Joueurs
- Été 2023, finale face à l’Espagne
- Tournoi Next Generation 2024
- Tournoi Mondial Cholet 2024
- Finale Coupe de France U17 2024
- Commentaire Euro 2024
- LNB Young Star Game 2024
- NextGen Euroleague Qualification mars 2025
- EuroBasket 2025
Commentaire sur Aaron Towo-Nansi après un match vu (été 2023)
Qu’est-ce que c’est encore que ce prodige ? Aaron Towo-Nansi. Le garçon à 14 ans fait deux têtes de moins que ses adversaires, mais on ne voit que lui. Des changements de rythmes et de directions impressionnants, un jeu de pieds ouf pour un lutin, une assurance et un leadership bluffant pour un garçon de cet âge, toujours en alerte et en mouvement pendant que les autres regardent le ballon en l’air ou regardent jouer les autres. Il ne semble jamais perdu sur le parquet au milieu de joueurs plus âgés et plus grands que lui, et au contraire, il est prêt à prévoir ce qui va se passer, décide vite, un peu croqueur apparemment, mais l’audace et la réussite sont là à ce qu’on peut voir pourquoi alors se priver (tir du milieu du terrain, aucun problème). Le garçon est futé en plus et n’hésite pas à réclamer des lancers-francs quand on fait faute (ou non) sur lui (déjà le plus roublard sur un parquet). Pas avare non plus pour faire les passes quand il voit un mec seul…
Et le garçon gagne déjà contre l’Espagne. Ce n’est pas comme si on était en manque de talents en France, mais une telle précocité laisser présager le meilleur. Excité de voir ce que cela donne d’ici dix ans, et d’ici là, la parcours et le développement du garçon. À voir comment il grandit et se développe physiquement, surtout.
Un petit côté teigne ou puce de lit. Il sera difficile à déloger des équipe de France jeunes pendant un moment…
Le ouistiti joue actuellement en cadet au sein du meilleur club formateur de France, Cholet.
Commentaire Tournoi Next Generation 2024
Des nouvelles du ouistiti de Cholet en janvier 2024. À l’occasion du Tournoi Next Generation, il est indiqué à 1m74 à bientôt 15 ans. Cholet a perdu ses quatre matchs, mais il a montré quelques éclairs face à quelques-uns des meilleurs joueurs de… 18 ans.
Plus jeune et plus petit, ce n’est pas le moins audacieux. La même vision de jeu, capable de pénétrer pour délivrer une passe à un intérieur sous le cercle. Étonnante capacité aussi lire le jeu avec les pieds. Je m’explique : quand il oriente le jeu, il dribble pour créer un décalage ou pour libérer un joueur, or, parfois, il doit se raviser et chercher une autre option, et ça, Aaron le fait admirablement bien avec une maîtrise des appuis qui laisse songeur. En dehors de Boucaud, c’est assez rare il me semble en France.
En défense, c’est toujours une teigne, mais c’est encore en attaque qu’il impressionne le plus par sa justesse, son audace et sa maîtrise. Quand il ne sert pas les autres, il pénètre et malgré sa taille ne se fait jamais contrer. Certains arrières, une fois décidé d’aller au cercle, ils foncent, entame en double pas, et ne peuvent plus faire grand-chose une fois que la défense vient à eux. ATN, lui, s’il ne pénètre pas pour créer pour les autres, il semble trouver toujours une solution. Son dribble est tellement assuré qu’il a provoqué pas mal de fautes. Mais le meilleur est encore ailleurs. Parce que ce dribble, il s’en sert pour tirer à trois points. Lors du dernier match, c’était comme s’il avait pris la mesure de ses adversaires après trois rencontres, et décidé de passer au niveau supérieur. L’équipe menée, il permet à Cholet de remonter dès la fin du troisième quart temps, notamment avec un panier au buzzer… depuis son camp.
Je serais curieux de voir s’il choisit l’année prochaine de rester dans l’académie de Cholet ou s’il décide de rejoindre Nathan Soliman à Vincennes (INSEP). On a là deux phénomènes, espérons qu’ils ne se perdent pas en route.
