Pique-Nique en pyjama, Stanley Donen (1957)

The Company

Note : 3 sur 5.

Pique-Nique en pyjama

Titre original : The Pajama Game

Année : 1957

Réalisation : Stanley Donen

Avec : Doris Day, John Raitt, Carol Haney

Quel dommage de voir Doris Day si mal entourée… Ça ne devrait pas être permis de l’entourer ainsi d’un tel bellâtre sans charme dans un rôle principal. Il manque singulièrement de fantaisie, de malice et de simplicité, ce bonhomme (des types qui se prennent au sérieux, dans une comédie musicale encore plus qu’ailleurs, le spectateur ne peut pas les piffer).

L’amourette est donc ce qui plombe le plus le film, mais l’univers manufacturé proposé, je dois l’avouer, n’est pas beaucoup plus réjouissant. On notera toutefois quelques numéros dansés (chorégraphiés par Bob Fosse) de haute qualité : celui notamment où les deux amoureux proposent une sorte de parodie des chants et danses folkloriques du Far West.

Le plus remarquable dans ces numéros, c’est encore ceux proposés par Carol Haney dans un style loufoque et acrobatique très « années 30 » : une précision remarquable, grande inventivité, incroyable précision dans ses gestes malgré des segments hors normes, et pour le coup une fantaisie bien présente avec des mimiques à la Pépé le putois de Tex Avery. Des excès toonesques parfaits pour la scène de Broadway, mais malheureusement pas du tout adaptés pour le cinéma (elle est impressionnante dans ses numéros dansés, mais insupportable dans ses passages « comiques » : à moins de s’appeler James Carey, le jeu excessif à la Tex Avery est loin d’être conseillé au cinéma…).


Pique-Nique en pyjama, Stanley Donen 1957 |Warner Bros.


Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1957

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La Soif de la jeunesse (Parrish), Delmer Daves (1961)

La Soif de la jeunesse

Parrish

Année : 1961

Réalisation :

Delmer Daves

6/10 IMDb   iCM

 

Avec :

 

Claudette Colbert
Troy Donahue
Karl Malden
Dean Jagger
Connie Stevens
Diane McBain

Le film a presque vingt ans de retard et vingt minutes de trop.

Typique donc des films hollywoodiens de l’époque (le film a été présenté à la cinémathèque dans le cadre d’une rétrospective sur le Hollywood décadent des années 60 principalement). Des actrices vieillissantes (Claudette Colbert), des jeunes beaux et jolis, du sexe suggéré, des couleurs et de la musique criardes, la vie des petits riches, et… au milieu de toute cette peinture artificielle, Karl Malden, qui avec sa seule présence, sa capacité à jouer des personnes tout en nuances (salauds comme ici, mais pas trop) arrive à rendre parfois le film intéressant.

Autrement le mélange des intrigues romantiques et personnelles (ambition) ne marche pas vraiment, la première partie étant consacrée au premier aspect et la seconde au second.

Ces années 60 à Hollywood sont bien laides.


 

La Soif de la jeunesse (Parrish), Delmer Daves 1961 | Warner Bros.


Ce monde à part, Vincent Sherman (1959)

The Young Philadelphians

Note : 4 sur 5.

Ce monde à part

Titre original : The Young Philadelphians

Année : 1959

Réalisation : Vincent Sherman

Avec : Paul Newman, Barbara Rush, Alexis Smith

Le film prend clairement modèle sur ceux des années 30-40 avec vieillissements assumés sur plusieurs années du personnage principal et un tournage presque exclusivement tourné en studio avec des décors luxueux, de beaux appartements comme il faut, ou des bureaux d’affaires. L’histoire d’ailleurs n’est pas si mal construite que ça, même si ça zigzague un peu inutilement.

Le plus intéressant dans toute cette affaire, et qui est même fascinant, c’est l’alliance, ou la superposition, de deux méthodes de jeu. Les jeunes contre les vieux (et certains jeunes finissent très vite par jouer des vieux ce qui laisse plutôt un mélange composé des plus étranges). La méthode classique contre la method. On sent tout de même Paul Newman et Barbara Rush de plus en plus à l’étroit dans leur personnage vieillissant et enfermés dans de tels décors, obligés d’allonger les dialogues théâtraux, mais leur rencontre, tournée en extérieur à la sortie d’un chantier, vaut à elle seule le détour. Si tout le reste sonne très années 40 (du noir et blanc, à la thématique sur l’ambition et l’honnêteté, jusqu’aux raccords un peu hésitants), on sent une vraie fraîcheur ici, un talent, une spontanéité qui viendra très vite s’imposer à Hollywood pour foutre un grand coup dans la fourmilière.

