The Dead Zone, l’adaptation et le roman (Stephen King, Jeffrey Boam, David Cronenberg)

Commentaires croisés

Les événements actuels aux États-Unis (tentative d’assassinat et réélection de Trump) m’ont incité à lire le roman et à revoir le film. J’avais écrit une vieille critique (presque vingt ans) que je n’ose relire, et je me suis essayé très brièvement (ça m’arrive) à la comparaison entre quelques éléments séparant et réunissant Stillson et Trump ici.

Mais cette lecture a surtout été l’occasion de repérer la manière dont l’adaptation avait été remarquablement faite. King a une écriture très visuelle et la structure de ses récits pourrait ressembler à du cinéma. Il serait donc tentant de coller parfaitement à la trame de son histoire, sauf que tout en empruntant pas mal des caractéristiques du cinéma (le montage alterné notamment), l’écriture de King adopte par ailleurs un certain nombre de procédés ou d’approches impossibles à réaliser au cinéma.

Il y a 28 chapitres dans le roman, et à peu de choses près, c’est le nombre de séquences dans un film. Le problème, c’est qu’à l’intérieur de ces chapitres, King y inscrit souvent différentes « séquences » supplémentaires, ce qui reviendrait à faire quelque chose qui ressemblerait à des montages-séquences. Impossible, à moins de se prendre pour Coppola, de s’en tenir à la structure du romancier. Malgré les apparences, aucun scénariste n’aurait pu faire l’économie de pas mal de coupes.

Plus intéressant encore : la manière dont Boam concentre le temps du récit autour de quelques mois si l’on met le prologue à part : cinq ans avant le temps du récit, puis l’histoire semble cantonnée aux saisons froides de la région. C’est peu ou prou un temps très cinématographique. En effet, la durée des événements diégétiques excède rarement quelques mois.

Si à l’époque du cinéma muet, de nombreux mélodrames jouaient sur les possibilités du cinéma de passer d’une époque à une autre, tout le monde s’est peu à peu rendu compte que cette possibilité se heurtait à un problème : changer d’époque implique de modifier l’apparence des personnages, et par conséquent les vieillir. Et c’est rarement crédible.

L’astuce dans le film est capillaire, uniquement capillaire. Les autres personnages n’ont pas à être vieillis parce qu’on ne le voit pas dans l’introduction.

Celle-ci est par ailleurs profondément remaniée : King se perd dans une interminable séquence de jeu de hasard et insiste sur les relations entre les deux amoureux, le tout en mêlant aux passages dédiés à Johnny d’autres concernant deux criminels de l’histoire.

Boam ne se complique pas la tâche : une intro, ça sert à introduire. En cinq minutes, c’est plié.

Astuce amusante, Boam élimine tout le début racontant l’accident de hockey de Johnny pour le réintroduire plus tard, mais cette fois pour l’appliquer au personnage dont le médium est le précepteur : on passe du football et à l’adolescence au hockey et à l’enfance. Boam peut supprimer ainsi toute la partie devenue inutile sur l’épisode de l’incendie.

En condensant l’action sur quelques mois, cela permet également de le faire sur l’élection de Stillson, alors que dans le roman, Johnny suit d’abord l’ascension de Carter et celle du psychopathe se fait plus lente.

Inutile de multiplier les événements précédant la rencontre avec le futur autocrate, et dans le film, l’accent est surtout mis sur l’enquête du tueur en série menant à l’implication d’un des flics de la ville. Toutes ces péripéties dans le roman ont une épaisseur relativement identique. Dans le film, cela vient crescendo et des liens logiques apparaissent : si Johnny accepte la proposition de devenir précepteur (ce qui lui permettra de rencontrer une première fois Stillson), c’est parce qu’il doit faire face à différents événements trop pesants pour lui : la mort de sa mère, la brève relation avec Sarah qui signifie aussi la fin de leur relation, la presse et les fans qui s’intéressent bien trop à lui depuis qu’il a aidé à résoudre les crimes mystérieux dans la région.