Commentaire Tournoi Mondial Cholet 2024
Nouvelle apparition du ouistiti, cette fois listé à 1m75, dans le tournoi international de Cholet. Les qualités sont toujours là, il finit meilleur passeur de la compétition, quelques pénétrations naïves où il se fait contrer. En demi, il plante 19pts et 32pts en finale. Beaucoup de fautes provoquées, les équipes adverses cherchant parfois à lui piquer la balle. Des gestes parfois insensés pas toujours récompensés par des paniers, mais c’est essentiel qu’il ne soit pas interdit de les faire. En finale, il provoque la faute qui aurait pu donner la victoire à Cholet, mais la Chorale de Roanne force une prolongation grâce à un trois points du MVP de la compétition : Samuel Mariscal (qui finit avec un joli 6/11 à trois points).
Pour ce match, Aaron a joué… 42 minutes, Mariscal, 39. Forte équipe de Roanne, très athlétique, qui a posé des problèmes sur les remontées de balle de Cholet. L’autre joueur-star de l’équipe, Soren Bracq, rate de son côté complètement son match (malgré ce match, on peut déjà imaginer pour le garçon une jolie carrière à la De Colo ou à la Lacombe : arrière-meneur qui pourrait être décalé en fonction d’une éventuelle poussée de croissance, mène bien le jeu, bon rebondeur). Concernant le ouistiti, certains semblent encore douter de sa capacité à intéresser les scouts, notamment à cause de sa taille. Pas convaincu : à valeur égale, en NBA, on préférera toujours miser sur le développement de joueurs plus grands, mais au final, à 25 ans, on a le talent pour défendre, ou pas. Qui se plaindrait aujourd’hui de la taille d’Albicy ou d’Hifi en prétendant qu’ils sont mauvais défenseurs ? Personne. Que ça ne finisse pas en NBA, eh bien, tant pis pour eux, et un jour Hifi plantera des noisettes aux JO aux ricains. Aaron, par ailleurs, à en croire les mensurations données, c’est déjà la taille de T. J. Shorts (à qui il semble reprendre quelques-uns des tirs mi-distance et des tirs en pénétration) à l’âge de 15 ans… Il n’est pas petit, il est jeune. Espérons surtout qu’il grandisse régulièrement pour qu’il puisse s’adapter facilement aux transformations de son corps. 1m95 n’est pas du tout impossible. Parce que pour le reste, il n’y a pas beaucoup de souci à se faire. Ah, si, sur le caractère et l’éthique de travail. La précocité peut anéantir des prospects. Et ça, on ne saura que dans une dizaine d’années si le garçon a été sérieux dans son développement ou pas.
Dernière journée du tournoi et finale entre Cholet et Roanne

Finale Coupe de France U17, le 27 avril 2024.
Cholet qui roule sur l’ASVEL et s’impose facilement. ATN, omniprésent en attaque comme en défense avec son compère et aîné Soren Bracq. Grosse activité sur rebond offensif. Prise de risque sur 3pts rapides, mais belle adresse. Pénétration facile dans la raquette et grosse finition. Petite feinte pour se débarrasser sans problème d’une pression haute ou pour se libérer un tir ouvert. Passe laser à un coéquipier en transition (passe mal ajustée) ; une ou deux belles passes vers l’intérieur. Finit le troisième QT avec des crampes avant de revenir achever le travail à la mène. La routine.
Soren Bracq en mode Fournier version Poitier finit avec 31pts. Aaron en mode Robin signe lui un 21pts à 3/9 à trois points, 4 rebonds offensifs, 3 passes, 4 interceptions. (Feuille de stats.)
Commentaire Euro 2024
À nouveau surclassé (d’un an, cette fois), le meneur de poches (il fait les poches des adversaires pour leur voler des ballons) commence timidement le tournoi du haut désormais de son mètre 76. Lors du 1/8 de finale face à la Croatie, le coach le fait débuter sur le banc, et cela ne se passe pas comme espéré puisque le ouistiti est obligé de venir écoper très vite la faiblesse de ses aînés. Fautes provoquées, organisation dynamique du jeu, partage du ballon, et surtout ballons volés, voilà un joli apport. Il finit ce match avec un ± de 35 et une évaluation de 25 dont 10 passes et 7 ballons volés pour seulement un ballon perdu. Déjà un organisateur, un passeur, un driver et un défenseur élite. Il est certes plus petit que ses adversaires, mais il est bien costaud : plus que sa taille, ce serait intéressant de connaître son poids. Surtout par rapport à des meneurs de petites tailles à l’âge adulte. Notamment en défense ou sur pénétration, il arrive à bumper et à jouer des épaules ou de son buste pour repousser l’adversaire ou se faire de la place. Je ne serais pas étonné si Cholet l’envoie directement chez les pros dès ses 16 ans. Taille patron.
