Scandale, Jay Roach (2019)

Note : 1.5 sur 5.

Scandale

Titre original : Bombshell

Année : 2019

Réalisation : Jay Roach

Avec : Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie

Dilemme pour les frêles cervelles de ces Miss America biotoxées de Fox News : crier au loup après l’avoir vu ou s’asseoir sur leur dignité.

C’est donc que consternant. Jay Roach semble expliquer qu’il a filmé la séquence du relevage de jupe avec plusieurs caméras pour éviter à l’actrice de rejouer la scène. Au-delà de l’inutilité de disposer de plusieurs plans, faut déjà se demander si montrer une telle scène a un sens… Cette séquence est peut-être pour moi une des scènes de cinéma les plus vulgaires et les plus inutiles depuis… beaucoup d’autres du Loup de Wall Street(on reste dans les loups et avec cette pauvre Margot Robbie).

Impossible d’adhérer aux déboires de tels personnages. Ces femmes sont antipathiques à un point que j’en ai presque la nausée. Pour paraphraser le titre d’un film où apparaissait également, il y a bien longtemps, Nicole Kidman : de telles femmes Prête(s) à tout, que ça leur retombe sur la figure, j’aurais du mal à pleurer leurs malheurs. Victimes, assurément, d’abord de leur épouvantable vénalité qui les rabaisse plus bas que terre : elles tirent bénéfices des sévices et humiliations dont elles sont victimes, aussi et surtout, pour accéder à des postes que des plus honnêtes et des plus professionnelles auraient décroché si la première d’entre elles avait bien fait comprendre à ces porcs qu’il n’était pas question d’accepter leurs propositions ou leurs remarques déplacées. Et quand on en vient à accéder à des postes par simple promotion canapé, est-ce qu’on peut encore parler de harcèlement ? Si certains des cas rapportés (et réels) à la fin du film relève du harcèlement, ceux présentés dans le film, s’apparentent parfois plus à de la corruption. Même si c’est un supérieur, ton patron, ou le pape qui te demande de baisser ta culotte contre promotion, tu peux encore claquer la porte, ça s’appelle de l’honnêteté et de la dignité. C’est aussi une question de morale : si tu acceptes, ça veut dire que dix derrière toi subiront le même sort.

Et on se retrouve même avec un trésor de cupidité pour des personnages qui n’ont que le fric en vue, à la fin, quand l’une d’elles empoche le chèque contre son silence (elle n’a en plus pas d’honneur puisqu’elle fait bien comprendre qu’elle prend le fric mais ne respectera pas l’accord). Les prostituées sont des victimes beaucoup plus à plaindre que ces dames du petit écran.

Il y a, en retour, trois secondes de rédemption possible pour le personnage (fictif) de Margot Robbie, quand elle décide de faire ce que la première et toutes auraient dû faire à la première allusion graveleuse : se barrer. À une époque où il est beaucoup question de consentement, il faut être clair : un enfant n’est pas disposé à exprimer de “consentement” face à un adulte prédateur. Un adulte contre adulte ? À des degrés divers, le corrupteur et le corrompu sont fautifs. Si le seul préjudice est porté par la victime, elle porte également une responsabilité morale qui porte atteinte à son honneur quand elle accepte des avances présentées comme un deal. Il n’est pas question d’attouchements par surprise, de viols ou de harcèlements, mais bien de deals. Qu’elles disent non et perdent leur job, et elles ont tout mon respect ; qu’elles cèdent aux avances et accèdent à des postes qu’elles n’auraient pas eus autrement, no way.

Tout n’est pas noir et blanc, les gros porcs d’un côté, les fragiles victimes de l’autre. Le regard réellement féministe dans cette histoire, on nous le propose jamais : celui des femmes qui n’ont jamais ce genre de promotion, voire de proposition, parce qu’elles ont dit non, ou parce qu’on ne s’imagine pas qu’elles puissent dire non. Il y a une différence par exemple quand on est une femme à décider de venir en jupe au travail, et de se l’imposer parce que c’est le patron qui le demande. Suffit de dire non. Refuser de mettre une jupe et… se casser, ça n’a jamais empêché personne de manger à sa faim. Ce genre de filles a-t-il appris à dire non ? Non.