Dans le roman, Johnny part vivre des mois, voire des années, à l’ouest du pays où il se fait oublier (évidemment, dans un film, changer ainsi de région, d’univers est quasiment impossible, l’unité visuelle, donc géographique, est trop importante pour la cohérence du film). Ce retrait volontaire (qui se manifeste surtout par une fine ellipse : il ne se passe probablement que quelques jours entre la première rencontre avec l’enfant et la leçon qu’il reçoit chez Johnny dans sa nouvelle maison) et le recours à un enfant plutôt qu’à un adolescent permet de prendre une légère respiration avant de venir à l’événement majeur qui conclura le film (et l’on sait combien King a des difficultés souvent à livrer une fin à ses histoires).

Il n’y a pas que des avantages à se restreindre à de telles coupes : ainsi, les raisons du titre disparaissent dans le film alors qu’elles sont évoquées à la fin du roman. Les migraines qui préfigurent l’état de santé de Johnny et sa tumeur existent dans le film, mais on les attribue à l’accident. L’accident initial (l’harmatia en quelque sorte) transféré ainsi de l’enfance de Johnny à son élève qu’il sauvera de cette fin tragique n’a donc plus de raison d’être si tout l’aspect lié à la tumeur disparaît : Boam s’est passé de ce qui était explicatif dans le roman de King. Aucune raison véritable à justifier médicalement les visions de Johnny, encore moins à précipiter son meurtre en se sachant condamné.

Le film s’achèvera d’ailleurs sur la séquence de l’assassinat raté. King, de son côté, surfe ensuite sur l’émotion et sur l’explication en imaginant des lettres écrites par Johnny. Un tel épilogue se rencontre parfois au cinéma, mais on sent dans le scénario de Boam une volonté d’aller droit au but et de proposer un récit droit, froid, presque clinique, voire scolaire, mais terriblement efficace. Une fois Johnny assuré qu’il avait modifié le futur, il n’y avait aucune raison de s’attarder si autre chose que les larmes de Sarah (que Boam a très judicieusement impliqué dans la campagne de Stillson). Comme pour Shining on dira, Stephen King, c’est encore les autres qui en « parlent » le mieux. L’auteur peut critiquer les adaptations tant qu’il veut, il doit probablement une large partie de son succès à ces adaptations plus réussies que l’original.

Dans ce qu’on peut lire de la biographie du scénariste sur Wikipédia, on comprend que Cronenberg a soumis à Boam une série d’indications qui se sont révélées judicieuses pour gagner encore en simplicité. L’ironie, c’est que dans beaucoup des succès des adaptations des histoires de King au cinéma dans les années 80, la sophistication y est prohibée. Pourtant, les romans n’en sont pas totalement dénués. Elles gagnent ainsi à l’écran un côté conte pour enfants qui aura probablement participé en retour un peu plus au succès du romancier du Maine…


Dead Zone, David Cronenberg (1983) | Dino De Laurentiis Company, Lorimar Film Entertainment

Stephen King et la prédiction de l’ascension de Trump dans Dead Zone

Si l’on fait une recherche dans un moteur de recherche « Stephen King prediction Trump » (ou ici), une série d’articles sortent en résultat considérant que l’auteur de thriller américain avait d’une certaine façon prédit à la fois l’éclosion d’un populiste comme Trump, mais aussi sa tentative d’assassinat.

Je me joins à ces articles. À l’approche des résultats, je m’étais mis dans l’idée de lire le roman connaissant déjà le film adapté par Cronenberg.

Évidemment, King ne prédit rien, cela aurait été assez loufoque de voir qu’un livre traitant d’un médium fasse preuve de médiumnité. D’ailleurs, la fiction a très souvent mis en garde contre les populismes (Gabriel au-dessus de la Maison-Blanche en 1933, Un homme dans la foule, en 1957, Les Fous du roi, en 1949, etc.).

