Get Out, Jordan Peele (2017)

Just the Tube of Us

Note : 4 sur 5.

Get Out

Année : 2017

Réalisation : Jordan Peele

Avec : Daniel Kaluuya, Allison Williams , Catherine Keener

Il faut savoir se satisfaire d’un film d’horreur quand il est bon. Us avait été un tel supplice…

Le déclenchement des hostilités vient peut-être un peu tard (elles ne venaient pas bêtement bien trop tôt au contraire dans Us ?), si bien qu’elles sont vite expédiées. Reste que ce qui précède (et c’est sans doute aussi une raison de la réussite du film) se place davantage dans le registre du thriller psychologique que de l’horreur. Et c’est plutôt terrifiant. Ce que cache la belle famille, les motivations ainsi que les outils pour arriver à leurs fins, font peut-être tomber le film, le temps des révélations venues, dans la série Bée, mais hé, c’est un film d’horreur, hein. Aucune histoire de Stephen King, quelle qu’elle soit, une fois dévoilée, ne tient la route, alors pour un premier film, on ne fera pas trop le difficile…

Ce qui marche d’ailleurs, on le doit peut-être aussi aux moyens limités du film qui, c’est un classique dans la réussite des films de genre, l’oblige à ne pas trop en faire. Ce que le spectateur imagine est toujours pour lui beaucoup plus terrifiant que ce qu’il voit à l’écran… Les hostilités sanguines auraient commencé plus tôt, et le film aurait été moins à mon goût… Comme Us, donc.

Il faut prendre le film comme il est : un excellent premier film, et un rare film d’horreur, tendance thriller psychologique, qui tient la route.

La mise en scène de Jordan Peele se révèle tout à fait efficace. Les mouvements de caméra, notamment lors de la scène de la télévision (c’est pour beaucoup une question de rythme, et ici en particulier, de lenteur), la direction d’acteurs (jouer des zombies, ce n’est pas évident ; il faut aussi souvent savoir trouver des acteurs capables, par leur personnalité, leur allure, d’incarner un film tout entier, et Daniel Kaluuya a tout de la victime idéale, impuissante, naïve et terrifiée, tout en disposant d’un certain niveau d’intelligence et du charme pour nous inciter non pas à le prendre un peu trop facilement en pitié, mais à nous mettre à sa place et craindre pour sa vie), tout ça démontre que le garçon sait y faire et saura probablement par la suite nous proposer de bien meilleure qualité que ce qu’il a montré avec son film suivant. Le germe d’un nouveau M. Night Shyamalan peut-être, avec l’espoir de mon côté qu’il saura nous soumettre quelque chose de bien plus efficace que le réalisateur de Sixième Sens.


Get Out, Jordan Peele 2017 | Universal Pictures, Blumhouse Productions, QC Entertainment


 

Liens externes :

Us, Jordan Peele (2019)

Us et Coutures

Note : 1.5 sur 5.

Us

Année : 2019

Réalisation : Jordan Peele

Comme l’étrange impression d’assister aux mêmes symptômes que ceux continuellement aperçus dans les films de Shyamalan. La même fascination pour les films de Spielberg de la première heure (Jaws est même cité) et une volonté presque trop évidente de proposer de la série B avec des prétentions de série A. Avec Spielberg, c’est toute la culture du cinéma de genre des années 80 à laquelle on pense avec sans doute la même nostalgie que Peele : Carpenter surtout (et surtout à travers là encore sa volonté à toucher à tout sur son film jusqu’à la musique).

Us pourrait également faire référence à un Them! encore plus ancien. Et il vaut mieux fermer les yeux si on suspecte Peele d’y avoir insufflé un petit caractère racial (de l’un de ceux qui font polémiques pour ne jamais être compris, comme Tueurs nés).

Bref, de Shyamalan, en dehors des références lourdes et la volonté malhabile de marier série A et B, on retrouve le même attrait pour les effets tape-à-l’œil (Peele à ce niveau me paraît avoir beaucoup moins de talent que Shyamalan), les mêmes incohérences de scénario (c’est ce qui arrive quand on axe son écriture sur des passages obligés, qui ne sont en fait que des effets gratuits, fruits d’une torsion forcée de la logique narrative).

En plus de ça, Peele parsème son film d’un humour étrange, toujours à contretemps, au point de nous demander si c’est volontaire ou non, mais qui prive encore plus le film d’une cohérence qu’il peine à trouver. L’humour, c’est bien quand on fait mouche, sauf que si les personnages pensent plus à plaisanter qu’à fuir et sauver leur peau, s’ils ne sont en réalité jamais traumatisés par ce qu’ils vivent (même si, à la lumière du twist contractuel final, on peut imaginer que tous jouent — mal — la peur), ça n’aide pas à prendre ce qu’on voit au sérieux. Comme dans une fête foraine ou dans un grand cirque. Si tout cela n’est pas si sérieux, inutile alors de nous abreuver des références et des symboles lourds.

Tout cela aurait été en fait bien plus divertissant si Peele ne se prenait pas tant au sérieux, et s’il avait joué à fond la carte de l’humour absurde sans qu’on puisse le suspecter d’y mêler une quelconque morale ou sens caché ou s’il s’était contenté de faire ce qu’on ne sait plus faire aujourd’hui : une vulgaire série B qui ne se prend pas pour ce qu’elle n’est pas…


Us, Jordan Peele 2019 | Monkeypaw Productions, Blumhouse Productions, Dentsu


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