Le Fantôme de Yotsuya, Kenji Misumi (1959)

Théâtre de marionnettes

Note : 4 sur 5.

Le Fantôme de Yotsuya

Titre original : Yotsuya kaidan

Année : 1959

Réalisation : Kenji Misumi

Avec : Kazuo Hasegawa, Yasuko Nakada, Yôko Uraji, Mieko Kondô

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Magistrale adaptation de la pièce de kabuki L’Histoire du fantôme de Yotsuya dont on devine l’héritage théâtral à chaque seconde du film. Aucun souvenir de l’adaptation qu’en avait faite la même année Nobuo Nakagawa (notée 6). Pour un de ses premiers films, Kenji Misumi déploie un sens de la réalisation déjà bien affirmé avec des audaces folles si on compare le film à ce qui pouvait encore se faire dans les studios à l’époque. En dehors peut-être de Kurosawa, celui du montage nerveux des Sept Samouraïs, si on regarde du côté des autres réalisateurs de chambara comme Inagaki ou Tomu Uchida, à la fin des années 50, on est loin de l’approche sophistiquée que Misumi démontre ici à chaque plan et peaufinera au cours des années suivantes (dans Tuer, par exemple).

Je suis loin d’être un amateur de films de fantôme, mais l’astuce ici, c’est que l’aspect horrifique arrive tardivement et n’occupe grossièrement que les vingt dernières minutes. L’horreur est d’ailleurs parfaitement maîtrisée : il faut voir, par exemple, comment le fantôme d’Oiwa se fait passer pour un être encore vivant alors qu’on le voit subtilement flotter dans l’air comme si le fantôme prenait soin de mimer la marche des hommes sans être capable de tromper (au moins) les spectateurs. D’autres idées fantastiques limitent les effets, preuve que c’est souvent quand on en fait le moins que le résultat est le plus réussi : le bras qui sort du sceau (rappelant celui sortant de l’écran dans Ring si j’ai souvenir) ; le corps du mari flottant vers le fantôme qui l’appelle à lui avant de tourner sur place ; l’effet « feu follet » ; la mare de cheveux (ou autre chose) d’où le corps du fantôme finit par apparaître à son mari ; les différentes visions des personnages apeurés en voyant l’image d’Oiwa défigurée à la place des traits d’autres personnages, etc.

Le plus remarquable, c’est encore l’écriture théâtrale du film et la réalisation de Misumi. On le voit, dans beaucoup d’histoires traditionnelles japonaises, la psychologie y est absente. Les représentations sont codifiées et le réalisme n’y a pas sa place. Ce qui est mis en avant dans ce type de récit théâtral (et ce n’est pas propre au théâtre japonais), ce sont les avancées dramatiques. On souligne les oppositions, les conflits, et les personnages dévoilent constamment au public leurs intentions (au moins en confidence ou en petit comité). Comme dans un spectacle de marionnettes ou une bande dessinée, les pensées des personnages n’existent pas. Ils ne sont là que parce qu’ils expriment ostensiblement ce qu’ils ressentent ou ce qu’ils ont l’intention de faire. Même quand un complot (ce qui est le cas ici) se met en place, on en dévoile tous les contours aux spectateurs. Aucune place pour la surprise ou le doute. Tout est ainsi surligné. Quand on est habitués à la subtilité des récits contemporains, à la place de la psychologie, quand on est habitués à se questionner sur le sens véritable des intentions des personnages volontairement rendues floues ou irrationnelles, contradictoires, cela peut surprendre. Ici, au contraire, on touche à la tragédie, à la légende, en faisant des personnages sans profondeur psychologique. Ils représentent des archétypes, parce que dans les histoires d’autrefois, ces récits avaient valeur d’exemple : ces tragédies n’apparaissent pas pour raconter de spectaculaires histoires personnelles, mais pour exposer les comportements de personnages reconnaissables par leur fonction (c’est souvent l’adultère qui façonne ainsi le destin des personnages). Si la trame marche si bien, c’est que chaque archétype semble répondre à un ou deux archétypes opposés. L’exemple le plus marquant, en ce sens, c’est bien celui de la femme dévouée à son mari, Oiwa, qui passe de l’image de la femme parfaite, humble et docile, au fantôme sans scrupules, hideux et maléfique. Toujours aucune place pour la subtilité, c’est de la caricature, du théâtre d’ombres ou de marionnettes (je ne dis pas ça au sens propre, la pièce originale étant destinée au kabuki, contrairement à la pièce ayant inspiré Yoru no tsuzumi, sorti l’année précédente, par exemple, et qui était, elle, destinée au théâtre de marionnettes).