Cependant, c’était trop tentant de relever les éléments coïncidant avec le personnage qu’incarne trop bien Trump et avec d’autres qui pourraient s’appliquer peut-être plus à des personnalités françaises…

Rappelons d’abord quelques points qui ne collent pas : le Stillson de King n’a pas du tout les mêmes antécédents que Trump. On peut à la limite y retrouver un profil héritant d’un père puissant et d’une mère laissant trop de liberté à son bambin (stéréotype dans la fiction américaine censée engendrer des psychopathes), et encore, je n’ai pas assez d’éléments pour savoir si ça correspond réellement à Trump… Pour le reste, Stillson est issu de la classe populaire. Ensuite, Stillson est de gauche, voire écologiste. Pour le coup, je trouve qu’on y retrouve là surtout la technique du coucou employé par Mitterrand et surtout par Macron qui n’aura en réalité jamais adopté la moindre mesure de gauche. On peut souligner aussi que comme la plupart des récits de l’auteur américain, l’action prend place en Nouvelle-Angleterre, le plus souvent dans le Maine, or, c’est peut-être un des territoires relativement épargnés par le vote Trump : ces dernières élections, dans le district censé basculer aux mains de Stillson, Trump a fait 48 % (la gouverneur en revanche appartient au camp républicain).

À un moment, encore, King (ou son narrateur) prétend que si Stillson avait été condamné pour des délits, il n’aurait jamais pu se présenter, car il en aurait été immédiatement discrédité. Trump a pourtant fait la preuve qu’une personnalité ayant déjà gagné le bulletin (et le cœur) des gens, aucune condamnation ne pourra par la suite le discréditer au regard de ses électeurs (c’est même une caractéristique devenue répandue en France).

Parmi les correspondances troublantes, il suffit de laisser un extrait du roman résumer la chose :

« Que ferons-nous à Washington ? Pourquoi voulons-nous aller à Washington ? rugit Stillson. Quel est notre programme ? Notre programme se compose de cinq points, amis et voisins, cinq points bien connus. Et quels sont-ils ? Premièrement : foutre les bons à rien à la porte. »

Un rugissement d’approbation s’éleva de la foule. Quelqu’un jeta une double poignée de confettis en l’air, un autre hurla : « Haaaoh Hoo. »

« Savez-vous pourquoi je porte ce casque, amis et voisins ? Je vais vous le dire. Je le porte parce que quand vous m’aurez envoyé à Washington, je leur rentrerai dedans, comme ça. »

Et, sous les yeux ahuris de Johnny, Stillson baissa la tête et se mit à charger l’estrade comme un taureau tout en poussant des cris aigus. Roger Chatsworth était écroulé de rire. La foule délirait.

Stillson recommença sa charge, puis enleva son casque qu’il jeta à la foule. Une émeute s’ensuivit quasiment.

« Deuxièmement, hurla Stillson dans le micro, nous mettrons dehors tous ceux qui au gouvernement, du plus gros au plus petit, passent leur temps au pieu avec une pute qui n’est pas leur femme. S’ils veulent coucher avec des putes, ils ne doivent pas le faire avec les deniers publics. »

— Qu’est-ce qu’il raconte ? s’inquiéta Johnny.

— Oh, il s’amuse. Il adore faire montrer la pression, expliqua Roger en essuyant ses larmes de joie.

Johnny aurait bien voulu s’amuser autant que lui.

« Troisièmement, gronda Stillson, nous balancerons la pollution dans l’espace. Dans de grands sacs en plastique, on l’enverra sur Mars, Jupiter ou les anneaux de Saturne. Nous aurons un air pur, une eau pure, et tout ça dans les six mois. »

« Quatrièmement, nous aurons tout le gaz et l’essence dont nous avons besoin. Nous allons cesser de faire joujou avec les Arabes. Il n’y aura plus de vieilles gens qui mourront de froid quand viendra l’hiver comme l’année dernière. »

Cette remarque provoque une tempête d’applaudissements. (…)

« Nous avons du muscle, amis et voisins, nous pouvons le faire. Y a-t-il quelqu’un ici pour dire que c’est impossible ? — Non ! » hurla la foule.

« Pour finir, poursuivit Stillson en s’approchant du bac métallique. (…) Pour finir… des saucisses.

