Jugement à Nuremberg, Stanley Kramer (1961)

Deux murs impairs à Nuremberg

Jugement à Nuremberg

Note : 4 sur 5.

Titre original : Jugement at Nuremberg

Année : 1961

Réalisation : Stanley Kramer

Avec : Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Marlene Dietrich, Judy Garland, Montgomery Clift, William Shatner

Difficile de juger des individus au nom de tout un peuple. La culpabilité est au centre de tout. La culpabilité de tous ; toutes les formes de culpabilité. Il n’y a pas les monstres coupables et les autres. Dans un grand tourbillon d’irrationalité et de cynisme, chacun a sa part de culpabilité justement parce qu’on se cache derrière la masse, l’impunité ou l’ignorance. Mais ceux qu’on désigne comme les coupables le sont parce qu’ils le sont par la justice du vainqueur. Toute condamnation est vaine, mais il n’est pas vain pour autant de juger pour, au moins, poser toutes les questions inhérentes à cette culpabilité. Autrement, on manquerait la déclaration si essentielle du personnage de Burt Lancaster… Impossible de rationaliser l’irrationnel ; impossible de vouloir déterminer des vérités dans autant de complexité. Impossible de juger l’histoire et les hommes qui l’ont faite. Le TPI n’existait pas encore. Les accusés ont été jugés par une cour US. Le personnage de Richard Widmark, procureur militaire, en vient à se demander à quoi peut bien mener une guerre…

Autre point intéressant, l’insertion de la realpolitik au milieu d’un jugement. Le juge montre son indépendance… On en vient à penser qu’aucune cour n’a de légitimité et de compétence pour juger des individus une fois l’histoire faite. Ça rejoint une idée à la mode : ce ne sont pas les lois qui déterminent ce qu’est l’histoire. Ce ne sont pas aux États de déterminer l’histoire, mais aux historiens. Les États-Unis l’ont bien compris. La realpolitik, c’est donner le change : on monte une cour pour juger, on se donne ainsi le beau rôle, après tout on a gagné la guerre, et le criminel de guerre sera toujours celui qu’on a vaincu… Mais reconnaître un tribunal international qui aurait une autorité supérieure aux États, pourrait aller contre ses intérêts ? Ça non. Mieux vaut toujours être à la place du juge. Si on veut gagner, il faut choisir son terrain de bataille, et parfois ses juges. On pourra toujours faire croire ensuite que juger un juge a un sens. Ce n’est plus de la Justice. C’est la vérité du plus fort, la loi du vainqueur. Aucune valeur universelle. Coupables ? Bien sûr. Comme tout le monde. Et le degré de culpabilité est soit indéfinissable, soit impossible à déterminer. Comment juge-t-on la conscience, les états d’âme, la folie, l’irrationnel, la peur, la connivence, le préjugé ? Cela s’applique au fond pour tout jugement, qu’il soit celui des monstres, des criminels de guerre ou des voleurs de pomme : la question ne pourrait être que « coupable ou pas coupable ? ». Mais on n’a rien d’autre à proposer. Juger, c’est trancher ; c’est donc sortir de l’impartialité d’une justice supérieure et rêvée. La justice n’est jamais juste, elle fait comme si, et on fait avec. La vérité, c’est plus un nuage de glace sur un strudel qu’une tranche de strudel. On la saupoudre à la surface des choses, et quand on y goûte, elle n’est déjà plus là.


Jugement à Nuremberg, Stanley Kramer 1961 | Roxlom Films Inc


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Les Indispensables du cinéma 1961

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Star Trek IV – Retour sur Terre (1986)

Star Trek retrouvé : À l’ombre d’Argos en pleurs

Star Trek IV – Retour sur Terre

Star Trek IV: The Voyage Home

Note : 3 sur 5.

Titre original : Star Trek IV: The Voyage Home

Année : 1986

Réalisation : Leonard Nimoy

Avec : William Shatner, Leonard Nimoy

À mon sens le meilleur. Il faut dire que le scénario sort un peu de l’ordinaire.