Affligeant.


 
Scandale, Jay Roach 2019 | Creative Wealth Media Finance, Annapurna Pictures, BRON Studios 

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Prometheus, Ridley Scott (2012)

You shout a film but in space no one can bear your screen, Ridley.

Prometheus

Note : 2.5 sur 5.

Année : 2012

Réalisation : Ridley Scott

Avec : Noomi Rapace, Logan Marshall-Green, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba

Donc depuis la fin des années 80, Ridley Scott est perdu dans l’espace, c’est bien ça ?…

Je résume. Qu’est-ce qui faisait le génie d’Alien et de Blade Runner ? Le rythme lent, l’atmosphère oppressante, le design soigné, réaliste… Tout ça s’est perdu dans l’oubli comme des larmes dans la pluie. Alors soit, il tente de renouer le contact avec ses succès passés, mais l’intention, louable au départ (oui je rêvais de le voir renouer avec le genre SF…) se révèle être un massacre, un peu comme si Ulysse de retour à Ithaque trouvait Pénélope dans les “bras” d’Argos.

C’est bien un monstre que nous a pondu Ridley. Un film plein de références à la franchise, croyant sans doute faire plaisir aux fans, mais justement, chaque film doit être capable d’exister par lui seul. Le journal de bord de Shaw ? Une référence trop évidente au troisième volet. Le type infecté lors de sa sortie et le capitaine refusant de le laisser entrer dans le vaisseau ? On l’a déjà vu dans le premier. Le réveil ? Déjà fait. Les robots et leur infaillible soumission à la compagnie ? Idem. Une équipe constituée ne sachant pas ce qu’ils viennent foutre dans cette galère ? Pareil. Le gentil navigateur noir qui va bravement mourir n’hésitant pas à se sacrifier pour son maître, ou sa maîtresse ? (Assez douteux et) déjà fait. L’atterrissage sur une planète inconnue et l’exploration d’une cabane abandonnée qui fait bien flipper Rapace ? Déjà fait. (On perd « sa race » au profit de « rapace », il faut mettre ça au crédit de l’évolution des espèces.) La trace gluante sur un mur que même les scénaristes de Scoubidou n’oseraient plus utiliser ? Déjà vu. Un héros féminin pour jouer sur l’effet de surprise, le contraste, le sex-appeal ? Là encore, référence trop évidente, trop usée, trop lourde, trop facile…

Le problème n’est pas que tout ça ait déjà été abordé dans la franchise, c’est surtout que ça l’a été, toujours, de manière plus convaincante. Il faudrait être sacrément bien luné pour voir une cohérence dans cette soupe de grumeaux. Le problème n’est pas non plus de se répéter, si c’est bien fait. Or, ça ne l’est pas. Et Scott n’arrive même pas à s’imiter lui-même.

