F. W. Murnau

Réalisateur confirmé en Allemagne (Nosferatu, le Dernier des hommes), il viendra à Hollywood à la fin de la période du muet. Il ne réalisera que trois films pour la Fox avant de décéder tragiquement en 1931, juste avant la sortie de son dernier film co-réalisé avec Robert Flaherty, Tabou.
Edgar G. Ulmer

Né en 1904 à Olomouc (Empire austro-hongrois, aujourd’hui République chèque). Il commence sa carrière à Vienne entant qu’acteur et que décorateur de théâtre. Il poursuit au cinéma en Allemagne comme décorateur. Il co-réalise le fameux Les Hommes le dimanche, et s’embarque pour l’Amérique pour assister Murnau : il signera les décors de l’Aurore en 1927. Il réalise son premier film, indépendant, Damaged Lives, et est aussitôt embauché par Universal pour mettre en scène une adaptation de la nouvelle de Poe, The Black Cat, dans laquelle Boris Karloff et Bela Lugosi sont réunis. Le bonhomme choisit mal le moment pour entamer une relation extraconjugale avec la femme d’un big boss et Universal le vire malgré le succès de son Black Cat. Il ne tournera plus que des films de série B en dehors des grands studios. À noter toutefois Detour, classique du film noir.
Robert Florey

D’abord journaliste à Hollwyood, il fait des débuts remarqués à la réalisation avec Slavko Vorkapich pour The Life and Death of 9413 : a Hollywood Extra. Il devient plus tard réalisateur de films de seconde zone.
Ewald-André Dupont

Né à Zeitz en 1891 (Empire allemand), il est d’abord journaliste, puis scénariste dès 1916, notamment pour Richard Oswald, et enfin réalisateur deux ans plus tard. Il sera une figure marquante du cinéma allemand d’après-guerre, en tournant Variétés en 1925.
L’année suivante, Universal le réclame, et il réalise à Hollywood, en 1927, Love Me and the World Is Mine (L’Implacable Destin). Il rejoint alors l’Europe pour quelques années et tourne Piccadilly en Angleterre, et un dernier film en Allemagne avec Brigitte Helm avant de retourner définitivement à Hollywood en 1933 pour réaliser des films de série B principalement pour la Paramount.
Max Steiner

Né à Vienne en 1888. Début à Broadway, on fait rapidement appel à lui à l’éclosion du parlant en 1929. Il impose très vite son génie, notamment à Selznic dont il sera le compositeur privilégié.
Il a composé les partitions de King Kong, La Chasse du comte Zaroff, Une étoile est née (1ère version), Les Anges aux figures salles, Je suis un criminel, Autant en emporte le vent, la Lettre, La Change fantastique, Sergent York, Casablanca, Le Grand Sommeil, le Trésor de la sierra madre, Key Largo, Le Rebelle, l’Enfer est à lui, La Prisonnière du désert, L’Esclave libre…
Il a pratiquement inventé et codifié l’utilisation de la musique des films de l’âge d’or.
Ernest Laszlo

Né à Budapest en 1898, il rejoint Hollywood en 1927 où il commence comme assistant cameraman sur Wings. Il multiplie les petits boulots pour la Paramount ou pour des producteurs indépendants au début des années 30 et jusqu’à son travail sur Uniformes et jupon court de Billy Wilder en 1943.
L’année suivante, toujours pour le même studio, il passe directeur de la photographie pour un film de propagande antinazi : Hitler et sa clique. Après guerre, on le voit éclairer Dorothy Lamour pour différentes productions oubliées puis change semble-t-il tout à fait de type de productions pour se retrouver directeur de la photographie sur divers films noirs dès 1949. En 1950, il éclaire le film d’un autre immigrant, lui-même directeur de la photographie, Rudolph Maté, pour un petit classique cette fois du film noir, Mort à l’arrivée. En 1953, il retrouve Billy Wilder pour assurer la photo de Stalag 17. Il collabore ensuite avec Otto Preminger au milieu des années 50, et c’est en 1954 qu’il entame sa longue série de films pour Robert Aldrich : Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse, Le Grand Couteau, Quatre du Texas. Passé une brève collaboration avec Fritz Lang en 1956, il travaillera par la suite essentiellement pour Stanley Kramer.
Richard Boleslawski