À nouveau réalisé par « Spock », donc très classique (mais une réalisation sophistiquée de Star Trek, ça ne passerait pas). Après leurs précédentes aventures (la résurrection de Spock sur Genesis, tout un programme), l’Amiral Kirk et son équipage retournent sur Terre à bord d’un vaisseau extraterrestre. Seulement voilà, comme par hasard, quand ils arrivent, des extraterrestres sont en orbite et cherchent à communiquer avec… leurs amies baleines dont ils n’ont pas eu de nouvelles depuis un bon bout de temps. Et pour cause : les baleines ont disparu depuis plus de deux siècles. Or, il faut à tout prix trouver des baleines pour leur dire « okay, les amis, on va bien, pas de problème, vous pouvez repartir, tschüs. »

Kirk et Spock décident donc de remonter le temps à bord de leur casserole spatiale pour revenir à la fin des années 80 pour voler les baleines du centre des mammifères marins de San Francisco. (D’accord, dit comme ça, ça ne fait pas envie, mais c’est bien quand même). On retrouve donc Kirk, Spock, Sulu, McCoy, Scott, dans les rues de San Francisco avec leurs habits ridicules. Spock apprend à jurer, McCoy traite les médecins de cette époque de barbares, Chekov se fait capturer par les militaires qui le prennent pour un espion russe « un peu débile », et bien sûr Kirk séduit la belle blonde de centre des mammifères marins en lui promettant de lui montrer son gros vaisseau spatial…

Tout ça donne une saveur bien particulière au film. Un humour très discret mais certain. Et quand en plus leur mission est de sauver la Terre en capturant deux baleines… qu’il faut les « téléporter » dans leur vaisseau tout pourri, tout ça fait vraiment un film sorti de nulle part, mais qui change du ridicule habituel de cette saga. Au moins là, c’est assumé. Spock aura vite fait de remarquer que dans « écologique », il y a « logique »…

Comme quoi, on peut tomber sur des perles, en cherchant bien dans le vide sidéral.


Star Trek IV – Retour sur Terre 1986 | Paramount Pictures, Industrial Light & Magic (ILM)


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Star Trek III – À la recherche de Spock (1984)

À la Recherche du Spock perdu : Troisième Trek du côté de chez Swann

Star Trek III – À la recherche de Spock

Star Trek III: The Search for Spock

Note : 2.5 sur 5.

Titre original : Star Trek III: The Search for Spock

Année : 1984

Réalisation : Leonard Nimoy

Avec : William Shatner, Leonard Nimoy

Je me fends la poire.

Un peu moins ridicule que le second. Un scénario là aussi édifiant. Parfois de belles images (c’est pour ça que je le regarde pour être franc) et heureusement qu’on a des acteurs excellents. Cette série (et donc les films) ils valent vraiment par le seul talent des acteurs. Des acteurs de théâtre, ça se voit tout de suite, capables d’être à l’aise dans une mise en scène et surtout un scénario totalement hiératiques, capables de ne pas être ridicule en sortant des phrases d’une connerie intersidérale. Pas sûr qu’avec des acteurs bidon comme on devrait en trouver normalement dans des trucs comme ça, que Star Trek ait eu autant de succès. D’ailleurs on voit la différence avec pas mal de seconds rôles. Certes, parfois, ils sont grimés et pourraient avoir tout le talent du monde qu’on ne verrait rien, mais c’est tout de même pas au niveau des acteurs initiaux présents sur la passerelle. William Shatner demeure malgré les daubes qu’il a tournées pour la TV un acteur excellent : la série lui a interdit de trouver d’autres rôles intéressants, mais il suffit de le voir dans les Frères Karamazov de Richard Brooks ou dans The Intruder de Corman, pour comprendre que Billy, c’est du tout bon (un beau gâchis en somme, mais le théâtre a dû se régaler).


Star Trek III – À la recherche de Spock 1984 Star Trek III The Search for Spock | Paramount Pictures, Cinema Group Ventures


Une « belle image »


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