Il commence la demie face à la Serbie dans le cinq, mais semble peu à l’aise. Timide en attaque et moins percutant en défense, sa présence devient toutefois nécessaire pour mettre la main sur le ballon et éviter les pertes de balle faciles. Il laisse la vedette à Cameron Houindo, auteur d’une grosse performance défensive (six blocs, quatre ballons volés et neuf rebonds) et à Louka Letailleur.
Il est moins discret en finale face à l’Espagne. Il soulage l’équipe grâce à la qualité de sa remontée de balle malgré de grosses pressions défensives (et les quelques ballons perdus en conséquence) et fait preuve de beaucoup de leadership dans une équipe bien fournie en talents. Il tente d’être agressif surtout dans les moments clés du match, mais il peine à pénétrer dans la raquette sur ses drives, à prendre les défenseurs de vitesse sur jeu rapide et à finir sous le panier dans une jungle de bras ibériques. Du coup, il tente sa chance plus volontiers au large avec une bonne réussite (4/9), parfois loin de la ligne à trois points. Peu de passes (6) : l’équipe fait tourner le ballon pour tenter de trouver un Houindo près du panier en priorité, impressionnant physiquement, loin d’être maladroit techniquement, et qui finira naturellement MVP du tournoi. Le ouistiti est également moins efficace sur pression défensive et vole moins de ballons (3). Trop inconstant et malgré une bonne finale, il ne finit par dans le meilleur cinq du tournoi.

« This is gold, this his gold, man! »
LNB Young Star Game 2024
Sélectionné en fin de draft dans l’équipe Rigaudeau, le ouistiti ne perd pas de temps à se mettre en évidence dès son entrée en jeu à 5 minutes de l’entame du match. En difficulté face à une équipe menée par Zacharie Perrin et Mohamed Diawara, Aaron Towo-Nansi dégaine deux trois points insensés en transition (qu’il met) et insuffle une nouvelle dynamique en défense. La teigne se retrouve à défendre face à son partenaire de club (mais professionnel), Nathan De Sousa. Le plus jeune des sélectionnés avec Nathan Soliman et Hugo Yimga-Moukouri remet de l’ordre dans l’équipe, déjoue les défenses hautes par sa rapidité, son dribble et ses décalages dans des souricières.
À son retour en seconde période, il confirme son leadership sur l’équipe et assure la victoire par son agressivité et sa roublardise : en difficulté, enfermé en fin de possession, on le voit par exemple provoquer habilement la faute pour aller sur la ligne. Sur un drive, il reproduit le joli mouvement effectué par Roman Domon en première mi-temps : pénétration, stop, pirouette sur le pied d’appui, le défenseur en cacahuète, il se resitue parfaitement et tire dans la peinture.
Difficile de perdre un match avec lui sur le terrain et le « papy » de la sélection, Noah Penda, véritable couteau suisse sur un terrain, capable lui aussi d’insuffler de la sérénité, de faire les bons choix, avec toujours cette impression de faux lent et de puissance tranquille (l’air de rien, le joueur du Mans est meilleur contreur de la ProA). Cinq ans de différence entre ces deux leaders. On les retrouvera à coup sûr dans les futures équipes de France, même si les places vont commencer à être chères…
12 points pour lui, aucun ballon perdu. Et déjà une grande humilité en interview : « Oui, voilà, j’ai su relancer l’équipe. » Hé, tant qu’il en est pas encore à lancer des déclarations à la Tony Parker, tout lui est permis.
