Peut-on noter des films vus il y a longtemps ?

Me concernant, ce n’est pas forcément la note qui importe. Mais de “checker”. Cela m’est moins utile sur SensCritique, dont la bdd ne sert pas grand-chose. Sur IMDb et icheckmovies, en revanche, c’est indispensable, dans ses recherches, de ne pas être pollué par toute une armée de vieux films déjà vus. Même vu il y a longtemps, et à moins de chercher à les revoir. Ce que propose SensCritique de différent, c’est le journal et les commentaires de visionnage ; et là, à moins d’avoir noté depuis toujours, la date de ses visionnages, ce n’est intéressant que sur le long terme. SensCritique est décidément un site de l’instant. Plus qu’une note, ce qui est bien plus utile vingt ans après, c’est son commentaire… Voir vingt ans après qu’on a mis 7 à Jackie Brown, ce ne sera pas très utile si on ne sait plus ce qu’on en a pensé. Je ne vois donc pas bien ce qui vous empêche de noter des films en fonction de vagues souvenirs. Me concernant, toujours, la note peut être très fluctuante. D’un jour sur l’autre, en revoyant le même film, on peut très bien lui allonger la note… alors sur vingt ans…

Oui, mais noter un film dont on n’a aucun souvenir est-ce légitime ?

Se rappelle-t-on de notre ressenti sur un film vu et noté sur SensCritique, il y a deux ans ? Pas forcément. Donc, dans cette logique, on ne note que les films dont on se rappelle avec un souvenir vivace, et il faudrait revoir toutes nos notes de ces dernières années d’utilisation de SensCritique et virer toutes les notes pour les films dont on ne se rappelle pas grand-chose.

De la même manière, je note les séries de mon enfance. Est-ce que mon jugement n’est pas altéré par le souvenir forcément trompeur que j’en garde ? Si, et ça va m’empêcher de les noter ? Certainement pas. Parce que ça me fait plaisir de les savoir là à portée de main. Et c’est affreusement pratique : tu recherches une œuvre dont tu ne te rappelles jamais le nom, mais si tu penses l’avoir ajoutée à ta collection, tu réduis le champ de recherche…, c’est foutrement plus pratique que de devoir refaire le travail en permanence.

Mais noter dix ans après, n’est-ce pas une note de la mémoire d’un ressenti, donc trompeur ?

Pour les films, ceux que tu te rappelles avoir vus il y a dix ans sans les noter, dans dix ans peut-être, tu ne te rappelleras plus les avoir vus, et tu en reverras un en te disant : « Ah, zut, je l’ai déjà vu en fait. » Une demi-heure de perdu. À quoi sert de “checker” ? Ce ne serait que la mémoire du ressenti ? Pour moi, c’est pratique : « OK, j’ai vu ça, je n’ai plus à le revoir. »

Et les faux souvenirs ?

Vous notez les films que vous avez vus, même sur un vague souvenir, et alors ? Si les faux souvenirs peuvent, certes, exister, ça resterait marginal dans une collection, et si ce ne sont pas films invisibles, ça ne pollue en aucun cas un site. Les membres qui par ailleurs notent des films sans les avoir vus pour gonfler leurs stats, c’est d’une part assez rare, et sur des sites communautaires, cela ne devient problématique qu’à partir du moment où ces membres notent des films invisibles et que le reste de la communauté s’interroge sur la manière de les voir. Mais c’est un autre sujet. si

Un des autres avantages, probable, de noter depuis un souvenir sur un site comme SensCritique, c’est de dire à ses contacts :« Oui, oui je l’ai vu ». Ça évite : « je te recommande ce film » ou « oh ! tu n’as pas vu ! »… Malheureusement, certains sites sont plus communautaires que d’autres…

J’ai noté des films 9 (ou A, à une époque, puisque je tiens mes comptes depuis de décennies) dont je ne me rappelle absolument rien du tout. Mais c’est quand même beaucoup plus pratique de revoir un film en sachant qu’on l’avait beaucoup apprécié des années auparavant. J’ai aussi checké des centaines de films sans les avoir ni notés ni annotés, eh ben, ceux-là, je suis bien content de ne pas les laisser dans la nature : ce qui est vu est vu. C’est PRATIQUE.

Ça gonfle les statistiques ?

Ça ne me concerne peut-être pas mais je ne vois finalement pas tant de différence que ça entre se baser sur un souvenir (qui peut être faux, et donc dans de rares cas, quand on est honnête avec soi-même savoir que peuvent se cacher dans ces notes, des erreurs d’annotation) et se baser sur une feuille de papier, comme cela a longtemps été mon cas. Si dans les deux cas ni l’un ni l’autre ne ramènent un véritable souvenir, ça revient au même. Pour moi, ça limite juste les possibilités d’erreurs et ça a été plus facile que pour d’autres de noter, mais au final on note pour soi, pas pour les autres (et encore une fois, ce n’est voyant et préjudiciable pour les autres que quand on note des films perdus ou invisibles). Qu’on note les 101 Dalmatiens sur un souvenir d’enfant quand en fait on n’a vu que la bande-annonce… Et alors ? Non seulement, ce ne sont pas ces erreurs qui iront gonfler les stats (et je doute qu’on prête sur SensCritique autant attention aux nombres d’œuvres dans les collections). On passe juste à côté du plaisir, ou pas, de voir un film dont on se moque par ailleurs.