Certains films ne sont pas faits pour rester dans l’histoire, mais ils témoignent assez bien sans doute d’une époque, ou en tout cas des goûts de l’époque (ou plutôt encore ce qui était alors proposé en masse au public, les blockbusters tombés dans l’oubli, ceux que, de tout temps, les masses se pressent pour aller les voir un ou deux week-ends de suite pour les oublier presque aussitôt).


Ce monde à part, Vincent Sherman 1959 The Young Philadelphians | Warner Bros.


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Un lion dans les rues, Raoul Walsh (1953)

Un lion dans les rues

A lion is in the streets Année : 1953

Réalisation :

Raoul Walsh

6/10  IMDb
 

Film inspiré de la vie d’un homme politique populiste de la Louisiane ayant lui-même inspiré d’autres films à travers l’adaptation du roman, Prix Pullitzer : Les Fous du roi.

Ici James Cagney en homme politique commençant de rien, profitant des événements pour sa gloire personnelle, etc. Globalement, la satire tire à blanc ou force un peu le trait sans que je puisse affirmer que ce serait plutôt la faute de Walsh ou de James Cagney. Certains films de Capra ou de Kazan sont plus justes sur le sujet, ou plutôt possèdent des caractéristiques plus universelles.


Un lion dans les rues, Raoul Walsh 1953 | William Cagney Productions


Funny Girl, William Wyler (1968)

Une étoile est nez

Funny Girl

Note : 4 sur 5.

Année : 1968

Réalisation : William Wyler

Avec : Barbra Streisand, Omar Sharif, Kay Medford, Anne Francis, Walter Pidgeon

Dernier succès de William Wyler, peut-être le cinéaste le plus récompensé à Hollywood. C’est un peu un symbole que ce soit un vétéran qui mette en scène l’une des dernières comédies musicales… À la même époque, le western hollywoodien et la comédie musicale flamboyante vont tomber en désuétude. Grand spectacle, Technicolor, mélange de comédie et de drame…, c’est la comédie musicale, genre propre au système des studios qui s’évapore sous nos yeux.

Peu importe, c’est un bonheur. Le film est porté par le talent et la personnalité, de Barbra Streisand. Elle sait tout faire : chanter, danser comme une poire, et surtout, faire rire ! On aura rarement vu une fille jouer aussi bien les petites idiotes. C’est qu’il en faut du génie pour jouer avec spontanéité et sincérité l’étonnement éberlué de son personnage quand elle croise Omar Sharif pour la première fois. Elle a un sens du rythme qu’elle arrive à manier avec une certaine forme de spontanéité. Il y a un charme, une intelligence qui ressort de tout ça, c’en est presque troublant. Parce que oui, Barbra Streisand est belle. On en vient à adorer cet énorme nez, à être hypnotisés par ce regard louche. Une telle vitalité, ça donne de l’énergie (et dans la vie les gens comme ça, ça épuise plus qu’autre chose, mais c’est cinégénique).

Le scénario n’est pas d’une grande perfection. L’histoire semble un peu être calquée sur celle d’Une étoile est née, avec son mari boulet vivant avec les plus grandes difficultés la réussite de sa star de femme. L’addiction au jeu de Omar Sharif remplace en quelque sorte l’alcoolisme de Frederic March ou de James Mason. Sergio Leone semble aussi avoir emprunté la scène finale des retrouvailles dans les loges pour Il était une fois en Amérique. C’est vrai que ça fait de belles scènes, pourquoi se priver.