NextGen Euroleague Qualification mars 2025
Gros second match du ouistiti, sélectionné dans l’équipe cosmopolite de la Next Gen et qui vient de fêter ses 16 ans, face au Centre fédéral et à ses monstres athlétiques. ATN, comme à son habitude maintenant, redonne un élan à son équipe en début de match qui en avait bien besoin. Premier panier : un tir direct à trois points sur une remise en jeu ligne de fond… Pourquoi pas. Il marquera 19 points à la mi-temps en monopolisant quelque peu la gonfle. En face, dans un état d’esprit bien plus « fromage qui pue », les prospects habituels sont de la partie : le jeune gaillard Soliman la joue comme Batum, forward moderne, couteau suisse sur le terrain, mais qui oublie souvent d’être agressif ; Hugo Yimga-Moukouri se charge du scoring avec son corps déjà d’adulte (il a développé la spéciale TJ Short pour éviter les contres dans la peinture et plus généralement, un jeu d’appuis de haut niveau) ; les deux benjamins sont épaulés en première mi-temps par le svelte Noa Kouakou-Heugue et par la brute aux (désormais) mains de fée Cameron Houindo en seconde mi-temps (il marquera même un trois points dans le dernier match). Beaucoup de talent dans cette équipe de l’INSEP, mais beaucoup d’erreurs stupides et de lancers-francs laissés sur la ligne. Bien aidé par un arbitrage suspect en fin de partie, le Centre fédéral s’impose après la seconde prolongation et l’expulsion de l’entraîneur adverse (je n’aurais pas attendu la deuxième prolongation pour finir expulsé vue la tournure pour le moins étrange des événements). Aaron s’éclate à trois points et sur la ligne des lancers (5/11 et 11/11 avec une routine qui semble évoquer Élie Okobo ?) ; il délivre quatre passes comme aux meilleures heures de Chris Paul (« je te passe la balle uniquement si je suis sûr que tu marques et m’offres la passe décisive ») ; chacune de ses fautes est volontaire pour éviter des paniers faciles ; et il vole quatre ballons. Je serais d’avis qu’il implique un peu plus ses coéquipiers : on sent le leadership, mais même s’il est au-dessus des autres et comprend plus vite, il y a du talent, ils sont tous là pour se montrer, retrouve un minimum ton esprit « fromage qui pue » pour partager la gonfle, garçon (il a fait 9 passes dans un premier match que je n’ai pas vu, possible qu’il ait eu carte blanche face aux prospects français). Il finit avec 36 points, une évaluation indécente de 39 pour… 41 minutes.
Le troisième match a lieu le même jour. Il joue moins, procure d’excellentes passes vers ses coéquipiers qui ne concrétisent pas. Il devient plus agressif en fin de match, mais maladroit, l’équipe italienne revient, avant de finalement s’incliner face à la Next Gen. (La diffusion de la deuxième journée du tournoi, avec quelques problèmes techniques sur la seconde partie de journée.)
Note : je vais finir par faire une page sur Hugo Yimga-Moukouri. Depuis deux ans, le garçon est régulier et en perpétuelle progression alors qu’il est souvent lui-même déjà à la fois un leader d’attaque et un des plus jeunes. Si Traoré a gagné une place en pro, même plus jeune, Hugo me semble déjà le plus accompli physiquement et mériterait une place en pro (il faut peut-être viser le bac d’abord).
Dans son dernier match (de qualification), Aaron Towo-Nansi claque 31 points en 34 minutes, délivre 3 petites passes, vole 3 ballons et provoque 9 fautes. 7/11 à 2pts et 3/7 à 3pts. Début de match très agressif (un 2+1 après cinq secondes de jeu), quelques ratés en lay-up. Il organise ensuite joliment le jeu en plaçant rapidement toujours le ballon là où il faut. Le garçon est « aware », comme disait Jean-Claude. Même quand il fait une erreur, il arrive à faire passer ça pour une qualité : « my bad », geste sur la poitrine, œil vif, pas comme d’autres qui grimacent et qui se demandent s’ils ne viennent pas d’appuyer par mégarde sur le bouton nucléaire. C’est un truc de mâle alpha. Tu peux faire n’importe quoi, ça n’atteindra jamais ta confiance ni celle que les autres ont pour vous. En sport, c’est une vertu, dans la vie, cela « ne nous regarde pas », comme disaient certains inconnus, mais c’est un poison. Quelqu’un suggérait dans le chat que la puce flirtait désormais avec le mètre 78. Il ne faudrait pas que ça tourne à l’obsession (mais un peu quand même) ; il est normal d’avoir un déficit de taille quand on est si précoce, mais reconnaissons que c’est encore le dernier aspect du bonhomme qui peut émettre encore des interrogations. Il ne peut que progresser dans ce qu’il sait déjà très bien faire ; et je ne lui vois réellement aucun aspect tendancieux : il organise le jeu, c’est un leader, il peut pénétrer, tirer en mid-range, balancer des bombinettes à trois, passer la balle dans des angles impossibles, chaparder des ballons, et lui-même en perd relativement peu. J’ajoute qu’il est loin d’être fluet.