Né Bolesław Ryszard Srzednicki à Dębowa Góra (Empire russe, aujourd’hui en Pologne) en 1889. Il apprend son métier d’acteur au théâtre de Moscou alors dirigé par Constantin Stanislavski, le théoricien du théâtre le plus important de ce dernier siècle. Après une autre révolution, celle de 1917, il rejoint la Pologne où il réalisera ses premiers films. Il passe ensuite en Allemagne, le temps de jouer pour Dreyer dans Aimez-vous les uns les autres (1922).
En 1923, il rejoint New York et commence à partager les techniques de « la méthode » au sein de l’école qu’il crée avec une autre immigrée, Maria Ouspenskaya, l’American Laboratory Theatre. L’importance de cette école fut capitale pour une refonte totale de l’approche du jeu d’acteur alors que le cinéma devenait parlant. Cette nouvelle conception du jeu imaginée par le théoricien russe s’est rapidement développée à New York et au cinéma. Plus tard, les fondateurs de l’Actors Studio, Lee Strasberg et Stella Adler, élèves de Boleslawsky et de Maria Ouspenskaya, finiront de rendre « la méthode » quasi obligatoire pour qui veut devenir comédien.
Dès 1930, il rejoint Hollwyood et réalise pour la Colombia, The Last of the Lone Wolf. En 1932, il dirige la fratrie Barrymore (Ethel, Lionel et John) dans Raspoutine et l’Impératrice. Il tournera également avec Garbo, Dietrich, Dunne, Marion Davies et Gary Cooper, Clark Gable et Myrna Loy. Mais son film le plus connu sans doute est sa version des Misérables avec Frederic March et Charles Laughton.
Rouben Mamoulian

Né à Tbilissi (Empire russe, aujourd’hui capitale de la Géorgie) en 1897. Immigration en 1923 à New York entant que metteur en scène de théâtre déjà reconnu à Londres.
Réalisateur de la Paramount au début de sa carrière qui l’engage en 1929 à l’arrivée du parlant.
Autres figures de l’Empire russe :
– Réalisateur né dans l’Empire russe, mais passé tardivement à Hollywood, Anatole Litvak est né à Kiev en 1902 et embauché par la Warner à la fin des années 30 après sa carrière française.
– Lewis J. Selznick, né à Kiev en 1870. Émigration à 18 ans. Fondateur de la World Film Company, implanté dans le New Jersey. Pionnier à Hollywood, c’est surtout le père de David O. Selznick, producteur mégalo de l’âge d’or.
– Louis B. Mayer (voir plus haut).
Edward G. Robinson
Emmanuel Goldenberg naît à Bucarest en Roumanie le 12 décembre 1893. À l’âge de dix ans, il débarque à New York avec sa famille. Après des débuts au théâtre, il fait quelques apparitions au cinéma au temps du muet, mais c’est avec le parlant qu’il s’impose dès Le Petit César.
Marlene Dietrich

Née le 27 décembre 1901 à Berlin. Elle commence une carrière au cabaret et apparaît dans de nombreux films muets. C’est seulement le bref retour de Josef von Sternberg en Allemagne pour l’Ange bleu qui lui permet de décrocher un premier rôle (et l’avènement du parlant pour une artiste de cabaret).
Le réalisateur l’embarque dans ses baguages à son retour vers Hollywood. Elle signe avec la Paramount et Josef von Sternberg va se charger d’en faire l’icône de la Paramount, l’égale de ce qu’est Garbo pour la MGM. En 1930, sort donc Cœurs brûlés. Suivront Agent X27, Shanghai Express, L’Impératrice rouge, Blonde Vénus, et La Femme et le Pantin. La Paramount l’oppose à nouveau à Gary Cooper dans Désir. La presse commence à la placer sur une liste noire de personnalité surpayées à Hollywood, c’est à l’époque où elle est démarchée par Selznick pour tourner Le Jardin d’Allah. Elle tourne encore pour la Paramount et Lubitsch dans Ange, puis c’est au tour de Universal de l’embaucher pour jouer les chanteuses de saloon, d’abord dans un western léger, Femme ou démon avec James Stewart, puis dans La Maison des sept péchés et les Écumeurs, avec John Wayne. Vient ensuite Manpower avec Warner, un drame humide qui a déjà tout d’un film noir, où elle renoue avec ses personnages de femme fatale (comme le titre français du film le suggère). Enfin, les années 50 seront l’occasion pour elle de tourner avec Wilder, Lang, Hitchcock et Welles.
Trente ans de carrière, les trente glorieuses, celles de l’âge d’or de Hollywood.
Claudette Colbert

Née Émilie Chauchoin à Saint-Mandé en 1903. Ses parents rejoignent New York quand elle n’a que trois ans. Elle débute à Broadway en 1925, se fait remarquer par un producteur, et tourne à New York, un film de Capra aujourd’hui perdu, L’Homme le plus laid du monde. La Paramount la fait signer dans la perspective du parlant qui se profile, et Colbert tourne dans quelques films multilingues, toujours à New York. (À signaler par exemple un Young Man of Manhattan où elle fait la paire avec Ginger Rogers dans une comédie musicale ; ou un autre avec Maurice Chevalier.)
La même année (on est en 1930), la Paramount la fait venir à Hollwyood pour le remake d’un roman populaire (déjà réalisé en 22 par De Mille). L’année suivante, elle retrouve Maurice Chevalier, et pour la première fois Ernst Lubitsch, sur Le Lieutenant souriant. Elle apparaît ensuite dans le Cleopatre de De Mille. En 1934, elle retrouve Capra pour New-York-Miami, qu’elle tourne un peu forcée. Le film triomphera dans les salles et aux Oscars, et est aujourd’hui connu pour être l’acte de naissance de la screwball comedy. Les succès s’enchaînent, en 38 et 39 elle apparaît dans deux films écrits par le duo Wilder-Brackett : La Huitième Femme de Barbe-bleue et La Baronne de minuit. Elle avait retrouvé pour l’occasion Lubistch. Elle restera comme l’une des actrices les populaires et les mieux payées des années 30-40.
Béla Lugosi