« Et quand vous m’aurez envoyé à la Chambre des représentants, vous pourrez dire que les choses changeront enfin. »

George Herman résuma:

« Le candidat démocrate David Bowes qualifie Stillson de plaisantin qui perturbe le jeu démocratique. Harrison Fisher est plus sévère dans son jugement. Il dénonce en Stillson un cynique guignol qui considère les élections comme une farce de carnaval. »

(…)

Johnny se leva et ferma brusquement la télévision.

— Je n’arrive pas à y croire. Ce type est vraiment candidat ? Ce n’est pas une plaisanterie ?

— Plaisanterie ! C’est une question d’appréciation personnelle, dit Roger en riant. Mais il est certain qu’il se présente. Je suis moi-même un républicain convaincu, et je dois admettre que ce Stillson ne m’est pas antipathique. Il a engagé une demi-douzaine de motards comme gardes du corps, de vraies brutes. Mais pas du tout du genre « Hell’s Angels », il les a convertis. (…) C’est un clown, et après ? Peut-être les gens attendent-ils cela ? Ils ont envie de se détendre de temps en temps. On ne parle que du pétrole, de l’inflation galopante ; les impôts n’ont jamais été aussi lourds et, apparemment, nous sommes prêts à élire un casse-noisette de Géorgie, débile léger, président des États-Unis. Alors les gens veulent rire. Mieux, ils veulent faire un pied de nez à cette élite politique qui semble incapable de résoudre quoi que ce soit. Stillson est inoffensif.

— Vous trouvez normal que les gens de troisième district élisent l’idiot du village pour les représenter à Washington ?

— Vous n’y êtes pas, répondit patiemment Chatsworth. Mettez-vous à la place de l’électeur, Johnny. Les gens du troisième district sont pour la plupart des cols bleus et des commerçants. (…) Parfois, ces cinglés font du bon travail. Mais même si Stillson se révélait être aussi fou à Washington qu’à Ridgeway, il ne sera en poste que pour deux ans. En 78, ils le renverront et le remplaceront par un nouveau venu qui aura compris la leçon.

Quelques pages après cet extrait, Stephen King raconte la rencontre entre les deux hommes. Johnny évidemment voit tout en lui serrant la main. Plus tard, il se posera la question : « Si vous aviez su ce que ferait Hitler qu’auriez-vous pour l’empêcher ? ».

Je préfère de loin l’adaptation qu’en a faite Cronenberg. Il va droit au but alors que King comme d’habitude surfe d’abord sur une excellente idée de départ, puis tergiverse, meuble, contextualise, jusqu’à ne plus savoir comment finir son thriller fantastique.

La qualité évidente de King, c’est sans doute de savoir s’emparer des archétypes de nos sociétés, les adapter à sa sauce (fantastique) et en tirer un récit simple et rythmé qui ressemble à un scénario de cinéma. D’autres écrivains ou cinéastes avaient avant lui joué sur la peur de l’arrivée d’un tel énergumène au pouvoir, simplement parce qu’après le fascisme des années 30, leur ascension est devenue une des principales hantises de nos sociétés. Et manifestement, ces mises en garde sont inefficaces, car partout les autoritarismes reprennent de la vigueur.


The Dead Zone, David Cronenberg 1983 | Dino De Laurentiis Company

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The Dead Zone, l’adaptation et le roman (Stephen King, Jeffrey Boam, David Cronenberg)

Ancienne critique du film (journal d’un cinéphile prépubère, 1996)


M. Butterfly, David Cronenberg (1993)

M. Butterfly

M. Butterfly Année : 1993

5/10 IMDb

Réalisation :

David Cronenberg

Avec :

Jeremy Irons, John Lone, Barbara Sukowa

N’importe quel pékin sait que derrière les femmes de l’Opéra se cachent de hommes… Une confusion des genres risible tant notre René, tout naïf et forcément français qu’il est, s’efforce de ne pas voir le « poteau rose » sous la robe pudibonde de son M. Butterfly chéri.