Funny Girl, William Wyler 1968 | Columbia Pictures, Rastar Productions


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Blanches colombes et vilains messieurs, Joseph L. Mankiewicz (1955)

Blanches colombes et vilains messieurs

Guys and Dolls Guys and DollsAnnée : 1955

5/10

Vu en juin 2008

IMDb  iCM

Les Indispensables du cinéma 1955

Réalisation :
Joseph L. Mankiewicz

Avec :

Marlon Brando
Jean Simmons
Frank Sinatra
Vivian Blaine

Adapté d’une comédie musicale à succès. Quelques jolis numéros chantés ou dansés, certains très connus, mais cette histoire parallèle entre le personnage de Marlon Brando et celui de Frank Sinatra n’a aucun intérêt. J’ai du mal à comprendre l’enjeu de tout ça…

Donc quand on s’ennuie, reste à regarder les décors… Mais… trop prétentieux, trop grands, trop… Les acteurs ?… Jean Simmons, heureusement, Frank Sinatra, pas mal… et puis Marlon Brando… Là, c’est une blague. Qu’est-ce qu’il fait dans ce là-dedans ? Le personnage lui va bien, mais déjà le voir dans un Mankiewicz, c’est déjà étonnant (et ça l’était déjà deux ans plus tôt dans Jules Cesar), mais alors dans une comédie musicale… Il ne danse pas trop mal, il chante… mais il est loin d’être convaincant. Surtout quand il chante « Luck Be a Lady » qu’on compare inévitablement aujourd’hui à la version qui viendra plus tard de Sinatra. Étrange ironie. Et puis Viviane Blaine, qui joue l’éternuement avec une réussite jamais égalée ─ pas étonnant cependant, elle a eu le temps de se perfectionner : elle est la seule actrice à avoir tenu le rôle depuis les débuts à Broadway, plus de mille représentations, de quoi prendre le coup.

À oublier.

Blanches colombes et vilains messieurs, Joseph L. Mankiewicz 1955 | The Samuel Goldwyn Company


Johnny Guitar, Nicholas Ray (1954)

Faut pas gâcher

Johnny Guitar Johnny Guitar (1954) Nicholas RayAnnée : 1954

 

9/10  IMDb iCM

Les Indispensables du cinéma 1954

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Réalisation :
Nicholas Ray

Avec :

Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes McCambridge, Ward Bond, John Carradine, Ernest Borgnine

Johnny Guitare (ou Johnny Guitar), c’est un classique. Et il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas un western, ce n’est pas un film épique, ce n’est pas non plus malgré ce que pourrait laisser penser l’affiche avec ses couleurs flamboyantes, une opérette. Non, c’est un vaudeville. Ce qui est remarquable dans ce chef-d’œuvre, ce sont les dialogues. Ici on ne chevauche aucun cheval, on chevauche les répliques comme pour surenchérir sur la précédente. C’est un gun fight avec des mots. Alors quand tout d’un coup, ça se finit, on est un peu surpris et on se met comme une musique qui s’achève et qui résonne toujours dans notre tête à imaginer ce que pourrait ajouter un personnage en répondant aux phrases les plus anodines…

­– Nous irons en ville demain…

– Ah oui, la ville, j’y suis allé un jour… C’est un lieu pas comme les autres.

– Je prends du café. Tu en veux ?

– Ah, le café… Tu as toujours su en faire mieux que personne.

– Tu m’as dit autrefois que ta mère savait très bien le faire…

– Oui, et grand-mère aussi sait faire du bon café.

Bref, faut pas se prendre pour Mozart, et comme pour mémé, faut pas gâcher, un petit plaisir avec une tartine de spoilers avec quelques-unes des meilleures répliques au début du film. Parce qu’une splendeur de musique de chambre où chaque note vient comme une évidence après la précédente, ça s’écoute, ça ne s’explique pas.

« Elle pense comme un homme, agit comme un homme, et me fait douter d’en être un. »

« C’est le journal du mois dernier. Combien de fois l’as-tu lu ?

– J’aime savoir ce qui se passe.

– Bientôt, il se passera des choses ici. »

« Lance la roulette.

– Pourquoi ? Pas de clients.

– J’aime l’entendre. »

« Bonne chance, Vienna. Même si c’est peu.

– Je ne crois pas à la chance. Un bon tireur ne compte pas sur un trèfle à quatre feuilles. »

« On a des ennuis, n’en ajoutez pas.

– Les seuls ennuis ici sont ceux que vous apportez. »

« Nous vous arrêtons, vous et vos hommes.