Mon usage ?

J’ai aucune confiance quant à mes appréciations pataudes d’époque, mes goûts, mes connaissances. Mon « ressenti » a forcément changé bien des années après, mais j’estime fort utile, oui, de savoir que j’ai vu le film et connaître la note au moment où je l’ai vu. Parce que si, au départ, à la fin des années 90, je ne notais que les classiques, après avoir revu plusieurs fois des films que j’avais déjà vus, j’ai compris que, oui merde, ça peut être utile de noter aussi les films que je n’ai pas aimés, les petites films sans prétention, pour en garder une trace et être sûr de ne pas les revoir. C’est aussi un des avantages de sectoriser ses visionnages à travers des filmographies. Je ne suis pas un grand défenseur de la politique des auteurs, mais force est de constater que classifier tous ses visionnages, aussi, réalisateur par réalisateur, en notant précisément dans une filmographie, les films vus et les autres (classiques de l’intéressé) à voir, comme toutes les fiches, ça donne un état des lieux de ce qu’on connaît et de ce qu’il nous reste à découvrir.

La « marque tangible » de l’instant, moi, je n’y crois pas du tout. J’ai déjà fait l’expérience d’une note complètement changée d’un jour sur l’autre, donc encore une fois, je ne vois pas pourquoi noter un film sur des souvenirs « fanés » serait moins utile.

Si c’est de la vacuité et non de la fatuité ça ne devrait poser de problème à personne. Tout ce qu’on fait c’est du vide en boîte.

Et sur icheckmovies ?

Est-ce que les utilisateurs de SensCritique qui se plaignent des notes « fanées » de leurs petits copains, s’ils allaient sur iCM, procéderaient-ils différemment par exemple ? On n’y note pas les films (juste des favoris), on les check, et on axe non pas « l’outil-site » sur l’échange, mais sur l’utilisation de « listes-éclaireuses ». Mettons que tu veuilles par exemple affiner ta connaissance des films d’horreur, ou t’enfiler de bons films d’horreur dont tu préférerais, tant qu’à faire, ne pas devoir revoir ceux que tu es à peu près sûr d’avoir vu durant ton adolescence, est-ce qu’alors, tu utiliserais le site différemment et te permettrais de “checker” des films sur un « vague souvenir » ? Question de praticité, toujours.

Beaucoup mettent sur leur profil SensCritique leur barème de notation. Peut-être devraient-ils songer à expliquer non pas ce à quoi ça correspond (bon, mauvais), mais ce que ça représente pour eux. J’ai toujours mis en garde ceux qui s’interrogeaient sur mes notes qu’il ne fallait pas trop y prêter attention. Si certains semblent porter une si grande importance à vouloir noter en fonction de « quelque chose de tangible », après plus de vingt ans de pratique “cinéphile”, je suis toujours aussi peu sûr quand il est question de noter. Je note quoi ? Le plaisir, la qualité, le… ressenti ? J’ai dû attendre quelque chose comme 25 ans pour commencer à “noter” (avec des notes en face des films que je ne faisais jusqu’alors que le compte avec la date de leur visionnage), et j’ai commencé par foutre massivement des “C” (transposé ensuite en 6 sur IMDb). Une note fourre-tout. Même après plusieurs années de “cinéphilie”, la seule chose que j’avais à en dire, c’était : « Oui OK, c’est pas mal ». Je ne doute pas que nos jeunes générations aient un sens particulièrement poussé de la notation, ou de l’appréciation, il faut sans doute s’en féliciter, c’est merveilleux de savoir dès 16 ans ce qui est bon ou pas, ce qu’on adore et abhorre… et de venir titiller les vieux avec leurs 10 à Star Wars ou sur Salo en leur disant qu’ils ont tout ou rien compris aux films… Moi, à 16 ans je fermais ma gueule, et je continue de dire qu’il ne faut pas tant que ça prêter attention à “mes” notes. Quand, à 30 ans je regarde Fight Club et qu’un jour sur l’autre, je double la note, je me dis qu’il n’y a pas grand-chose de bien tangible dans cette affaire. Que certains y arrivent, c’est probablement une bonne chose, mieux vaut avoir des certitudes, et peut-être même que ces certitudes pourront servir à d’autres. En tout cas, moi, je ne m’y trompe pas, sur mes notes, que je mette 6 ou 9 à un Chaplin…, la belle affaire. Ce qui m’importe, c’est surtout de savoir que j’ai vu le film.