Une seule scène sauve le film, mais c’est probablement involontaire : celle de l’opération chirurgicale. L’exécution pour le coup, avec son côté parodique, est bien menée. On voit la même séquence dans Alien3, c’est donc encore du recyclage, mais ça va beaucoup plus loin… dans le ridicule. On ne voit pas du tout venir la manœuvre. « Tiens, une machine pour opérer les gonzesses… » Nous : « Ah, qu’est-ce que ça vient foutre là ? Hum, je vois la suite… » La suite : « Ouille, j’ai un truc qui pique dans le derche, il faudrait que je me le fasse enlever ! Youpi, il y a le machin truc pour m’opérer ? » Tout à coup on était plongés dans Starship Troopers. Je n’ai aucun doute que Scott ait mis tout son sérieux dans cette séquence, mais c’est justement ce qui est drôle. Et même sans ça, cette séquence, c’est l’aboutissement de tout un mythe à travers un simple pied de nez. « Depuis tout ce temps où on vous a fait suer avec cette créature, on avait la solution !!! » Voir la Rapace dans cette séquence a quelque chose d’étrange. Je parlais de sex-appeal plus haut, or sa capacité à exciter un homme est proche de zéro. Ce n’est pas une femme, c’est un hobbit. Là encore, on suit l’air du temps, et j’imagine bien dans la suite du préquel la voir se faire poser par la même machine un anneau gastrique (et quoi de mieux pour un préquel qu’un « You will not past » comme slogan). Sigourney Weaver était déjà curieusement charpentée, mais ça collait à son rôle de lieutenante burnée. Là, la logique, ou le fantasme de la voir à poil, ruisselante de sueur, s’agitant frénétiquement, c’est quoi ? Mystère, c’est du grand n’importe quoi, et c’est pour ça que c’est drôle. Une idée, en général, elle doit s’intriquer (j’ai dit trique ?) dans un ensemble. Seulement ici, la cohérence de l’histoire est suspecte. Toute idée est donc bonne à saisir et on brode dessus. Sorte de patchwork d’idées forcément informe et ridicule. La machine opère même au scénario. Et quand ça ne veut pas accoucher d’une histoire cohérente, pas grave, elle a les moyens de forcer la porte. Prométhée la Lune, je vous donnerais les étoiles…

Parce qu’il est bien là le problème de Prometheus. L’absence d’un scénario qui tienne la route. Manque criant d’unité et de cohérence, de rythme, de tension. Et feu Ridley Scott à ne savoir sur quel pied danser : est-ce un thriller, un film d’action ? Est-ce Le Huitième Passager ? Aliens ? Il faut choisir. Parce qu’en l’état, c’est une Histoire Génétiquement Modifiée.

Je n’ai rien contre le principe du préquel. Mais on doit en dire juste assez pour captiver l’attention du spectateur, jouer avec ce qu’il connaît déjà, sur les origines, et ensuite faire un tout autre film qui se suffise à lui-même. Évidemment, Scott tombe dans le piège et préfère proposer un film hommage, ou un film explicatif. Dans « origines », c’est vrai, on peut comprendre « explications ». Mais pour les explications, on a les commentaires sur les DVD, les bonus. On ne pond pas tout un film pour expliquer un mythe. Surtout pas quand on est justement incapable de l’expliquer clairement. L’art de raconteur d’histoire, c’est avant tout l’art de rendre les choses simples… On passe d’un mythe qui était autrefois sujet à toutes les interprétations, à toutes les fantaisies, la nôtre, à cette chose indigeste. Le film en dit trop ou pas assez. Limiter les révélations, les idées, et les dévoiler clairement à l’esprit du spectateur : « Luke, je suis ton père ! » Simple, efficace. Ici : « oui, bon, alors…, je ne suis pas sûr, mais il se pourrait, je dis bien il se pourrait, qu’il y ait eu une espèce humaine, ou humanoïde, enfin extraterrestre, tu me suis ? qui serait à l’origine de l’humanité… » Heu, mais ça n’a rien à voir avec le mythe Alien, quel rapport ? Et ce n’est pas un peu du créationnisme cette histoire ? La théorie de l’évolution tu en fais quoi ?

Et sérieusement, c’est quoi le rapport entre cette huile noire dégoulinant du studio de X-Files avec cette espèce de zigouigoui sorti de Star Wars ?…