Autre particularité du récit : l’espèce de sac de nœuds qui relie tous les personnages. J’avais exactement eu la même impression récemment avec le Kôchiyama Sôshun de Sadao Yamanaka : il faut un peu de temps pour comprendre tout ce qui relie les uns ou les autres, et une fois que la toile est bien tissée, on tire les fils, et c’est tout le canevas qui de fil en aiguille s’en trouve chamboulé.

Les acteurs jouent en suivant la même cohérence : pas de psychologie, on montre d’un geste, d’un mouvement de tête, ce que le personnage pense ou affirme, toujours à la manière codifiée (pas forcément exactement celle du kabuki) de la scène. Et cela, bien sûr, avec en retour une grande justesse (toujours le tour de force à réussir quand on décide de jouer sur l’aspect théâtral d’une histoire et de gommer toute psychologie).

Certaines pièces adaptées, ou certaines adaptations peuvent paraître hiératiques, mais si on sait bien jouer avec l’aspect théâtral, on peut profiter en retour d’une forme plus ou moins lâche de huis clos dans lequel la tension se fait plus aisément ressentir. C’était ce qu’avait admirablement fait Tadashi Imai dans Yoru no tsuzumi. Misumi ne cherche pas à cacher l’origine théâtrale du récit : les séquences en extérieurs ne sont pas rares, mais elles sont fortement stylisées ; le décor est recherché, on vise à présenter au spectateur un lieu caractéristique, et on se fout ici comme ailleurs du réalisme. Le film est tourné en couleurs, et on devine le cyclorama à quelques dizaines de mètres de l’espace au premier plan. Tout est ainsi reconstitué en studio et Misumi se montre particulièrement à l’aise à découper le cadre au moyen de divers panneaux, embrasures de porte, ou rideaux tout en profitant en permanence de la profondeur de champ qui lui permet de structurer son espace en niveaux de profondeurs distincts (ce cyclo, censé représenter le ciel et l’horizon, est visible depuis de nombreux plans intérieurs). L’ordre géométrique est partout, et le cinéaste met souvent tout ça en mouvement afin de donner à tous ces polygones souvent de papier l’impression de s’agiter au milieu d’un grand origami prêt à se rompre au moindre mauvais geste (ce qui arrive fatalement dès que les katanas sont sortis de leur fourreau).

C’est beau, c’est tendu, c’est tragique. Quoi demander de plus ?


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She Creature, Edward L. Cahn (1956)

Jaws sous hypnose n’est que bruine de l’âme

Note : 3.5 sur 5.

She Creature

Titre original : The She-Creature

Année : 1956

Réalisation : Edward L. Cahn

Avec : Des monstres mouillés ⋅ Des femmes mouillées ⋅ Des hommes qui louchent

Il faut bien qu’il y ait certaines bonnes âmes pour se dévouer à voir des curiosités dont on sait d’avance qu’elles ne viendront pas perturber le haut de nos tops, et je préfère largement suivre les bobines de fil des « classiques » plus ou moins obscures parce que c’est encore le plus souvent la garantie de se trouver au plumard avec un machin pas trop laid. Je tentais donc l’aventure, pour une fois, avec cette chose dont l’affiche et le titre étaient à peine racoleurs, pensant au moins me fendre la poire, du moins ne pas me laisser avoir aussi facilement comme un bleu. Et au final, si je me suis bien marré certes, il faut aussi avouer que j’ai eu du mal à ne pas apprécier les sous-entendus hautement sexuels qui transpirent de partout sur la pellicule dès que la She en question se trouve chaudement hypnotisée. Je suis faible, les symboles trop subtils ça me gave, je n’aime pas faire l’effort et je suis nul aux mots croisés ; en revanche, je dis pas, les symboles bien gras avec les tétons qui crissent sous la mousseline, je ne résiste pas, j’ai l’imagination qui s’enflamme d’un coup et les poils du nombril qui se dressent… I Human.