EuroBasket U16
Un premier match poussif face à une faible équipe suisse. Agressif d’entrée, mais quelques pertes de balle, puis une maladresse en layup plusieurs fois en contre-attaque en essayant d’éviter le contre. Mais aussi une belle agressivité défensive, toujours le même leadership et une assurance balle en main. On voit d’ailleurs qu’il est de plus en plus tanké. Soliman s’est mieux défendu – une sorte de force tranquille qui remplit toutes les cases et joue constamment juste. Quelques découvertes, notamment Yangala, Ahanda, Nanfah et Gruszka.
Le Breton enchaîne avec une nouvelle performance en demi-teinte (18 d’évaluation tout de même) face à la Finlande. Les mêmes qualités défensives et à l’organisation, mais une réussite qui le fuit toujours en layup (je suis loin d’être fan des roulettes qu’il tente de faire) et à trois points. Le même Soliman donne toujours l’impression d’être un adulte qui joue sans forcer face à des enfants (21 points et 27 d’évaluation) (en face, Joseph Tala est très intéressant).
Fin de la première phase de compétition face à la Slovénie. ATN remet au placard ses layups fantaisistes et les troque pour des paniers plus opportunistes près du cercle. À longue distance, c’est toujours pas ça en revanche – il va falloir trouver la mire face à des équipes plus talentueuses. Le reste est plus conforme à ce que l’on connaît du bonhomme : des ballons volés, de jolies passes sur pick-and-roll ou en pénétration. Et on rêverait avoir des coachs en équipes de France qui fassent preuve d’autant de leadership… Le bodylanguage et l’attitude globale des techniciens n’aide pas vraiment les équipes drivées… En entraîneur, ça doit instaurer de la confiance, de l’allant, de la positivité, de la dureté mais pas de l’autoritarisme, de l’empathie, il doit être volontaire et montrer qu’il ne subit pas les événements et n’en est pas spectateur. Rarement vu ça sur un banc (Fautoux est une exception). Bref, on en serait à la draft, Soliman partirait en première position. Volume de jeu démentiel. Heureux de le voir commencer à devenir plus impliqué dans son jeu d’attaque. Être un glue guy et un couteau suisse, c’est déjà très bien, mais il est tellement au-dessus qu’il doit tester, voire repousser ses limites. Il est l’auteur tout de même de certains gestes de grande classe (lui aussi a une attitude irréprochable : moins expressif que ATN, on sent l’intelligence, la sérénité dans chaque chose qu’il fait, alors qu’ATN a plus besoin d’être dans l’émotion, parfois jusqu’à des limites discutables, notamment dans les célébrations). Les deux terminent à 20 et 14 points. Ils sont bien secondés par les autres talents de l’équipe : les seuls trois points sont venus des deux intérieurs robustes et polyvalents que sont Yangala (troisième dans ma draft^^) et l’étonnant Fabien ; et Traoré est très fort en pénétration et en finition. (Je crois qu’Ahanda est le fils caché de Sylvain Francisco.)
