupable de vivre. Vivre se résume à asservir ou à être asservi, être vaincu ou vainqueur. Pas de place au libre arbitre. Toutes nos décisions, nos actions entraînent une vague de conséquences imprévisibles et coupées de ce pour quoi l’on a essayé de les provoquer. Vivre, c’est un peu comme tenter de garder le cap dans une tempête : on ne peut pas être sûr qu’un coup de gouvernail nous fasse tenir…

Il n’y a pas des bons et des méchants, il n’y a que des crétins, des misérables, quels que soit leur rang ou leur grade, qui n’ont aucune emprise sur la marche du monde, sur les événements et sur le sort. Leurs vaines tentatives pour trouver une issue seraient comme des vagues parmi mille autres perdues dans la tempête de la guerre. Une guerre est faite pour être pourrie, injuste, cruelle, et stérile. Il n’y a pas de traîtres, il n’y a pas de collaborateurs, il n’y a que des hommes qui se retrouvent le cul à l’air et entre deux chaises. On pourra toujours ériger des principes, prétendre rendre la justice. Il n’y a qu’une seule vérité pendant la guerre : celle du chaos. Il n’y a de justice que de celle du vainqueur. Traîtres, héros, collaborateurs, vainqueurs, vaincus, on est tous un peu tout ça en même temps et ce sont les circonstances qui font qu’on apparaît aux yeux des autres tantôt l’un, tantôt l’autre. Encore une fois, toutes nos tentatives pour essayer de garder un cap juste seront à la fois vaines, et susceptibles plus tard d’être interprétées contre nous. Le paysan obligé de tenir captifs ces ennemis se révèle tout autant qu’eux pieds et mains liés ; il a tout pouvoir sur eux, décider quoi en faire, en fin de compte, ce sont les circonstances qui décideront pour lui, tout comme elles décideront de faire de lui un héros ou un traître. Vraiment de quoi rire jaune. La guerre est un chaos absurde, surtout pour ceux qui n’ont aucun pouvoir d’agir, le film en est encore un excellent exemple.


Les Démons à ma porte, Jiang Wen 2000 Guizi lai le | Asian Union Film & Entertainment, Beijing Zhongbo-Times Film Planning, CMC Xiandai Trade Co


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Amours chiennes, Alejandro González Iñárritu (2000)

Amours chiennes

Amores perros Année : 2000

Réalisation :

Alejandro González Iñárritu

6/10  IMDb

J’aime pas les clebs. J’ai vraiment du mal avec Inarritu… Babel, ça peut aller, mais celui-là, comme 21 grammes, me laisse froid. Cette nécessité de devoir raconter plusieurs histoires en même temps, à part créer un effet superficiel en créant du lien là où il n’y en a pas, ou pire, quand il pourrait y en avoir sans faire tout ce cirque, je ne vois pas très bien l’intérêt. Dans Babel, si je me rappelle, il y a un lien signifiant, là, c’est juste des clebs, autant dire un prétexte de film à sketchs. Et comme les différentes histoires sont assez inégales, ça fait un film bancal.

Inarritu aime les mythes. Après Babel… un dahu de film. Les deux premières histoires sont assez ennuyeuses, voire assez stéréotypée pour la première. Heureusement que la troisième avec le terroriste vagabond on s’en sort avec un peu d’imprévu (il a un contrat, il le refuse et met les deux mecs l’un en face de l’autre pour « qu’ils s’expliquent »).

On sent l’influence dans l’écriture de Tarantino et, comme d’habitude, il n’a pas inspiré que les meilleurs. Chez Tarantino, tout est sophistiqué, même cette volonté d’entremêler les histoires dans Pulp fiction, ça participe au ton du film : cool et ironique. C’est superficiel, c’est un jeu, mais ça n’a pas prétention à être autre chose. On retrouve d’ailleurs la même utilisation de l’accident de voiture (vu encore dans deux ou trois autres films us…). Sans compter qu’il y a chez Tarantino, un goût pour l’épure de l’image et du design qui m’a toujours fasciné, un peu comme un adolescent avec une chambre parfaitement rangée, avec chaque objet à sa place, son utilité, rien qui déborde, aucune place pour les peluches, la poussière, les déchets, etc., et une forme de hiératisme et de saturation des couleurs qui tendent vers la peinture. Du Edward Hopper presque. Là, je capte pas le sens du film, ni le ton d’ailleurs, et le design est une vraie déchetterie. Trois histoires de clébards, et c’est tout. Enfin, la première est une histoire de clebs, ensuite, il y a des clebs…

Je préfère les minous.


Amours chiennes, Alejandro González Iñárritu 2000 | Altavista Films, Zeta Film


Neuf Reines, Fabian Bielinsky (2000)

Les neuf minutes de trop

Nueve reinasNueve reinas Année : 2000

IMDb iCM

MyMovies: A-C+

Réalisateur :Fabián Bielinsky

7/10

Avec  :

Ricardo Darín,
Gastón Pauls, Leticia Brédice

Excellent film qui joue avec les codes du genre. Un arnaqueur en surprend un autre, plus jeune, qui s’y prend comme un pied dans une station essence. Il lui propose d’allier leurs efforts, et dès lors, ça n’arrête plus. Les deux personnages sont pris dans un tourbillon dont on ne voit plus la fin. Une sorte d’After Hours entre escrocs où là, l’irréel, l’artifice, ne mène pas au rêve mais à l’arnaque. Dès la scène au début dans le parking, on sait qu’il va y avoir l’un des deux qui va entuber l’autre. On a vu mille films comme ça et la narration joue avec ces codes.

On pense tout de suite au gamin cherchant à entuber le plus vieux, ça paraît évident, la narration nous mène à ça, puis on commence à douter, parce que ça pourrait tout aussi bien marcher dans l’autre sens. Et finalement, j’avoue être un peu déçu par la fin. Twist après twist, il y en a un de trop à mon avis. Revenant finalement à la magouille initiale, suggérée dès le début. Quand on fait deux twists à 180°, c’est sûr, on revient à son point initial. Sauf que le précédent était bien meilleur. Plus inattendu, donc forcément meilleur. Pendant tout le film, on n’a que deux choix : soit c’est l’un qui entube l’autre, soit le contraire, on ne pense pas à plus haut, plus « économique », plus désabusée, en tout cas pas à une autre possibilité… Qu’y a-t-il de plus escroc que les escrocs ? Les pros, les vrais, ceux des banques internationales, les escrocs en col blanc, les escrocs modernes qui entubent la planète entière avec leurs magouilles implacables. J’adorais cette fin, twist attendu là mais pas du tout comme ça. On avait le suspense pendant tout le film, on s’attendait à être surpris, mais on ne savait pas comment. On avait le suspense et le twist. « Surprendre le spectateur avec ce qu’il attend » comme on dit. Sauf que le dernier twist revient à un point initial dont la morale est beaucoup moins intéressante, et franchement peu crédible. Dommage, c’était neuf minutes en trop.


Neuf Reines, Fabian Bielinsky 2000 | FX Sound, Industrias Audiovisuales Argentinas S.A., J.Z. & Asociados