The Hollywood Rush

Pages : 1 2 3 4 5 6

Joe May

Né Joseph Otto Mandel à Vienne (Empire austro-hongrois) en 1880. Metteur en scène d’opérettes à Hambourg avant-guerre, il réalise des films dès 1911. En 1915, il fonde sa compagnie et réalise une série de films policier.

C’est lui que viendra voir Fritz Lang en 1917 pour débuter sa carrière de scénariste. Considéré comme un pionnier du cinéma allemand, il construit ses studios à Berlin en 1918. Durant les années 20, il réalise des films d’aventures et finit la décennie avec sans doute son film le plus connu, Asphalte. Il participe aux grosses productions franco-allemandes du début du parlant, mais décide de rejoindre les États-Unis en 1933.

Dès 1934 avec son premier film à Hollywood pour la Fox, Music in the air, il retrouve une poignée d’exilés européens parmi lesquels Erich Pommer et Billy Wilder. Trois ans après il tourne Confession avec Kay Francis pour la Warner. C’est ensuite avec Universal qu’il réalise des films de série B entre 1939 et 1941.

Sa carrière américaine est peu significative en termes de qualité, mais son passage à l’Ouest, comme celle du producteur légendaire de la UFA, Erich Pommer, tous deux pionniers et symboles d’un cinéma allemand surpuissant à l’entre deux guerres, est le signe incontestable d’une fuite irrémédiable des “cerveaux” européens vers la Californie. Si le cinéma français avait perdu sa place centrale en 1914, le puissant cinéma allemand de la République de Weimar devait à son tour céder face à Hollywood. Quand le bateau coule, les génies quittent le navire (d’autant plus que parmi tous ces émigrés figuraient pas mal d’anciens militaires ayant pris part à la première guerre mondiale ; contrairement à d’autres, ils en avaient vu assez).

Billy Wilder

Né en 1906 à Sucha (actuelle Pologne). Il travaille comme scénariste à Berlin mais sans grande réussite. À l’arrivée des nazis au pouvoir, il passe brièvement en France et rejoint les États-Unis en 1933 comme tant d’autres. Il partage un appartement avec Peter Lorre et participe à des scénarios le plus souvent avec des équipes composées d’expatriés.

C’est en 1938 qu’il se fait un nom, avec La Huitième Femme de Barbe Bleue, en adaptant avec Charles Brackett une pièce de boulevard française déjà adaptée au temps du muet pour… Gloria Swanson (pour qui Brackett et Wilder écriront plus tard Boulevard du Crépuscule, et que Wilder a croisée sur Musique dans l’air). Lubitsch, Brackett et Willder se retrouvent l’année suivante pour la MGM sur Ninotcka. Et la même année Brackett et Wilder écrivent pour Claudette Colbert La Baronne de minuit. Le duo remet les couverts plusieurs fois et c’est en 1942 que Wilder réalisera son second film, le premier à Hollywood : Uniformes et jupons courts. Suivront trente années de chefs-d’œuvre.

Fred Zinnemann

Né à Vienne en 1907. En dehors du fameux Les Hommes le dimanche (qu’il réalise avec Wilder et Siodmak), et après un passage éclair au Mexique, c’est Hollywood qui lui donnera sa chance.

Il y arrive en 1934, réalise de nombreux courts métrages, et c’est en 1942 que la MGM fait appel à lui pour passer au long. D’abord pour des films de série B, mais ça tombe bien, on est en pleine période du film noir. Après l’excellent Acte de Violence toutefois, il se tourne vers le film de guerre ou le western.

Il reviendra en Europe à la fin de sa carrière (et quelques accroches avec la MGM) pour tourner l’excellente biographie sur Thomas More, Un homme pour l’éternité, Chacal, et filmera toujours en Europe cette fois pour la Fox, Julia.

Walter Reisch

Réalisateur et surtout scénariste viennois né en 1903. Il travaille d’abord essentiellement en Allemagne. En 1933, à cause de ses origines juives, il revient travailler à Vienne où il écrit le scénario du remarqué Mascarade (Willi Forst, 1934).

Après un court passage en Angleterre, il répond favorablement à une proposition de la MGM. Il travaille au scénario de Ninotchka (1939) avec Billy Wilder et Charles Brackett, avec qui il travaillera à de nombreuses reprises. Il participe à l’écriture de nombreux succès jusqu’au début des années 50 et écrit le scénario de quelques films allemands après la guerre. Il était devenu citoyen américain en 1942.

