Leïla Lacan, le hérisson du Sun

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Le niveau astronomique de Leïla Lacan en ce mois d’août…

À chaque possession, une action positive. Un drive qui enrhume la défense, un trois points, une passe vers l’intérieur, une passe décisive en basculant le jeu, un rebond, un ballon volé, une « deflection ». Et tout ça en ayant tout le temps la balle, tant le coach a compris à quel point ses choix étaient judicieux. Cela se traduit dans le temps de jeu : difficile de la sortir, l’équipe aurait presque tendance à être dépendante de sa polyvalence des deux côtés du parquet.

L’impression visuelle est également saisissante. Elle dégage une assurance à toute épreuve. C’est elle qui dit aux filles où se placer, et les filles obéissent parce que c’est toujours le bon choix.

Et cela, sans le faire avec une arrogance déplacée. Le body language est parfait : la détermination et l’autorité découlent de ses intentions, de sa gestuelle, de son assurance, pas de sa dureté adressée à ses coéquipières. L’expression est déterminée, mais neutre.

Elle change également parfaitement de rythme, attaquant les défenses sur jeu de transition en profitant d’une vitesse et d’une allonge favorable par rapport à ses adversaires (elle joue 1 à 3, mais elle semble indispensable à la mène, désormais) et trottant, tête haute, genoux hauts, comme un cheval dans un concours de dressage. L’allure est folle. Et cet œil au beurre noir lui donne un petit plus : même pas mal.

Je n’avais plus eu cette impression de domination totale dans tous les secteurs du jeu de la part d’un Français depuis l’émergence de Boris Diaw aux… Suns. Il s’y était imposé petit à petit parce que chaque fois qu’il avait la balle, il faisait le bon choix. Au point qu’à un moment, en play-off, D’Antoni lui filait la balle à toutes les possessions. Il passait devant le meilleur passeur de la ligue et MVP, Nash. Et de la même manière, Leïla, depuis quelques matches, c’est exactement la même impression visuelle : à chaque possession, elle touche la balle (même si une autre meneuse monte la balle, c’est la balle immédiatement pour elle pour qu’elle installe le jeu). Elle donne l’impression d’être une joueuse d’échecs qui joue à dix tables en même temps : elle arrive, elle regarde, elle joue, trouve le meilleur coup possible, change de table, et rebelote.

Meneuse ou pas, c’est la clé de voûte de l’équipe. Tu l’enlèves, tout s’écroule. Il faut voir comment Tina Charles parle d’elle à l’issue d’un match face à Dallas, de la manière dont elle a changé la physionomie de l’équipe depuis son arrivée en cours de saison. Et tout ça, en toute décontraction, avec son petit air minot, chahuté par des adultes lui ayant laissé un œil au beurre noir. Il faut la voir gambader sur transition : à aucun moment, elle ne donne l’impression d’être hors de contrôle. Et avec sa crinière à la Sonic le hérisson, on ne serait plus étonné de la voir débouler à un endroit après une accélération, s’arrêter net, repartir de plus belle.

Quel régal de voir une telle intelligence et une telle élégance sur un parquet… Le basket que j’aime. De la poésie en mouvement.


Une jolie analyse, plus technique, mais tout aussi enamourée sur YouTube.


Bien sûr, après l’article, le hérisson au beurre noir est en difficulté face à la meilleure équipe de la ligue. Elle prend manifestement plus de responsabilité au tir, sans réussite ; ciblée sur ses drives, ça ne passe pas, et quand elle se retrouve dans le trafic, la réussite la fuit. Quelques jolies pocket pass dans la distribution du jeu, mais beaucoup de ballons perdus. Et pour la première fois depuis un moment, pas de ballon volé, malgré pas mal de deflections et une grosse défense (tous les 50/50 balls finissent dans les mains de Minnesota). Dans la même nuit, ce sont les deux sœurs de l’Ouest qui se sont distinguées (Salaün avec 20 points, Leite, avec 19 – Ruppert, moins en réussite a le meilleur plus/minus).

Je profite de ce moins bien pour rappeler à la volée quelques faits saillants statistiques de la rookie : première joueuse depuis des lustres à distribuer 14 passes vierge de turnover ; meilleure voleuse de ballon de la ligue avec Gabby Williams ; joueuse la plus rapide à atteindre les 50 steals.


On est au charbon de bonne heure pour le Labor Day en WNBA. Encore un match face à une grosse écurie. La Française en mode mobylette une bonne partie du match, prenant toutes les joueuses du Dream de vitesse. Et à l’image de son équipe, elle finit asphyxiée dans la dernière période dans laquelle, me semble-t-il, elle perd plus de balles qu’elle ne marque de points. Est-ce à dire que Leïla serait cramée par une saison pleine dont on ne sait au juste quand elle commence et quand elle finit ? 21 ans, une saison en Europe, un sacre national, une compétition internationale, une arrivée en WNBA, une éclosion parmi les plus grandes joueuses du monde, un temps de jeu astronomique ? Ne serait-elle pas en train de piocher physiquement à l’image de ce match ? La saison est bientôt finie… Une contre-performance à relativiser, toutefois, au regard de ses 17 points. (Pendant ce temps, ses copines au Liberty ou aux Valkyries bataillent pour une place en play-off. Et cela avec un certain brio même. Rupert, notamment, s’est prise pour Curry en enquillant les ficelles dans sa salle.)


Elle semble avoir précipité la fin de sa première saison (pour du beurre) pour retourner… en France pour la préparation de sa nouvelle saison avec Basket Landes. (C’est tout de même n’importe quoi les rapports entre les différentes ligues et instances chez les femmes…) Le Sun faisait dans l’euphémisme pudique : raisons personnelles.


Carton promotionnel pour la campagne du All-Rookie Team et All-Defensive Team :


Leïla Lacan reçoit un bisou sur son œil de la part de sa partenaire rookie, Saniya Rivers | Connecticut Sun (WNBA)


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