Violences de la société

— Grand chef à plumes —
Brève réponse à ce fil de Yogina concernant une « insulte » de M.Peltier adressée à Acermendax.
Désolé de ne pas être tout à fait d’accord. Si M.Peltier se sert de cette expression évidemment pour déprécier Mendax, il s’agit en réalité d’une hyperbole méliorative pour… les Amérindiens et leur culture.
Une autre hyperbole aurait été de parler de « chef suprême » ou de « gourou » (terme, là, à connotation péjorative parfois utilisé pour évoquer M.Peltier). Le côté mélioratif, il est précisément de rappeler le rôle de leader du « grand chef à plumes » sans absolument aucun sens dépréciatif. Il s’agit d’une référence non pas folklorique, mais historique : la coiffe amérindienne appartenant au patrimoine culturel de l’humanité.
Supprimer les allusions mélioratives des cultures dans le langage, c’est un peu aussi les tuer une seconde fois et anéantir toute possibilité de parler d’elles en bien.
Ce qui pose problème ici surtout, c’est la manière de voir en Mendax un leader. Chacun est assez grand pour penser par lui-même. Mais c’est ce qu’elles voudraient que d’autres croient. (Mendax n’est pas un leader.)
Reste la question de l’appropriation culturelle. Mais là, ma foi, la langue s’organise et évolue toujours par appropriation. Refuser les apports et les références exogènes figeraient et tueraient toutes les langues… La question demeure d’ailleurs la même : l’allusion est-elle péjorative ou méliorative, a-t-elle pour but de marquer une forme de domination ou au contraire de respect ? Je ne vois rien d’offensant dans ces syntagmes. « Grand » « chef » « à plumes ». Pour s’en convaincre, il suffit de chercher quelques occurrences sur google books. L’idiotisme est toujours utilisé comme une hyperbole synonyme de chef imposant. Ainsi, l’anthropologue Ary Gordien écrit dans la conclusion d’un article publié sur theconversation : « L’enjeu principal n’est donc pas de tracer des frontières culturelles imperméables, mais de combattre la reproduction de ces inégalités ou, au moins, d’en limiter le plus possible l’impact ».
Les limites du politiquement correct, c’est l’invisibilisation des formes d’appropriation méliorative ou créative sans visées néocolonialistes. J’avais déjà un peu évoqué ce sujet dans Se grimer en noir quand on joue Othello, est-ce raciste ?
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