Rudolph Maté

 

Biographie issue du Hollywood Rush :

Né Rudolph Mayer en 1898 à Cracovie (alors en Empire austro-hongrois). Après la guerre, il travaille comme directeur de la photographie à Budapest, et à Vienne où il rencontre Karl Freund et Alexander Korda. En 1924, il rejoint l’Allemagne et la UFA et signe la photographie de Mikaël, sa première collaboration avec Carl T. Dreyer. Quatre ans plus tard, le danois fait à nouveau appel à lui pour La Passion de Jeanne d’Arc. Il participe aux productions internationales européennes de l’époque, comme sur Prix de beauté avec Louise Brooks, retrouve Dreyer pour son Vampyr, et collabore au Liliom de Fritz Lang.

C’est donc en 1935, comme beaucoup d’autres, qu’il rejoint Hollywood. Peu avant que Lang mette en scène Spencer Tracy, Maté fait tourner l’acteur américain sur un film de Harry Lachman, L’Enfer.

Il continue de travailler entant que directeur de la photo avec le pionnier canadien Allan Dwan, avec Richard Boleslawski (qui vient de la même région que lui et qui avait travaillé avec Dreyer). Sa première collaboration dans un film majeur hollywoodien se fait avec Wyler pour Dodsworth, dès 1936. La même année, il travaille avec Howard Hawks pour le Vandale, puis King Vidor pour Stella Dallas. En 1937, il retrouve Charles Boyer qu’il avait éclairé dans Liliom, pour Leo McCarey et sa première version de Elle et Lui. Henry Hathaway, Hitchcock… Pendant la guerre, il rejoint Alexander Korda à Londres pour éclairer Lady Hamilton. Il travaille alors pour tous les studios, de préférence avec des réalisateurs expatriés comme Charles Vidor (il signe la photo de La Reine de Broadway et Gilda), Henry Koster, ou Lubitsch (To be or not to be).

Il passe à la réalisation en 1947. Quelques titres notables : un film de SF, Le Choc des mondes, un film noir, Mort à l’arrivée, et deux westerns, Marqué au fer et Le Souffle de la violence.

 

 

Classement : 

7/10

  • Marqué au fer  (1950)
  • Mort à l’arrivée (1949)

6/10

  • Le Souffle de la violence (1955)
  • Le Gentilhomme de la Louisiane (1953)
  • Le Choc des mondes (1951)
  • Midi, gare centrale (1950)

5/10

 

4/10

 

3/10

Rudolph Maté

Béla Tarr

aka Pela Tarte

Classement : 

6/10

  • Les Harmonies Werckmeister (2000)

5/10

  • Le Cheval de Turin (2011)

4/10

  • Sátántangó (1994) 

3/10

Films commentés (articles) :

 

Commentaires simples :

Le Cheval de Turin (2011)

On sait maintenant pour qui Jeanne Dielman préparait ses patates. Comme l’étrange impression que Tarr à chacun de ses films nous fait le coup de la fin du monde ? « Je suis un prophète… Non, ce n’est pas ça. »

C’est si ennuyeux, et de bonnes parties du paysage dans le cadre ne pouvant évidemment être balayées de la même manière par une « tempête », que tout l’intérêt du spectateur repose en fait dans sa capacité à compter les ventilateurs géants hors-champ.

Autrement, de longs plans descriptifs tournés à la Steadycam ou autre caméra ambulante. Bravo, quel exploit, mais il n’y a rien à voir. Sinon, au pire, une pauvre bête qui souffre et qui pleure à force de voir un cocher la fouetter pour qu’elle avance, puis la retenir aussitôt en faisant croire qu’elle n’avance pas… Voir un cheval pisser des larmes, merci, je n’avais encore jamais vu ça… Il aurait dit quoi Nietzsche ?!

Béla Tarr

Luis Buñuel

Classement  :

10/10

9/10

  • Los olvidados (1950)

8/10

  • La fièvre monte à El Pao (1959)
  • L’Enjôleuse / El bruto (1953)
  • El Gran calavera / Le Grand Noceur (1949)
  • Susana la perverse (1951)

7/10

  • Tourments (1953)
  • Nazarin (1959)
  • La Vie criminelle d’Archibald de La Cruz (1955)
  • L’Ange exterminateur (1962)
  • Viridiana (1961)
  • Simon du désert (1965 Short Film)

6/10

  • Journal d’un femme de chambre (1964)