C’est que c’était censé être un film d’horreur !… Hein, hé, hé !… Certes, les seins de la créature (celle de gauche sur l’affiche) sont très réussis, et ça pousserait plutôt à la clémence, voire à la tendresse, mais redevenons sérieux, un bon film d’horreur, c’est un film où la créature se fait attendre, voire où elle descend des lapins… Un bon film d’horreur, c’est en principe un peu comme regarder un film porno des années 70 avec 90 % de scènes érotiques et des préliminaires bucoliques, avant de se rincer l’œil, et le reste, dès que les monstres apparaissent…

On peut rire, certes, de ce machin au poitrail XXL, sorte de fœtus lépreux jeté tel un Œdipe à la mer, revenant 800 millions d’années après voir sa maman pour lui montrer ses miches, à moins que ce soit son moi reptilien jaillissant des profondeurs de l’océan à chacun de ses coïts télépathiques… Reste qu’au-delà du côté grotesque, il y a bien quelque chose de savoureux à déchiffrer les relations plus ou moins symboliques, plus ou moins psychanalytiques, de ce petit jeu à trois.

La psychanalyse, si elle a un génie, c’est de pouvoir s’appliquer à tout, d’avoir toujours raison, et de faire des interprètes les véritables stars d’une démarche hautement improbable. Je me lance donc génialement dans l’interprétation de certains de ces signes (sexuels, on pense rarement à autre chose) qui me sont très subtilement apparus pendant le visionnage de ce film. Toute ressemblance avec une interprétation existante ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Je pose mes lunettes, compte les tâches laiteuses dans le flou opaque de mes pensées, et les paupières lourdes, me tourne vers mon esprit… La lampe frottée entre les cuisses, c’est à lui enfin que se révéleront les bijoux jaillissant de ses profondeurs endormies. Sa coquille se craquelle et c’est tout un passé qui s’agite entre ses doigts étiques. Viens ma belle… Tu n’obéis qu’à ma voix, seulement à ma voix. Est-ce que tu la sens ? Là, oui ?… Maintenant, parle-moi, où te trouves-tu ?…

— Entre tes bras…

Hum… On s’égare.

Ménage à trois donc. Classique. D’un côté, l’homme d’âge mûr, hypnotiseur, savant forcément fou capable presque de réanimer les morts, amoureux de sa créature, de sa chose, de sa Galatée, ayant une emprise totale sur elle, ou presque, parce que si « tu as mon corps et mon esprit…, tu n’auras pas mon cœur ! » ; de l’autre, le jeune médecin sceptique, donc ignorant des mystères de l’amour (« Tu as déjà vu un reptile avec des gros lolos ? » « Non ! Je ne te crois pas ! Je suis sceptique ! » « Je te mets au défi…, espèce de scientiste ! »), d’abord acoquiné avec une femme blonde (forcément frigide au monstre refoulé) mais qui viendra à point sauver notre belle des griffes de son gros vicieux d’hypnotiseur. Et en face d’eux… la femme. She’s a Lady whoa whoa whoa…, et ce n’est pas Delilah qui me contredira. Rousse enflammée, torturée, ligotée, qui n’attend qu’à être affranchie de ses pulsions meurtrières (par-devant, par-derrière…). La castratrice en somme. Ève la pécheresse, la fatale, celle qu’il faut remettre à sa place, et qui traverse l’écran comme une ombre en restant immobile, qui s’évapore comme la sueur froide sur un téton rompu… Le désir personnalisé, la femme convoitée, inatteignable, qui pourtant s’offre à vous mais réserve son cœur à un autre qui n’existe pas… Lascive, chaude et moite. La prostituée qu’on imagine tour à tour consentante quand elle est dans nos bras, et prisonnière quand on la voit aux bras d’un autre… La vénéneuse, dont on ne sait si ce petit regard mouillé qui nous invite à mêler notre sueur à la sienne est celui de la jouissance tendre ou de l’opium abêtissant… Con, cul, piscente, tout y passe. S’enlace et se rétracte. S’enlise et s’envenime…

C’est du classique. Triangle amoureux (l’amour radote, je n’y peux rien). La femme abandonnée qui rêve d’un amant hypothétique qui viendra jaillir de son placard ; l’affreux monstre qui lui a fait un enfant dans le dos et qui l’y tient fermement attachée ; et le candide Adam, pauvre pomme qui perd tout sang froid quand on le chatouille et qui trouvera en lui les ressources pour libérer sa belle (et se débarrasser de son monstre par la même occasion).