Je m’arrête deux secondes sur le design parce qu’il m’a donné mal aux yeux. Trop de couleurs, trop d’hologrammes m’as-tu-vu… « Regardez comme c’est beau et comme ça brille !… » Heu, mais on est où là ? Où est le style organico-gothique de Giger qui convenait si bien à un film d’horreur ? Certes il était intéressant de créer un contraste entre un vaisseau high-tech et la rudesse de la caverne (ou la cabine au fond des bois), mais on prend le risque encore une fois du manque d’unité. Si on fait de ce vaisseau une invention humanoïde, une espèce avancée, ça n’a plus aucun sens de jouer sur l’organico-gothique des origines. Il n’y a plus vraiment de contraste entre le monde connu, rassurant, propre et lisse, et le monde inconnu, visqueux, inquiétant, puisque le vaisseau selon toute logique doit lui aussi présenter un aspect suggérant l’avancée de cette espèce (même si c’est contraire au mythe initial). L’unité était parfaitement rendue dans les trois premiers volets, parce que les vaisseaux humains présentaient déjà un aspect métallique assez peu rassurant. Peu de contraste. Et il suffisait qu’à éteindre la lumière, instaurer la peur, un fond sonore, pour en faire l’antre de la bête. Dans le Huitième passager, l’utilisation des néons blancs avait déjà un côté organique, inquiétant, comme une lumière tamisée traversant la chair. C’était froid comme la lumière chez le dentiste avant qu’il vous charcute les gencives, c’était flou, et le tout offrait une atmosphère mystérieuse comme un brouillard, qui ne présageait rien de bon. Moins on voit, plus on devine, mieux le spectateur se porte. Les lumières rouges orangées de la salle « Maman » étaient dans le même ton : si ça clignote, c’est que tu es encore en vie, mais pour combien de temps ? Dans Alien 3, la prison était déjà humide, froide (et chaude à la fois), métallique, exactement comme la créature de Giger. Où ici trouve-t-on une unité ? Ça part dans tous les sens.

Donc oui, ce film n’avait rien de nécessaire. Expliquer un mythe, c’est tuer le mythe. Et on peut bien laisser Ridley Scott crier, ça vaut bien le Perdu dans l’espace avec Matt Leblanc…

Prométhée fait long feu. Le scénario n’est que poussière. Repose en paix, (feu) Ridley Scott.

(Note 2016 : Après Alien, Scott s’apprête à violer Blade Runner : Non, non, non !)


Prometheus, Ridley Scott 2012 | Twentieth Century Fox, Dune Entertainment, Scott Free Productions


À lire sur La Saveur des goûts amers :

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Dans la vallée d’Elah, Paul Haggis (2007)

Crise améroïdaire

Dans la vallée d’Elah

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : In the Valley of Elah

Année : 2007

Réalisation : Paul Haggis

Avec : Tommy Lee Jones, Charlize Theron, Jonathan Tucker, Susan Sarandon, James Franco, Josh Brolin, Jason Patric

Un militaire est porté disparu dans une caserne américaine. Son père, lui-même ancien militaire, est prévenu et part à sa recherche. Le corps de son fils, ou ce qu’il en reste (il a été découpé en morceaux, puis brûlé dans une vaine tentative de dissimulation du corps), est retrouvé près d’une route sur un terrain appartenant à l’armée. L’enquête est disputée par la police locale (une femme flic au grand cœur, interprétée par Charlize Theron) et par la police militaire américaine. Le père (Tommy Lee Jone) poursuit sa propre enquête.

Le film suit alors le schéma d’un film policier banal : les doutes des enquêteurs, les fausses pistes, les revirements intempestifs… Mais ce n’est pas tant le cadre d’une simple enquête à résoudre qui importe. Le film dépasse sa nature première et nous dévoile un malaise profond. Le malaise de l’Amérique tout entière, comme l’illustre symboliquement la dernière image du film avec un drapeau américain hissé à l’envers pour signifier la détresse d’une nation en péril. Et plus particulièrement, le malaise de l’armée US, l’armée censée apporter la liberté et la démocratie dans le monde, en Irak, et qui se révèle être une immense usine à fabriquer des psychopathes, comme l’avait déjà démontrée par le passé la Guerre du Vietnam.

Dans la vallée d’Elah, Paul Haggis (2007) In the Valley of Elah | Warner Independent Pictures (WIP), NALA Films, Summit Entertainment