5/10

  • Le Fantôme de la liberté (1974)
  • Un chien andalou (1929 Short Film)
  • Belle de jour (1967)
  • Terre sans pain (1933 Documentary)
  • L’Âge d’or (1930)
  • Tristana (1970)
  • Le Charme discret de la bourgeoisie (1972)
  • Cet obscur objet du désir (1977)
  • La Voie lactée (1969)
  • Las aventuras de Robinson Crusoe (1954)

Films commentés (articles) :

Simples notes :
Terre sans pain (1933)

L’ironie de tout envers ceux qui n’ont rien. La misère du voyeur qui se surprend à rire (et à qui on réclame de ne pas succomber… au fascisme). Détour à la fois ironique et idéologique (oui, on peut faire les deux, apparemment) plutôt étrange et suspect, mais qui interroge. C’est un peu comme voir un propagandiste pratiquer un cadavre exquis… À la fois ridicule, suspect et contradictoire. Le surréalisme, s’il existe ici, il est là.

Los olvidados (1950)

Le comble de la misère c’est quand même ta mère n’a plus confiance en toi et qu’elle couche avec tes mauvaises fréquentations, ton Méphisto.

Revu, sans doute mon Buñuel préféré.

(L’amour d’une mère au ralenti… y a déjà de L’Enfance d’Ivan là-dedans.) Buñuel nous damnerait presque à nous montrer de si belles jambes interdites (celles de Maman dans sa bassine, ou les cuisses d’une fillette à peine nubile maculées de lait…). Pervers, le Méphisto, c’est lui, aussi.

Ce diaporama nécessite JavaScript.



Luis Buñuel

André de Toth

Crédit André de Toth

Classement : 

8/10

  • Crime Wave / Chasse au gang (1953)

7/10

6/10

  • La Rivière de nos amours (1955)
  • Femme de feu (1947) *

5/10

  • Two Girls on the Street / Két lány az utcán (1939)

4/10

  • La Chevauchée des bannis (1959)

3/10

 

*Films commentés (articles) :

André de Toth

Ernst Lubitsch

crédit Ernst Lubitsch

Classement :

10/10

  • La Folle Ingénue (1946)
  • Rendez-Vous (1940)
  • Ninotchka (1939)

9/10

  • Jeux dangereux (1942)
  • Ange (1937)

8/10

  • La Poupée (1919)
  • Comédiennes (1924)
  • Je ne voudrais pas être un homme (1918)
  • Paradis défendu (1924)
  • L’Homme que j’ai tué (1932)
  • Illusions perdues (1941)
  •  L’Abîme (1929)

7/10

  • Le Lieutenant souriant (1931)
  • La Veuve joyeuse (1934)
  • Haute Pègre (1932)
  • La Chatte des montagnes (1921)
  • La Princesse aux huîtres / Miss Milliard (1919)
  • Quand j’étais mort (1916)
  • Passion / Madame DuBarry (1919)
  • Le ciel peut attendre (1943)
  • Parade d’amour (1929)
  •  So This Is Paris (1926)
  • L’Éventail de Lady Windermere (1925)

6/10

  • La Huitième Femme de Barbe-bleue (1938)
  • Sérénade à trois (1933)
  • La Joyeuse Prison / Das fidele Gefängnis (1917)
  • Rosita (1924)
  • Une heure près de toi (1932)
  • Si j’avais un million (segment The Clerk) (1932)
  • Monte Carlo (1930)
  •  Le Prince étudiant (1927)

5/10

  • Sumurun  (1920)
  • Anna Boleyn (1920)
  • Carmen (1918 )

Films commentés (articles) :


Simples notes :
L’Éventail de Lady Windermere, Ernst Lubitsch (1925)

Cet imbécile arrive à toujours intégrer quelques éléments loufoques dans un drame parfaitement mélodramatique… Le point de départ est donc assez tiré par les cheveux, typique de l’époque (même si le film est tiré d’une pièce d’Oscar Wilde) ; le développement poursuit vers une voie plus dramatique en jouant sur un quiproquo obligeant finalement la mère à se sacrifier pour la fille qu’elle n’a jamais reconnue. Le dernier plan achève le travail en laissant imaginer un happy end. Les décors proposent un bien trop grand espace vertical (évoquant trop souvent le théâtre ou le tournage en studio). Le découpage purement technique présente encore quelques failles, mais elles sont habituelles avant que le tout en raccord en mouvement s’impose à l’arrivée du cinéma parlant. En revanche, la « pantomime » des acteurs est remarquable. Lubitsch semble avoir compris bien plus que d’autres que l’on voit déjà tout sur un grand écran, que le montage (des attractions) produit une compréhension immédiate de la situation ; il devient inutile par conséquent d’appuyer chaque expression : un regard dans le vague dans un coin pour signifier qu’un acteur « reçoit » et réagit intérieurement avant d’entrer en action ou en réaction, et le tour est joué. C’est littéralement « rouler des yeux », mais il n’y a en effet pratiquement que les yeux qui bougent et qui font « penser le personnage ». Les yeux clairs, dans le cinéma muet, avec les contrastes du noir et blanc, sont d’une efficacité redoutable…