Tout est sexuel. La psychanalyse s’évertue à dévoiler les mystères refoulés de nos passions dansantes ?… Eh bien, c’est ça. Rien d’autre qu’un petit machin tout mou qui ressort tout dur une fois trempé dans un liquide… The She-Creature, c’est de la psychanalyse en celluloïd. Plongez-y le doigt, mouillez-y les lèvres, et c’est tout une pyrolyse qui opère en douceur. Comme la langue suave et traînante d’un hypnotiseur : « Ce monsieur te dit, trempe-la dans l’eau, trempe-la dans l’huile : ça fera un escargot tout chaud… »

Je m’écarte. Reprends mon souffle, essuie la sueur. Et je replonge.

La femme de série B se caractérise moins par l’épaisseur de son encéphale que par la profondeur de son bonnet et par sa ferme docilité. Elle est un peu fatale, mais serait plutôt la cadette de celle qu’on rencontre dans les films noirs : c’est un peu comme si l’une avait déjà vécu ce que l’autre était justement en train de subir. C’est un fantasme de petit garçon. Freud dirait qu’éconduit par sa môman, et pas encore résolu à aller tâter le terrain auprès des jouvencelles de son âge, le garçonnet passe son temps à se tripoter les méninges devant la fille next door, la copine à môman, qui porte d’affreux talons qui font ricocher son cœur, porte une de ces robes qui semblent autant empatter le corps nu que le dévoiler à la moindre brise ou lumière indiscrète… Son cerveau n’a alors que très peu d’importance, et d’ailleurs, comme le sien (au petit garçon), c’est bien le cerveau reptilien qui s’exprime. Le candide de l’histoire, le grand naïf, c’est bien lui, le petit garçon. Nous (tous les hommes sont des petits garçons car solubles dans la psychanalyse).

Seulement, bien que désirable, la femme reste pour le petit garçon un monstre étrange et inconnu. Ses hanches le fascinent, sa poitrine l’opule, sa tignasse l’enlise ; ses yeux lui charbonnent les doigts, sa bouche l’englue de miel, ses oreilles lui bouclent la bouche, ses griffes le froissent ; et ses tétons l’hypnotisent pour l’achever enfin dans des profondeurs inavouables… She’s a lady wow wow… but she’s not mine.

Elle est bien à ce scélérat, à ce cruel manipulateur, vicieux et méchant monsieur ! Il la tripote et elle se laisse faire, mais son corps tout entier dit non. Consentante malgré elle. Quand l’hypnotiseur la plonge dans une hypnose pour éveiller en elle la bête des profondeurs, elle frissonne, sa jambe se relève. On devine qu’en dessous de cette robe taillée d’une seule pièce, elle ne porte pas de petite culotte… On n’en peut déjà plus. On sue avec elle. On s’agite tout comme elle pour refuser cet affreux moustachu qui vient lui susurrer des mots à la bouche, qui lui commande d’aller encore plus profond dans ses souvenirs, qui viole et déterre ses monstres enfouis. Des monstres dont on devine qu’il pourrait tout autant en être le père.