Huitième de finale contre l’Estonie. Match trop facile pour juger réellement de l’équipe et du bonhomme. Trop d’écart physique, les Baltes se sont fait laminer à l’intérieur (50 rebonds à 20). Le Breton n’a pas besoin de forcer, sinon en défense pour asphyxier comme les autres l’adversaire (34 ballons perdus). C’est peut-être d’ailleurs indirectement pourquoi il ne trouve toujours pas la mire à longue distance. J’avais souvenir qu’il forçait pas mal lors de ces précédents matchs, manière parfois de trouver la distance. L’équipe ici n’a pas vraiment besoin de tirer longue distance (seule la second unit a dû en passer un peu plus par là), tout le monde passait comme du beurre à l’intérieur. Tout y passait : pénétration des arrières, rebonds offensifs des intérieurs, prises de position, pick and roll jouant sur la naïveté des Estoniens… Une boucherie. Les trois meilleurs à l’évaluation sont toujours les mêmes (Soliman, ATN, Yangala) ; il faudra voir si ces trois-là confirment face à de meilleures équipes, et si, derrière, les talents sont aussi forts qu’ils paraissent l’être face à une équipe clairement pas au niveau. Plus spécifiquement, concernant Aaron Towo-Nansi : un manque parfois de lucidité en venant s’empaler dans la défense (avec une recherche un peu trop évidente de la faute ; il va falloir s’adapter, parce que les arbitres semblent déjà ne pas lui faire de cadeau et ils ont raison), une vision de jeu et une qualité de passe qui présage tout de même le meilleur à son poste, d’excellentes qualités athlétiques malgré son gabarit (il a piqué de jolis sprints et montré une détente qui pourrait surprendre certains adversaires).
Défaite de la France en quart et victoire des arbitres. La France mène de huit points en début de match, puis les arbitres décident de changer le cours du match en ne sifflant plus les fautes des Italiens amenés par le génial meneur de jeu au nom prédestiné : Machetti. Les nombreuses fautes en contre-attaque ne sont jamais sifflées, et quand elles le sont, il semblerait que les fautes antisportives ne s’appliquent pas à l’Italie. Un and one miraculeux est refusé à Soliman ; une décision (comme toutes les autres) qui aura son importance sur la fin de match (perdu de trois points), car le ballon est remis sur le côté. On sent les Français frustrés, et il y a de quoi : les arbitres ont permis aux « machettes » italiennes de revenir en coupant des bras sur toutes les possessions. L’équipe de France ne peut plus jouer son basket, et alors qu’en face Machetti enfile les exploits derrière l’arc, Aaron Towo-Nansi force des tirs à trois points. Je me demandais s’il avait besoin de forcer pour trouver son rythme. La réponse : un très moche 3/11. Certaines décisions interrogent, comme le fait de refuser de donner à Yangala (6/9 au tir) alors qu’il a une bonne position dans la raquette ou de venir s’empaler dans une défense sans solution. Les statistiques sont là (15 d’évaluation), mais l’impression visuelle dit tout le contraire. Et c’est sans compter son opposant direct qui pourra sortir les boutons de « machettes » après ses exploits (dont le tir primé avec la planche à une seconde de la fin) pour fêter la victoire. Note aux arbitres : ce n’est pas parce qu’une équipe mène que ça vous donne le droit de changer le cours du jeu en refusant de siffler les fautes ou de compter des paniers valides. Note enfin aux parents que l’on entend « supporter » en tribunes : vous êtes pénibles. Note aux jeunes : 16/26 aux lancers francs, le basket reste un jeu d’adresse, vous allez me travailler désormais les « franciscaines » et les « souiches lorraines ». Place aux matchs de classement. Triste été pour les équipes de France.