– Tu peux arrêter la roulette. »

« On ne veut pas de vous ici !

– La terre n’est pas à vous. Pas celle-ci.

– Il vous en restera de quoi y être enterrée.

– Je compte être enterrée ici… au vingtième siècle.

« Maintenant, dehors !

– De grands mots pour une petite arme. (…)

– Posez cette arme, Vienna.

– En bas, je vends du whisky et des jeux. Si vous montez, vous achetez une balle dans la tête. »

Johnny Guitare qui se retrouve au milieu de deux camps cherche à détendre l’atmosphère :

Johnny Guitare : Vous m’offrez cette cigarette ?… (à l’autre camp :) Auriez-vous du feu, ami ? Rien ne vaut une cigarette et une tasse de café. Certains sont obsédés par l’or et l’argent. Pour d’autres, c’est les terres et le bétail. Et il y a ceux qui ont un faible pour le whisky et les femmes. Mais au fond, de quoi un homme a-t-il besoin ? D’une cigarette et d’un café.

Dancing Kid : Qui êtes-vous ?

Johnny Guitare : Je m’appelle Johnny Guitare.

Dancing Kid : C’est pas un nom.

Johnny Guitare : Vous voulez le changer ?

Vienna : Vous êtes ici pour jouer, pas pour insulter mes clients.

Johnny Guitare : Si c’est ça, vos clients, j’hésite à accepter.

Dancing Kid : Vous êtes sûr de vous, pour un homme sans arme.

Vienna : Et mal élevé.

Johnny Guitare : Le Dancing Kid ?

Dancing Kid : C’est mon nom, ami. Vous voulez le changer ?

Johnny Guitare : Non, il me plaît. Vous savez danser ?

Dancing Kid : Vous savez jouer ?

« Et vos armes ?

– Je n’en ai pas.

– Ou vous les avez jetées après.

– Quel esprit méfiant…

– Et pourquoi pas ?

– Je ne suis pas le tireur le plus rapide de l’Ouest. »

« Je t’aide à faire tes valises ?

– Je les ai jetées en arrivant ici. »

« Vous restez ?

– Il faut s’arrêter un jour. L’endroit paraît tranquille. Et amical.

– Vous me plaisez. Voulez-vous travailler pour moi ?

– Quel genre de travail ?

– Je trouverai. Vous n’aurez qu’à jouer pour moi.

– J’ai déjà une offre.

– La mienne est meilleure.

– Laisse M. Guitare décider lui-même.

– Tout à coup, vous ne me plaisez plus.

– Ça m’attriste. Je déteste perdre un ami. »

« J’ai toujours voulu tuer un guitariste.

– Noble ambition. »

« À ta place, je monterais à cheval et partirais pour ne pas revenir.

– Je devrais, mais je ne fais jamais ce que je devrais. »

« Tu n’as pas du tout changé, Johnny.

– Que croyais-tu ?

– En cinq ans, on devrait apprendre.

– Il y a cinq ans, je t’ai connue dans un saloon, tu y es toujours. Je ne vois pas de changement.

– Mais celui-ci m’appartient. »

« Tu croyais vraiment qu’après 5 ans, je t’attendrais ?

– La route est longue, d’Albuquerque. Je laissais errer mes pensées. Je me disais que nous serions réunis.

– C’est très généreux à vous, M. Logan. Est-ce une demande ?

– Un homme doit se fixer un jour. L’endroit en vaut un autre.

– C’est la déclaration la plus touchante jamais entendue.

– Je suis comblée. »

« Pourquoi ne dors-tu pas ?

– Des rêves. De mauvais rêves.

– J’en ai aussi, parfois.

– Combien d’hommes as-tu oubliés ?

– Autant que de femmes dont tu te souviens. Ne t’en va pas.

– Je n’ai pas bougé. Dis-moi quelque chose de gentil.

– Bien sûr. Que veux-tu entendre ?

– Mens-moi. Dis-moi que tu m’as attendu. Dis-moi.

– Je t’ai attendu.

– Tu serais morte si je n’étais pas revenu.

– Je serais morte si tu n’étais pas revenu.

– Dis-moi que tu m’aimes encore comme je t’aime.

– Je t’aime encore comme tu m’aimes.

– Merci beaucoup. »