Une œuvre antimilitariste sans doute, qui échappe surtout au manichéisme et aux certitudes toutes faites. L’armée américaine n’est pas présentée comme un démon ; la politique de Bush n’est pas plus évoquée ; même si on prend connaissance des exactions pratiquées par les soldats américains en Irak, ce n’est pas le sujet, l’accent n’est pas porté là-dessus et le film évite l’écueil d’une indignation facile et stérile. Tout est mis en œuvre pour traduire la réalité des exactions en temps de guerre : elles sont inévitables. Une guerre n’est pas propre. Mais cruelle. L’occupation d’un territoire ennemi n’est évoquée que pour rappeler sa futilité et les dégâts qu’elle engendre malgré elle. Malgré l’histoire qui se répète, les occupants voient toujours comme légitime cette présence. Au lieu de résoudre les problèmes, elle ne fait qu’en produire d’autres, plus imprévisibles et plus sournois. Les militaires qui sont pris dans un conflit qui dure et dont ils ne comprennent pas le sens, perdent pied. Il n’y a alors plus que deux issues pour eux : la dépression ou la folie. Et dans tous les cas, le constat est le même, terrible et implacable : la guerre participe à la destruction de ceux qui la font. Il n’y a pas de gagnant ; la guerre profite à ceux qui ne la font pas.

Le film pourrait être résumé en deux scènes. La première, quand l’un des trois meurtriers du fils du personnage de Tommy Lee Jones révèle toute son histoire durant un interrogatoire. On apprend pourquoi son fils était surnommé Doc (il s’amusait à planter ses doigts dans les plaies des Irakiens qu’ils ramassaient) et le militaire n’éprouve aucun ressentiment par rapport à son acte. Il reste pourtant lucide : ça aurait pu être lui un autre soir. Pour eux, cette violence est simplement devenue leur lot quotidien, une routine née en Irak pour tuer les principaux ennemis du soldat : l’ennui et la peur. La seconde scène, quand Tommy Lee Jones revient à la fin du film, dans la chambre de son fils, à la caserne. Il y croise un rookie venant s’installer. Ce soldat, qui n’a encore rien vu, rien vécu, n’échappera pas au futur que les démons de la guerre ont préparé pour lui… Comme le fils de Tommy Lee Jones, comme les amis de son régiment, comme l’armée US dans sa totalité, comme les idéaux et les illusions de l’Amérique… Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort nous nous vîmes vains mille en amenant la mort…

Le film ne dénonce pas, il constate. Et il n’en est que plus efficace. Efficace, la mise en scène l’est également. Elle colle à son sujet, adopte un ton approprié, digne, se refusant les effets de style… Le ton, c’est celui, grave et morne, adopté en respect du deuil des victimes de cette guerre qui s’est officiellement achevée en 2003 : ennemis et victimes des soldats, soldats eux-mêmes. Et leur famille.

J’avais tort d’être méfiant après avoir vu Collision, qui se perdait trop vers la fin dans le pathos. Là, même si l’émotion est encore au centre de tout (à cause du personnage de Theron surtout), la mise en scène parvient à la garder contenue et à épurer ses effets.

Le cinéma américain prouve une nouvelle fois qu’il est prompt et efficace à mettre en scène ses propres démons. La qualité de la culture américaine tient aussi et surtout dans cette capacité à être honnête avec elle-même. Elle ne se cache pas, au contraire, en n’hésitant pas à démystifier la part d’ombre de son rêve (américain). On n’a peur que de ce qu’on ne connaît pas (à l’instar de ces soldats US qui sont envoyés à l’aventure dans un pays qu’ils ignorent, ne comprennent pas, et qu’ils ne peuvent appréhender que par la peur). Et si la culture us est si omniprésente, c’est qu’en dévoilant les contours de sa réalité, côtés obscurs compris, on la cerne dans son ensemble. Et la connaissant mieux, on peut s’autoriser à l’aimer. On n’apprécie que ce qu’on connaît. Difficile pour une culture qui ne sait pas faire son autocritique de se faire apprécier. Ce sentiment d’amour-répulsion que cette culture inspire dans le monde, c’est de l’amour. ─ La France elle, attend toujours un film efficace sur la Guerre d’Algérie, sur le scandale du sang contaminé, sur le scandale des banlieues, sur ses syndicats pourris, sur les magouilles financières, sur l’impuissance chronique et la puérilité de ses dirigeants, sur le fonctionnement et le mode de promotion dans les entreprises. Pour elle donc, ni amour, ni répulsion ; mais de l’indifférence.


 


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