So This Is Paris (1926)

Jolie mécanique pantomimique. De mémoire, on y retrouve le même burlesque vaudevillesque fait de quiproquos en pagaille que dans The Marriage Circle/Comédiennes (avec le même Monte Blue) ou de Mighty Like a Moose de Leo McCarey. Mais ma mémoire me joue souvent des tours… On est entre l’époque Ossi Oswalda (burlesque allemand basé de la même manière sur des quiproquos et sur le travestissement, comme plus tard chez Billy Wilder) et les comédies romantiques propre à la Lubtisch touch. Et c’est normal au fond parce qu’on est pile poil entre les deux. Quelques difficultés malgré tout pour reproduire Paris en studio… (La Joyeuse Prison était une catastrophe. Bien fait d’insister l’Ernst.)

Illusions perdues (1941)

Eh bien, en voilà une jolie adaptation d’un des maîtres de la comédie de la fin du XIXe siècle (dont je ne connaissais que Madame Sans-Gêne). Je m’en vais lire tout de suite la pièce, histoire de voir le matériau original…* Mais les ajouts semblent nombreux, au moins pour l’adapter à l’époque et à la société new-yorkaise. C’est en tout cas tout à fait charmant. Pas encore tout à fait l’esprit loufoque et dynamique du vaudeville ou de la screwball. Lubitsch est plus posé, moins excentrique. Mais on se régale tout de même comme des fous. On est tout à fait en revanche dans la comédie de remariage. Cela manque peut-être d’air pur et de plan en extérieur, mais on ne profiterait peut-être pas autant de la beauté et des formes d’une des plus belles femmes du monde… Chacun de ses films est comme une expérience étrange : on guette les cicatrices que les maquilleurs sont censés avoir toutes les peines du monde à dissimuler. Je n’y vois que du feu. Merle, je t’aime, je t’adore. Rejoins-moi, couic.

*Chez Victorien Sardou et Émile de Najac, la femme avait une liaison (platonique), car mariée trop tôt, elle regrette de ne pas avoir pu mener les aventures auxquelles les hommes ont droit. Impossible sous le code Hays de se laisser aller à de telles audaces, d’où la nécessité de passer par un psy et par le hoquet révélant les contrariétés matrimoniales de madame. Le stratagème du mari consiste alors (et bien plus vite que dans le film) à proposer le divorce aux conditions permettant un divorce au plus vite (la violence feinte), mais il demande aussi à son successeur de ne rien entreprendre jusque-là pour ne pas compromettre le divorce (un divorce par adultère interdit à l’amant de se marier avec « sa complice »). Le mari sait que ces obligations ennuieront sa femme en recherche d’aventures et que les rôles seront inversés. Pour couronner le tout, le mari propose une rente qui avantage le successeur (qui n’était pas chaud jusque-là à l’idée d’un mariage, car lui aussi comptait s’amuser, mais comme ce mariage ferait sa fortune…). Au contraire, ces conditions diminuent le niveau de vie de la divorcée. Astucieux et impossible de traduire ça. Tout de suite, l’amant est heureux de pouvoir se marier et de trouver une vie plus paisible, ce qui ne peut plaire à la divorcée par ailleurs émue des attentions de son mari. Et elle retrouve de l’intérêt pour lui quand elle suspecte qu’il ait une maîtresse (ça cela a pu être gardé). Walter Reisch et Donald Ogden Stewart ont donc eu pas mal de boulot : ils n’ont gardé de la pièce que les vagues idées d’inversion.

