Au programme :

Hégémonie du cinéma américain. Le Nouvel Hollywood fait la loi et les nouveaux visages en charge de la mise en scène des films confirment ou font leur apparition (Steven Spielberg, Hal Ashby, William Friedkin, Peter Bogdanovich, Robert Altman, George Lucas, Alan J. Pakula, Mike Nichols, John Cassavetes).

La route filmée sous tous les angles : course poursuite dans French Connection et dans THX 1138, menant au désert dans La Randonnée, inquiétante dans Duel, existentialiste dans Macadam à deux voies, sous amphétamines dans Point limite zéro. Quand ce n’est pas la route qui soulève les fantasmes et les inquiétudes, la science-fiction s’en charge avec Le Mystère Andromède ou THX 1138, ou encore le thriller : Alan J. Pakula entame un cycle paranoïaque avec Kute, alors que L’Inspecteur Harry prend ses quartiers dans la capitale de la contre-culture : San Francisco. Toujours avec Don Siegel, Clint Eastwood se retrouve dans un film qui prend le spectateur à contre-pied en le montrant à la merci de femmes sudistes dans Les Proies ; l’acteur réalise par ailleurs son premier film, un thriller psychologique : Un frisson dans la nuit. Dans un style “alternatif” bien à lui, Peter Watkins offre lui aussi une vision noire du monde (ou d’un autre) dans Punishment Park. Révélée par le duo comique qu’elle formait avec Mike Nichols, Elaine May est la seule cinéaste qui s’impose dans le nouveau système : elle réalise, écrit et interprète aux côtés de Walter Matthau Un nouveau départ. Le Nouvel Hollywood, ce sont des cinéastes et des automobiles, mais c’est aussi une nouvelle génération d’acteurs : Al Pacino est la tête d’affiche de Panique à Needle Park. Nouvel Hollywood ou pas, le cinéma de genre se trouve pousser des ailes et Charlton Heston fait adapter une nouvelle version, moins fidèle et sept ans après la précédente, de Je suis une légende : Le Survivant. Avant le phénomène de blaxploitation, Melvin Van Peebles tourne à l’arrache Sweet Sweetback’s Baadasssss Song. Milos Forman réalise également avec de faibles moyens son premier film aux États-Unis qui sera surtout remarqué à Cannes : Taking Off.

Loin des considérations existentielles qui imprègnent tout le cinéma américain de la nouvelle génération, les Britanniques offrent au public les âneries loufoques des Monty Python (And Now for Something Completely Different) ou horrifiques (Vincent Price dans L’Abominable docteur Phibes), tandis que James Bond semble éternel. Deux exilés poursuivent leur carrière en Angleterre : Kubrick adapte Anthony Burgess avec Orange mécanique et Losey adapte un scénario de Harold Pinter avec Le Messager qui lui vaudra la Palme d’or à Cannes. Après le meurtre sauvage de Sharon Tate, Roman Polanski revient en Europe pour adapter Macbeth. John Schlesinger navigue également entre productions hollywoodiennes et britanniques : il revient avec une histoire de triangle amoureux, Un dimanche comme les autres. Même chose pour Richard Fleischer : le réalisateur américain retourne en Europe avec un nouvel étrangleur dans ses bagages (L’Étrangleur de la place Rillington). Ken Loach réalise son troisième film et illustre le fossé générationnel de la société britannique dans Family Life. Mike Leigh propose une première comédie récompensée au festival de Locarno : Bleak Moments.

En France, c’est surtout Louis Malle qui arrive à tirer ses marrons du feu en se frottant au sujet des amours adolescentes (et incestueuses) avec Le Souffle au cœur. Robert Bresson adapte Dostoïevski dans Quatre Nuits d’un rêveur. Monsieur Hulot fait une dernière apparition dans Traffic. Jacques Rivette & Suzanne Schiffman sortent Out 1. François Truffaut déteste tellement la qualité française qu’il se lance dans l’adaptation de roman en costumes avec Les Deux Anglaises et le Continent. Onze ans après Adieu Philippine, Jacques Rozier révèle Bernard Menez lors d’une projection à Cannes dans Du côté d’Orouët (le film sortira péniblement en salle deux ans plus tard).

En Allemagne, Werner Herzog réalise un documentaire sur une femme sourde et aveugle (Au pays du silence et de l’obscurité) et présente le montage de Fata Morgana, tourné en Afrique à la fin des années 60. En Italie, Pier Paolo Pasolini adapte Le Décaméron et rencontre un immense succès aussi bien critique que public. Deux ans après La Résidence de Narciso Ibáñez Serrador, Mario Bava pose un nouveau jalon dans l’histoire du slasher au cinéma avec La Baie sanglante. Drames et comédies sont en crise en Italie, Terence Hill & Bud Spencer continuent ainsi de faire pleuvoir les coups dans On continue à l’appeler Trinita. Elio Petri réalise le second volet de sa « trilogie des névroses » après une première satire sociopolitique sortie en 1970 (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon) : La classe ouvrière va au paradis. En plus des films d’Elio Petri, Gian Maria Volonté apparaît dans Sacco et Vanzetti.

En Union soviétique, Alexeï Guerman adapte un récit de guerre de son père qui sera censuré : La Vérification. Les autorités préfèrent les comédies et Les Gentilshommes de la chance réunit plusieurs dizaines de millions de spectateurs dans les salles. Plus de quarante ans après La Nouvelle Babylone, Grigoriy Kozintsev sort un dernier film, une adaptation du Roi Lear de Shakespeare (quelques années après avoir adapté Hamlet). En Ukraine, Kira Muratova raconte l’histoire touchante d’une mère et de son fils dans Les Longs Adieux. En Yougoslavie, Dusan Makavejev est en pleine révolution sexuelle, mais son Wilhelm Reich : Les Mystères de l’organisme ne plaît pas aux autorités et le film est interdit. En Hongrie, Károly Makk fait d’un mensonge une histoire d’Amour et se fait remarquer à Cannes, tandis que Zoltan Huszarik invente avec Sindbad ce qui se rapprocherait le plus d’un cinéma proustien. En Pologne, Andrzej Zulawski réalise son premier film adapté d’une idée de son père, écrivain : La Troisième Partie de la nuit.

La production au Japon est plongée dans la crise. Deux ans après Les Funérailles des roses, Toshio Matsumoto réalise pour l’ATG et dans un style minimalisme et abscons Pandemonium. Toujours pour l’ATG, Nagisa Oshima réalise La Cérémonie. L’artiste touche-à-tout Shûji Terayama sort un premier film remarqué : Jetons les livres et sortons dans les rues.

À Taïwan, la mode des films de sabre chinois se poursuit avec A Touch of Zen, tandis qu’à Hong Kong, le film de kung-fu apparaît avec Big Boss faisant de Bruce Lee une star internationale. 

Au Sénégal, Ousmane Sembene réalise son troisième long métrage et raconte le colonialisme au temps… de l’Occupation.

30 films américains, 13 films britanniques, 8 films de l’Est, 7 films italiens, 6 films français, 4 films japonais, 2 films « chinois », 2 films allemands, 1 film indien, 1 film suédois, 1 film  brésilien, 1 film yougoslave, 1 film africain.

Orange mécanique, Stanley Kubrick 1971 | Polaris Productions, Hawk Films

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