Fritz Lang

Né à Vienne (Empire austro-hongrois) en 1890. À vingt ans, juste avant la guerre, il parcourt le monde, passe par Paris, mais doit enfin s’engager dans l’armée et rentrer au pays. Plusieurs fois blessé, gradé au rang de lieutenant, il propose avant même la fin de la guerre des scénarios à un autre cinéaste viennois, pionnier du cinéma allemand qui partira pour Hollywood : Joe May (Asphalte). Lang passe rapidement à la mise en scène pour adapter lui-même ses scénarios, et en 1919, il réalise Le Métis. Alternant alors films d’aventures, d’horreur, et même de science-fiction, il s’impose comme un maître incontestable du cinéma allemand de l’époque. Le temps de réaliser son chef-d’œuvre sonore M, et il quitte l’Allemagne nazie. En France, il tourne Liliom qui regroupe une équipe internationale dont certains rejoindront Hollywood : le producteur allemand Erich Pommer, Charles Boyer, et le directeur de photographie Rudolph Maté.

Selznick lui propose de rejoindre Hollywood et la MGM aussitôt Liliom terminé en 1934. Il faudra attendre 1936 pour le voir réaliser son premier film hollywoodien, Fury. Comme d’autres réalisateurs expressionnistes, il réalisera ce qu’on appellera un peu plus tard des « films noirs », mais renoue aussi avec d’autres genres comme le western ou le film d’aventures.

Rudolph Maté (directeur de la photo puis réalisateur)

Né Rudolph Mayer en 1898 à Cracovie (alors en Empire austro-hongrois). Après la guerre, il travaille comme directeur de la photographie à Budapest, et à Vienne où il rencontre Karl Freund et Alexander Korda. En 1924, il rejoint l’Allemagne et la UFA et signe la photographie de Mikaël, sa première collaboration avec Carl T. Dreyer. Quatre ans plus tard, le danois fait à nouveau appel à lui pour La Passion de Jeanne d’Arc. Il participe aux productions internationales européennes de l’époque, comme sur Prix de beauté avec Louise Brooks, retrouve Dreyer pour son Vampyr, et collabore au Liliom de Fritz Lang.

C’est donc en 1935, comme beaucoup d’autres, qu’il rejoint Hollywood. Peu avant que Lang mette en scène Spencer Tracy, Maté fait tourner l’acteur américain sur un film de Harry Lachman, L’Enfer.

Il continue de travailler entant que directeur de la photo avec le pionnier canadien Allan Dwan, avec Richard Boleslawski (qui vient de la même région que lui et qui avait travaillé avec Dreyer). Sa première collaboration dans un film majeur hollywoodien se fait avec Wyler pour Dodsworth, dès 1936. La même année, il travaille avec Howard Hawks pour le Vandale, puis King Vidor pour Stella Dallas. En 1937, il retrouve Charles Boyer qu’il avait éclairé dans Liliom, pour Leo McCarey et sa première version de Elle et Lui. Henry Hathaway, Hitchcock… Pendant la guerre, il rejoint Alexander Korda à Londres pour éclairer Lady Hamilton. Il travaille alors pour tous les studios, de préférence avec des réalisateurs expatriés comme Charles Vidor (il signe la photo de La Reine de Broadway et Gilda), Henry Koster, ou Lubitsch (To be or not to be).

Il passe à la réalisation en 1947. Quelques titres notables : un film de SF, Le Choc des mondes, un film noir, Mort à l’arrivée, et deux westerns, Marqué au fer et Le Souffle de la violence.

Peter Lorre

Né László Löwenstein le 26 juin 1904 à Rózsahegy (Empire austro-hongrois, aujourd’hui Slovaquie). Début d’acteur en 1921 sur les planches de Vienne, puis travaille à Berlin avec Brecht. Début pour la UFA en 1930 avec un petit rôle dans, Le Démon blanc, un film du réalisateur de Casanova, Alexandre Volkoff. Il enchaîne tout de suite avec M le Maudit qui le rendra célèbre. Il continue sa carrière en Allemagne jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir. Issu d’une famille juive, il se réfugie d’abord en France, puis en Angleterre en 1934 où il tourne L’Homme qui en savait trop.

L’année suivante, en 1935, il rejoint Hollywood avec sa première femme, Celia Lovsky, et tourne pour la MGM avec le réalisateur allemand Karl Freund, Les Mains d’Orlac. Suivront quelques années fastes durant lesquels il apparaîtra dans Le Faucon maltais, Casablanca, le Masque de Dimitrios. En 1951, il retournera en Allemagne pour tourner son seul film en tant que réalisateur, L’Homme perdu.

Autre acteur né du côté de l’actuel Slovaquie : Cornel Wilde, né Kornel Lajos Weisz en 1912 (Empire hongrois), connu pour ses rôles de bellâtre dans Péché mortel ou dans La Grande Évasion, mais surtout pour s’être mis lui-même en scène dans un film qui fit date, la Proie nue.