L’Homme que j’ai tué (1932)

Nouveau film dans lequel Lubitsch peut déployer tout son art de la direction d’acteurs. Il n’hésite pas à ralentir le tempo, n’a pas peur des silences, et n’use pas de musique pour combler ce manque. Ce silence, c’est celui de la pesanteur des choses, de la gravité du moment. Le cinéaste ajoute à cela une pointe d’ironie souvent muette tout à fait délicieuse et bienvenue dans un film lourd et grave. Il a dû se régaler à recomposer des intérieurs allemands forcément familiers. La première séquence dans laquelle Lionel Barrymore apparaît est tristement prémonitoire : un enfant s’est battu parce qu’un camarade l’avait traité de « Français », et le père qui a perdu son fils à la guerre lui dit qu’il a bien fait de ne pas s’être laissé faire… On sent dans cette séquence tout le poids de l’esprit de revanche qui mènera les nazis à pousser l’Europe à nouveau dans le chaos. Dix ans plus tard, ce môme serait devenu un parfait soldat SS prêt à prendre sa revanche… Ironiquement, l’acteur jouant le soldat français plein de remords sera tué pendant la guerre lors d’une collision en vol… Il est sans doute plus facile de devenir pacifiste quand on sort vainqueur de la dernière guerre. Les vaincus ne chercheront-ils toujours pas à prendre leur revanche ?…

Le sujet pacifiste me touche particulièrement, l’exécution est à la hauteur du sujet. J’aurais juste une réserve concernant le mensonge initial du personnage principal, finalement validé par son amoureuse. Pas sûr que les illusions maintenues servent à dissiper la haine sur le long terme. Question de principe. Même si c’est pour le bonheur des parents. La vérité, quelles que puissent en être les conséquences, doit toujours prévaloir.

Monte Carlo (1930)

Nouvelle adaptation de Lubitsch d’opérette européenne en ce début de cinéma parlant, seulement si Jeanette MacDonald est charmante, le film pâtit de l’absence de Maurice Chevalier. On ne peut croire une seconde que l’actrice puisse tomber amoureuse de ce Jack Buchanan. L’argument du film reprend le principe cher des vaudevilles à la française basés sur des quiproquos, ce qu’on retrouvera également aussi beaucoup dans les comédies de « travestissement » comme ici de Lubitsch ou de Wilder.

Paradis défendu

Jeu de regards permanent, tout n’est que fantaisie et séduction, rien ne porte jamais à conséquence. L’argent même en un clin d’œil étouffe les révolutions. Dernière collaboration Negri-Lubitsch (et la seule, me semble-t-il,, à Hollywood). Adolphe Menjou exceptionnel, on l’entendrait presque parler tant ses expressions de visage et ses réactions sont parlantes (celles de Pola Negri aussi, ça sent le Lubitsch derrière mimant ce qu’il veut et les acteurs reproduisant à l’identique). Un regard, une réception, une réaction, plan suivant, un regard, une réception, une réaction : c’est facile le cinéma.

Rosita, chanteuse des rues (1923)

Quelques similitudes avec Paradis défendu qui viendra l’année suivante (commentaire à lire plus bas). Lubitsch changera juste le souverain pour une souveraine, signe peut-être que Lubitsch sentait pouvoir mieux faire après ce premier opus produit par Mary Pickford (et même si les deux films sont issus de deux pièces originales n’ayant probablement aucun rapport). La star attendait peut-être de lui qu’il la mette en scène comme il avait mis en scène Ossi Oswalda, autrement dit dans une veine espiègle qui lui correspondait mieux. Et au lieu de ça, Lubitsch lui donne un rôle plus conforme sans doute à la personnalité de Pola Negri. Pickford en chanteuse des rues, pourquoi pas, mais la faire glisser peu à peu vers un personnage à la Carmen (peut-être une des premières femmes fatales), guitare sur la cuisse, robe olé olé, pas sûr que l’éternelle gamine à l’écran ait apprécié l’expérience. Pourtant, les moyens sont là. (Ce personnage a quelques similitudes aussi avec la Marianne de Marion Davies transposé dans une France de la Grande Guerre.)


Ernst Lubitsch

Pedro Almodóvar

Classement : 

10/10

9/10

  • Tout sur ma mère (1999)
  • Parle avec elle (2002)
  • La piel que habito (2011)

8/10

  • Femmes au bord de la crise de nerfs (1988)
  • Kika (1993)
  • En chair et en os (1997)
  • La Fleur de mon secret (1995)

7/10

  • Volver (2006)

6/10

  • Attache-moi ! (1989)
  • Talons aiguilles (1991)
  • Douleur et Gloire (2019)
  • Étreintes brisées (2009)

5/10

*Films commentés (articles) :


Pedro Almodóvar