Au programme :

Le code Hays est définitivement mis au rebu. De nouvelles formes s’imposent à l’écart d’Hollywood, la contre-culture roule sur l’Amérique. Dans Medium Cool, Haskell Wexler interroge la responsabilité des médias (télévision et presse) dans le traitement des révoltes et des luttes pour les droits civiques (une critique toujours d’actualité en y ajoutant les réseaux sociaux). Le film, notamment par sa forme, inspirera de nombreux cinéastes. Macadam cowboy en fait autant en racontant les déboires de deux inadaptés rêvant d’une vie meilleure. Les deux films sont classés X à leur sortie, un système tout juste adopté pulvérisant définitivement le code Hays et permettant à certains films de se faire en échange d’une classification et d’une limite d’âge. Après celles de Chicago dans Medium Cool, ce sont les rues de New York qui servent de décor au film de John Schlesinger. Le star system n’est pas pour autant fini : Butch Cassidy et le Kid met à l’affiche deux des grandes vedettes de l’époque, Paul Newman et Robert Redford. Inspiré de la violence nouvelle de Bonnie and Clyde, Sam Peckinpah initie de son côté le style Peckinpah fait de violence et de montage dynamique avec La Horde sauvage. À l’écart de Hollywood, Easy Rider devient de son côté le symbole de la contre-culture américaine. Plus en marge encore, Salesman est un nouvel exemple de documentaire usant des méthodes du cinéma direct après les films de D.A. Pennebaker et de Frederick Wiseman. Le mouvement a également ses habitudes au Canada où deux ans après Warrendale, Allan King tourne A Married Couple. 1969 voit aussi une sorte de passage de relais entre générations quand Henry Hathaway réalise son dernier succès avec John Wayne (100 Dollars pour un shérif) tandis que Woody Allen réalise son premier véritable film, un faux documentaire : Prends l’oseille et tire-toi !

Grâce à son étonnante diversité, le cinéma français vit sa meilleure vie et rivalise avec les productions étrangères. D’un côté, les films grand public (mais souvent exigeants) : L’Armée des ombres, Z, La Piscine, Le Clan des Siciliens. De l’autre, les films de la nouvelle vague ou apparentés (imposant parfois une forme de « nouvelle qualité française ») : Ma nuit chez Maud, La Voie lactée, Que la bête meure et La Femme infidèle (Chabrol), L’Amour fou, Une femme douce, La Sirène du Mississipi. Et au milieu, les documentaires ou les films inclassables : Le Chagrin et la Pitié, L’Inde sauvage, Le Grand Amour.

Les cinémas tchécoslovaque, polonais, hongrois et soviétique sont toujours à la fête. Tandis que le cinéma italien est en perte de vitesse (seulement 4 films de cinéastes confirmés capables de se lancer dans de grosses coproductions, la fin d’un âge d’or).

Le cinéma japonais de la nouvelle vague se radicalise, notamment sous l’influence de l’Art Theatre Guild (ATG), avec Yoshishige Yoshida (Eros + Massacre), Yasuzo Masumura (La Bête aveugle), Masahiro Shinoda (Double Suicide à Amijima), Kôji Wakamatsu (Vierge violée cherche étudiant révolté) ou Toshio Matsumoto (Les Funérailles des roses). Hideo Gosha et Nagisa Ôshima s’en tiennent à des formes plus sobres avec Goyokin, Hitokiri et Le Petit Garçon.

Au Brésil, Glauber Rocha achève ce qui est perçu parfois comme sa trilogie : après Le Dieu noir et le Diable blond en 1964, puis Terre en transe en 1967, sort Antonio das Mortes. En Espagne, La Résidence donne un avant-goût des slashers qui seront à la mode les deux décennies suivantes aux États-Unis. En Allemagne, Rainer Werner Fassbinder entame sa carrière long format avec Le Bouc.

16 films américains, 15 films français (et suisse), 10 films de l’Est, 8 films japonais, 6 films britanniques, 6 films ibéro-américains, 4 films italiens, 2 films scandinaves, 2 films du Moyen-Orient, 2 films allemands, 1 film indien.

Butch Cassidy et le Kid, George Roy Hill 1969 | Campanile Productions, Newman-Foreman Company

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