Large victoire de la France face à l’Espagne dans le premier match de classement. Sans faire pour autant un match parfait. Toujours les mêmes secteurs en grave déficit : 3/21 à trois points et 16/24 aux lfs. Soliman prend les commandes avec 37 d’évaluation, 26 points… 18 rebonds, 4 passes et 4 blocks pour 5 pertes de balle (mauvaises passes en transition surtout). Lui était au rendez-vous, ce qui est loin d’être le cas pour son partenaire star : ATN inscrit, certes, 17 points et délivre 9 passes, mais c’est à l’adresse qu’on l’attend dans une équipe qui désespère de trouver de l’adresse longue distance. Encore des choix suspects dans ses pénétrations. Yangala était certes un peu diminué par les fautes, mais il a complètement été oublié ces deux derniers matchs. Le comportement de l’équipe interroge une nouvelle fois. Après un premier run dans le premier quart-temps, des joueurs se montrent un peu trop expressifs pour un match de classement (ou pour un début de match, même face à l’Espagne) à mon goût. Les arbitres ne laissent pas passé une seconde provocation de Sanz… Faire les cacous quand on gagne une compétition ou que l’on est outsiders, pourquoi pas, quand on est favori et éliminé en quart par un unique joueur, peut-être que l’arrogance que l’on démontre dans ce genre de situations se paie dans les résultats (et je doute que les arbitres apprécient beaucoup, il faut être plus futé que ça). Enfin, symbole de la compétence peut-être douteuse des coachs français : sur une remise ligne de fond, Yangala se place sous le cercle, histoire, semble-t-il de barrer le passage aux passes faciles dans l’axe… Ça alors, pourquoi personne n’y a jamais songé ? C’est fréquent ce système défensif qui vise à ne mettre aucun défenseur sur le joueur qui remet en jeu pour espérer un surnombre sur les lignes de passe ? Résultat imparable : l’Espagnol jette le ballon dans le dos de Yangala pour la reprendre aussitôt et marque avec la faute. Les Espagnols sont des filous, mais on n’est pas obligé non plus de donner le bâton pour nous faire battre. Encore des progrès à attendre à tous les étages pour suivre le vivier de joueurs : diversité des profils choisis et formés, accent sur l’adresse, en particulier à trois points et aux lancers francs, coachs avec un body langage à la hauteur, médias (diffusions, informations sur les sites, lobbying auprès de la presse et des institutions, etc.). Quant à Aaron, il a raté sa compétition, juste avant d’atterrir dans le monde professionnel. Il vaut mieux que ça arrive maintenant, mais il va devoir se poser les bonnes questions. Le basket est et restera un jeu d’adresse. Même les « machettes » font dans la dentelle.
Dernier match de classement gagné aisément face à la Lettonie. Première action à l’image de la compétition : Aaron Towo-Nansi s’essaie à un tir compliqué près du cercle, rebond offensif sans forcer de Nathan Soliman, panier. Les Français ont écrabouillé tous les Baltes dans le tournoi… sauf les Lituaniens qu’ils n’ont pas rencontrés et qui font face aux Serbes en finale à l’heure où j’écris ces lignes. Je peste pas mal contre le coach, mais les joueurs savent aussi s’appliquer à produire un jeu à la française, fait de défense agressive et de passes. On aimerait voir un peu plus de course à l’espagnol ou de l’adresse, mais il faut faire avec ses atouts. Il y avait peut-être trois shooters dans l’équipe, l’un a été en très grande panne d’adresse, l’autre s’est blessé, et l’autre a très peu joué (Fabien, 4/8 à trois points, ce qui relève tout de même des questions de choix). L’équipe s’est bien trop reposée sur l’adresse de ATN et sur l’agressivité de Soliman. Ce dernier est certes impressionnant, mais voir autant de ballons circuler autour de ces deux seuls joueurs n’est pas normal avec une équipe avec tant de talents. On peut craindre qu’il y ait eu du coaching au nom. Pourtant, des joueurs auraient plus pu aider comme Traoré, excellent pour attaquer les close outs à coup de spin moves tonyparkerien pour finir avec une bonne adresse près du cercle (il n’a pris aucun tir contre l’Italie), ou comme Yangala, un joli ailier fort à l’ancienne, bon près du cercle et dans le périmètre, dur en défense (61 % au tir).
Place au monde professionnel pour Aaron Towo-Nansi. L’occasion, on l’espère, de se reprendre et d’apprendre en jouant avec ses aînés. La fantaisie et l’audace, c’est bien jusqu’à un certain point. Quand l’adresse fuit et qu’on est meneur de talent, on peut aussi ne pas insister quand l’équipe est dans le dur et quand on a bien autre chose à donner, en particulier sa vision de jeu et son leadership. Pour la première fois peut-être, il évoluera dans une équipe dans laquelle on l’assignera à des tâches bien précises. Rien de mieux sans doute après cet échec. On le retrouvera avec plaisir dans les divers matchs d’exhibition, et sans doute l’été prochain…