Wilhelm Thiele

Né à Vienne (Empire austro-hongrois) en 1890. D’abord metteur en scène de théâtre à Munich, puis réalise ses premiers films en 1923. Les coproductions franco-allemandes du début des années 30 lui permettent de tisser des liens et de quitter définitivement l’Allemagne nazie. Il réalise quelques films en France et en Angleterre et rejoint l’Amérique en 1935.

Il réalise pour la Fox The Lottery Lover, puis Hula, fille de la brousse pour la Paramount. Les films suivants seront produits par la MGM. Thiele touche à tous les genres. Au milieu des années 40, il tourne avec Johnny Weissmuller* deux Tarzan.

*Johnny Weissmuller est né en 1904 à Freidorf (Empire austro-hongrois, aujourd’hui Timişoara en Roumanie). Immigration enfant avec ses parents ; il deviendra champion olympique (avec des papiers falsifiés car apatride) avant de devenir la figure légendaire de Tarzan dans une longue série de films.

Otto Preminger

Né à Wiznitz (Empire austro-hongrois aujourd’hui en Ukraine) en 1905. À dix ans, sa famille s’installe à Vienne. Il devient acteur et metteur en scène de théâtre puis réalisateur en 1931 toujours en Autriche.

En 1935, il est approché pour rejoindre Broadway. L’année suivante, il dirige son premier film de série B pour la Fox, Under your spell. Le studio lui confie un film à gros budget en 38, le Proscrit, mais Preminger se fâche avec Zanuck et le réalisateur se voit blacklisté par le tout Hollwyood. Il retourne aux planches et accepte des rôles de nazi pendant la guerre pour… la Fox, Zanuck devant répondre à ses obligations militaires. Finalement Preminger revient à la réalisation en 43. Et dès l’année suivante, il réalise son chef-d’œuvre, Laura.

Henry Koster

Né Hermann Kosterlitz à Berlin en 1905. Il travaille comme scénariste dans les années 20. Il croise William Dieterle (alors acteur), Béla Balázs (acteur, écrivain et théoricien du cinéma ; avec qui il co-écrit un film pour l’acteur réalisateur Felix Basch – pionnier du cinéma allemand), mais il collabore principalement avec Curtis Bernhardt pour qui il adapte une première fois Jane Eyre (il aurait contribué à la version de Robert Stevenson en 43). Tous émigreront : Béla Balázs du côté de l’Union soviétique où ses théories sont appréciées ; les autres à Hollywood (Felix Basch n’y trouvera que des seconds rôles).

Hermann Kosterlitz participe dans les années 30 aux étrangetés multilingues du début du parlant et réalise ses premiers films pour la UFA. De confession juive, il quitte précipitamment l’Allemagne nazie après une histoire rocambolesque et se réfugie d’abord en France où il retrouve Curtis Bernhardt. À Budapest en 1935, il rencontre et travaille pour Joe Pasternak, producteur des studios américains Universal en Europe. Les deux hommes quittent la Hongrie et Pasternak produira plus tard certains des films de Koster à Hollywood.

Hermann Kosterlitz devient Henry Koster et travaille naturellement pour Universal pour qui il a tourné ses derniers films en Hongrie. En 1936, son premier film est un succès. Trois Jeunes Filles à la page est nommé pour le meilleur film aux Oscars. Il sera tout au long de sa carrière un réalisateur populaire. Ses deux films les plus connus aujourd’hui sont Harvey et la Tunique.

Hedy Lamarr

Née Hedwig Eva Maria Kiesler en 1914 à Vienne (Empire austro-hongrois). C’est sous le nom de Hedy Kiesler que le scandale éclate en 1933 : elle apparaît nue dans Extase (film autrichien).

Il faut attendre cinq ans pour la voir enfin apparaître dans un film à Hollywood, rebaptisée Hedy Lamarr par la MGM.

Ingrid Bergman

Née à Stockholm en 1915. Début de carrière en Europe à l’orée des années 30 où elle tourne plusieurs films pour la Svensk Filmindustri, et notamment avec Gustaf Molander. C’est avec ce même Molander qu’elle tourne en 1936 Intermezzo. David O. Selznick. achète les droits pour en faire un remake et compte bien prendre dans ses bagages l’actrice suédoise. Elle quitte l’Europe en 1938 et tourne le remake d’Intermezzo en 39.

Puis viennent Dr. Jekyll et Mr. Hyde, Casablanca, Hantise, La Maison du docteur Edwards, Les Enchaînés et enfin les Amants du capricorne.

Se liant ensuite avec le réalisateur italien Roberto Rossellini, elle quittera Hollwyood dès le début des années 50.

Pages : 1 2 3 4 5 6