Plongée dans un rêve hypnotique, faisant déjà jaillir la bête sur la plage d’où elle viendra, pleine d’une fureur jalouse, tuer les innocents amants, on ne voit que sa peau diaphane. Ce cou étrangement dévoilé, point trop gracile mais peau-telé, laiteux, par-dessous, parce qu’elle est couchée. A-t-on jamais vu un cou nu plus joli ? A-t-on jamais vu de cou sous cet angle sinon dans les bras d’une femme ? Par-dessous, mais que fait la police ?… Il y a des corps qu’on dévoile à peine et qui font deviner tout le reste… La blancheur de la peau, offerte comme vierge à celui qui la regarde, déjà chaude, moite et rougie de l’intérieur… est-ce bien raisonnable ?… Et toute cette sensualité, ces viols plus ou moins consentis par la force des choses hypnotiques, cent fois répétés, entre l’hypnotiseur et sa captive, pour en arriver à quoi, avant que la créature tueuse ne vienne de son plasma océanique se venger des hommes ? À une vapeur moite, un brouillard ectoplasmique censé transmuter de la femme esclave vers la bête. Celle-ci jaillit autant d’un lointain passé (traumatisant) que des eaux profondes. Freud en rougit aussi dans sa tombe… Si toutes les femmes, libres, sont des blondes frigides, typiques de la haute société californienne, dures à marier, exigeantes, éduquées et impossibles à satisfaire…, cette rousse, elle, a le feu au cul, et le brouillard alerte. Comme toutes les femmes violées, si elle éprouve du plaisir, c’est bien malgré elle ; parce qu’elle est la cadette de la femme fatale du film noir, ou la cousine de l’Ayako Wakao de Masumura : sa beauté (ou ses capacités sexuelles, ses dons transmutationnels) est une tragédie pour elle. À la fois prisonnière de l’homme qui pénètre son passé le plus refoulé, de ses pulsions tant sexuelles que meurtrières, mais aussi désireuse de s’en affranchir au plus vite, et pire que tout sans doute, la honte de se livrer ainsi à un homme capable de commander ses pulsions intimes et archaïques. C’est Andromède* enchaînée à son rocher, attendant qu’on vienne la percer, enfin je veux dire… attendant que Persée vienne la trouer, enfin je veux dire… attendant que Persée vienne la trouver…

Là, notre Persée national n’étant qu’un vulgaire sceptique et n’ayant pour épée qu’un petit scalpel penaudement décalotté, vite émoussé par les pollutions de sa belle, il laissera son fantôme matérialisé (ou son affreux rétrofœtus à la poitrine de pierre) se retourner contre son créateur… Les pinces de langoustine dans la tronche, ça fait mal : petit filet de sang à la bouche shyménique en prime avant de plonger dans un dernier rêve tellurique. Le symbole est épais et peut coaguler dans la vase avant qu’on en finisse avec le monstre, étrangement immolé sur la plage, façon feu de camp, mitraillé par les balles de policiers qui arrivent décidément toujours trop tard (zont absolument rien vu dans ce qu’il y a de plus torride dans le film, tant pis pour eux). She’s a Lady, for sure, et la psychanalyse l’a sauvée.

Ou presque. L’hypnotiseur fou est assassiné par le reptile aux nibards tueurs. Et une fois libérée, notre belle captive, sans doute bientôt un peu moins rouquine, se retrouvera dans les bras du sceptique. Il va en apprendre des jolies auprès de sa chaudasse. L’éjaculateur précoce et la femme fontaine, voilà qui promet un beau spectacle. C’est que j’en aurais bien repris en rab de ce petit cou suintant l’ivoire des plaisirs défendus…

PS : parlons technique deux secondes. Le film propose certainement le premier, et le seul, champ contrechamp entre un homme et une poitrine.

— Les yeux, petit, les yeux !

— J’peux pas ! Ils me regardent fixement ! Je suis comme hypnotisé !

— Mais voyons, Persée, ressaisis-toi et coupe-lui la tête !

— J’peux pas !!!… La tête, je pourrais, mais ce sont ces tétons, là ! Voyez ! Ils me regardent fixement !

— Mais comment espères-tu la libérer de ses chaînes si tu ne vois que…

— Oh non…

— Gros dégueulasse ! Gros dégueulasse !

— Faut mettre du sel à c’qui paraît…

— La ferme ! fallait lui couper la tête, imbécile heureux !

— Mais ses tétons dansaient… Comment résister ?

— Ah, tu parles d’un héros ! La gorgone aux sept seins peut se rhabiller…

— Sept seins vous avez dit ?! Je veux la voir ! Je veux la voir !

—… Quand tu seras grand, tête de nœud…

She’s a lady… oh oh oh oh… She’s a lady… oh oh oh oh.

Oh-oh…

pss : Le film compte aussi un petit chef-d’œuvre de réplique d’escroc lâché à un collège de sceptiques : « Si vous ne voyez rien c’est que vous ne voulez pas le voir !!! » Eh ben oui, c’est un peu ça…

*Andromède :andromede


She Creature, Edward L. Cahn 1956 Golden State Productions, Selma Enterprises (10)

She Creature, Edward L. Cahn 1956 | Golden State Productions, Selma Enterprises 


Le film est ici :
http://dai.ly/x22eif3

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