L’Impossible Amour, Vincent Sherman (1943)

Note : 3 sur 5.

L’Impossible Amour

Titre original : Old Acquaintance

Année : 1943

Réalisation : Vincent Sherman

Avec : Bette Davis, Miriam Hopkins, Gig Young

Ironiquement, le film épingle les romans à l’eau de rose (et les auteurs qui les produisent à la chaîne « comme des saucisses ») alors qu’il n’est lui-même rien d’autre qu’un jeu de chaises musicales amoureux. On a le trio amoureux, le carré amoureux, mais quand on tricote un cadenas à cinq ou six prétendants, on appelle ça comment ?… L’impossible amoureux ?

Le passage d’une époque à l’autre est assez brutal (le film est tiré d’une pièce de théâtre, et on peut imaginer qu’à chaque nouvel acte, on laisse passer une dizaine d’années au compteur) ce qui casse le rythme du film bien trop souvent.

Miriam Hopkins en fait des tonnes, et on ne sait pas toujours si c’est de l’autodérision ou si Vincent Sherman la laisse faire n’importe quoi. Ces outrances correspondent bien au personnage, mais c’est parfois un chouia dérangeant. Bette Davis est comme toujours incroyable de justesse, même si comme d’habitude, elle parle bien trop fort. L’actrice a été parmi celles qui, à l’arrivée du parlant, ont donné le ton en donnant à voir au spectateur tout l’attirail des nuances visuelles capables de ponctuer les moments d’écoute et le phrasé des répliques (des “trucs” qu’on devait probablement déjà bien retrouver au théâtre, mais que le cinéma parlant a rendus plus familiers jusqu’à sans doute faire des acteurs arrivant après des imitateurs de ce qu’ils avaient vu à l’écran). Malheureusement, en 1943, ce qui autrefois avait permis une forme de réalisme inédite à l’écran est devenu théâtral. Les acteurs d’une nouvelle génération, issus des cours new-yorkais, commencent à montrer le bout de leur nez. Le film semble ainsi avoir été tourné dix ans plus tôt.

Restent quelques répliques savoureuses.


L’Impossible Amour, Vincent Sherman 1943 Old Acquaintance | Warner Bros.


Liens externes :


Ce monde à part, Vincent Sherman (1959)

The Young Philadelphians

Note : 4 sur 5.

Ce monde à part

Titre original : The Young Philadelphians

Année : 1959

Réalisation : Vincent Sherman

Avec : Paul Newman, Barbara Rush, Alexis Smith

Le film prend clairement modèle sur ceux des années 30-40 avec vieillissements assumés sur plusieurs années du personnage principal et un tournage presque exclusivement tourné en studio avec des décors luxueux, de beaux appartements comme il faut, ou des bureaux d’affaires. L’histoire d’ailleurs n’est pas si mal construite que ça, même si ça zigzague un peu inutilement.

Le plus intéressant dans toute cette affaire, et qui est même fascinant, c’est l’alliance, ou la superposition, de deux méthodes de jeu. Les jeunes contre les vieux (et certains jeunes finissent très vite par jouer des vieux ce qui laisse plutôt un mélange composé des plus étranges). La méthode classique contre la method. On sent tout de même Paul Newman et Barbara Rush de plus en plus à l’étroit dans leur personnage vieillissant et enfermés dans de tels décors, obligés d’allonger les dialogues théâtraux, mais leur rencontre, tournée en extérieur à la sortie d’un chantier, vaut à elle seule le détour. Si tout le reste sonne très années 40 (du noir et blanc, à la thématique sur l’ambition et l’honnêteté, jusqu’aux raccords un peu hésitants), on sent une vraie fraîcheur ici, un talent, une spontanéité qui viendra très vite s’imposer à Hollywood pour foutre un grand coup dans la fourmilière.

Certains films ne sont pas faits pour rester dans l’histoire, mais ils témoignent assez bien sans doute d’une époque, ou en tout cas des goûts de l’époque (ou plutôt encore ce qui était alors proposé en masse au public, les blockbusters tombés dans l’oubli, ceux que, de tout temps, les masses se pressent pour aller les voir un ou deux week-ends de suite pour les oublier presque aussitôt).


Ce monde à part, Vincent Sherman 1959 The Young Philadelphians | Warner Bros.


Liens externes :


Vincent Sherman

Classement :

8/10

  • Ce monde à part (1959)
  • Échec à la Gestapo (1942)

7/10

6/10

  • Les Aventures de Don Juan (1948)
  • L’Impossible Amour (1943)
  • Griffes jaunes (1942)

5/10

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Simples notes : 

 

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