Né Béla Ferenc Dezső Blaskó à Lugos (Empire austro-hongrois, aujourd’hui en Roumanie). D’abord acteur de théâtre sur les scènes de Budapest (quelques apparitions au cinéma dans des rôles mineurs), il rejoint Vienne, puis l’Allemagne en 1919.
Immigration aux États-Unis, l’année suivante en 1920. Pendant toute une décennie il alterne les petits rôles entre Broadway et Hollywood avant d’être choisi pour incarner dans une pièce en 1927 le rôle de Dracula. Universal le choisira pour interpréter ce même personnage en 1931.
Karl Freund

Non crédité entant que réalisateur sur Dracula, Karl Freund est un directeur de la photographie, essentiel dans les films expressionnistes allemands, et à l’occasion, metteur en scène. C’est deux ans plus tôt qu’il a rejoint les États-Unis. Il est né en 1890 à Dvůr Králové nad Labem (Empire austro-hongrois, aujourd’hui en République tchèque).
Il réalisera notamment la Momie en 1932, avec Boris Karloff (qui comme son nom l’indique était Anglais).
Dimitri Tiomkin (compositeur)

Né à Krementchouk (Empire russe, actuelle Ukraine) en 1894. Se destinant à une carrière de pianiste concertiste, il quitte le pays à la révolution et rejoint l’Europe de l’Ouest, New York (où il se marie avec une ballerine australienne) pour se produire en concert.
Au début des années 30, sa femme étant appelée à superviser des numéros pour la MGM, il la suit à Hollywood. Celui qui voulait devenir pianiste à Saint-Pétersbourg se retrouve donc à composer pour des studios américains. En 1933 il signe une première partition remarquée, celle pour l’adaptation par la Paramount d’Alice au pays des merveilles. Vient ensuite la musique des Mains d’Orlac (film de Karl Freund avec Peter Lorre) ; et en 1937, il compose la première musique pour Capra, celle d’Horrizons perdus. C’est le début d’une longue collaboration entre les deux hommes. Tiomkin ne s’arrête plus et composera la musique de nombreux chefs-d’œuvre pendant plus de trente ans, sa carrière collant parfaitement à la période de l’âge d’or. On l’associe le plus souvent à des westerns : Rio Bravo, Le train sifflera trois fois, Duel au soleil, la Captive aux yeux clairs, la Rivière rouge. Et on lui doit bien sûr de nombreux Capra : La Vie est belle, Vous ne l’emporterez pas avec vous, L’Homme de la rue, Mr Smith au Sénat… Ainsi que quelques films avec Hitchcock. Une valeur sure, nominée 17 fois aux Oscars.
William Dieterle

Né Wilhelm Dieterle à Ludwigshafen (Empire allemand) en 1893. Acteur et metteur en scène du muet reconnu en Allemagne.
En 1931, il rejoint Hollywood pour le compte de la Warner (First National Pictures) et change son prénom pour William. Très prolifique, il met souvent en scène au cours des années 30, Paul Muni (en Allemagne, Muni avait mis en scène Dieterle dans Le Cabinet des figures de cire).
(Paul Muni est lui né austro-hongrois en 1895, de son vrai nom Frederich Meshilem Meier Weisenfreund. Ses parents immigrent aux États-Unis quand il a sept ans.)
Charles Boyer

Né à Figec en 1899. Il commence une carrière discrète en France à la fin du muet. Bon acteur de théâtre, il offre ses services pour les films multilingues de coproductions franco-allemande du début des années 30. Presque aussitôt, il embarque une première fois pour Hollywood où il est engagé par la MGM, toujours pour des films multilingues. Après l’échec de The Magnificent Lie, il préfère retourner en Europe, et en 1932, il tourne pour la compagnie allemande UFA, Tumulte, réalisé par Siodmak.
Pourtant à Hollywood, Claudette Colbert l’a remarqué, et en 1932, elle insiste pour qu’il soit engagé sur le Revenant (titre français approprié). Ironie du sort, c’est Berthel Viertel, le réalisateur autrichien de The Magnificent Lie, qui le met en scène. Boyer aura besoin de tout le soutien de sa compatriote pour convaincre. Il alterne alors les films tournés à Hollwyood et en France. Il apparaît en 1934, dans le film que Lang réalise pendant son passage à Paris, Liliom. Il retrouve Claude Colbert en 35 dans Private Worlds, joue également avec Loretta Young ou Marlene Dietrich. Il tournera plus tard dans la première version de Elle et Lui, dans un remake de Pépé le Moko, dans Tales of Manhattan, Hantise, Obsessions, La Folle ingénue de Lubitsch, Dans Madame de… (où il retrouve Danielle Darrieux, filmé en France), et dans deux Minnelli, La Toile d’araignée et Les Quatre Cavaliers de l’apocalypse.