En fait, le film est déjà fini quand on comprend la méprise. Lors de la première scène, j’avoue m’être laissé prendre : on se dit : « Bon, cette Chinoise n’est pas particulièrement jolie… » La suite est un désastre. Comme l’impression de voir un film sur un gosse de quinze ans qui croit encore au père Noël à qui l’entourage n’arrive pas à dire qu’il n’existe pas. Parce que moi je suis faible, et je suis un mufle cinéphile : toutes les femmes dans les films, je les embrasse en même temps que le héros (seulement si c’est consenti bien sûr, sinon je m’insurge avec elle, toujours). Et un chanteur d’opéra, j’avoue que c’est tout en bas dans les cartons de ma garde-robe à fantasmes (oui, j’ai une garde-robe).

Remarque, grâce à ce film, je crois avoir compris l’origine de l’expression « faire un bébé dans le dos ». Aussi, pour répondre à un personnage avec une poitrine dans le film, la position favorite de René, ce n’est en effet pas le missionnaire, sinon on l’aurait très tôt ramassé à la « petite cuillère » (à moins tiens, qu’en bon Français, René préfère les « petites grenouilles »…).

À oublier.


M. Butterfly, David Cronenberg 1993 | Geffen Pictures


David Cronenberg

Classement :
 

10/10

9/10

  • La Mouche (1986)
  • Dead Zone (1983)

8/10

7/10

  • Les Promesses de l’ombre (2007)
  • A History of Violence (2005)
  • Vidéodrome (1983)
  • Scanners (1981)

6/10

  • Faux-Semblants (1988)
  • Le Festin nu (1991)
  • Chromosome 3 (1979)
  • eXistenZ (1999)
  • Frissons (1975)
  • Stereo (1969)
  • Cosmopolis (2012)

5/10

  • Crash (1996)
  • M. Butterfly (1993)
  • Les Linceuls (2024)

4/10

3/10

  • A Dangerous Method (2011)

*Films commentés (articles) :



David Cronenberg

Dead Zone, David Cronenberg (1983)

Dead ZoneDead Zone, David Cronenberg (1983) Année : 1983

IMDb   iCM

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Listes sur IMDb : 

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MyMovies: A-C+

 SF préférés

Réalisateur :

David Cronenberg

9/10

 

Avec  :

Christopher Walken,
Brooke Adams, Martin Sheen, Tom Skerritt

Journal de cinéphile prépubère : 5 février 96

Exemple de drame thématique. Le récit ne s’attarde pas sur le superflu et s’attache à garder une unité d’action stricte. L’action trouve cette unité à travers un thème, un sujet, devenant vite par la suite une problématique (la voyance). Chaque séquence est donc une nouvelle illustration de ce problème, une nouvelle avancée, et l’évolution n’est pas linéaire (la fin d’une séquence appelant la suivante), mais procède par ellipses à la fois temporelles et spatiales.

L’ennui ne peut pas être de la partie parce que le spectateur s’applique sans cesse à situer la scène dans un contexte et une compréhension plus vaste. Une certaine simplicité, mais aussi une forme de réalisme distant, se dégage ainsi du film. C’est la marque de Stephen King. L’effet produit sur une histoire fantastique est saisissant puisqu’on est sans cesse attentif à ce qui se passe sous nos yeux comme pour ne pas se laisser noyer par le mystère de l’ensemble.

Le réalisme et la simplicité apportent quant à eux une forme de proximité de la terreur qui est encore la marque de l’auteur et qui fait son succès. Seul problème et il est de taille : puisque, pour l’essentiel, l’intérêt est dans la mise en place du sujet, une fois que le récit se recentre au second acte sur un objectif à atteindre, on perd toute possibilité de jouer sur le mystère, tout concourt au contraire à dissiper ce mystère, et les objectifs, voire les résolutions, peuvent paraître illusoires face aux interrogations et aux possibilités suggérées dans le premier acte. La question de la résolution dans un récit basé sur le mystère est presque toujours une voie sans issue. Et dès lors, la simplicité de l’ensemble n’est plus un avantage. La solution possible (à vérifier) est peut-être chez King d’étirer au maximum ce premier acte et de faire de la suite le résultat évident de ce qui précède. D’autres multiplieraient les intrigues et les péripéties dès le second acte, joueraient avec les nerfs du spectateur dans le troisième, mais on aurait alors affaire à un tout autre genre : le fantastique ne serait plus qu’un prétexte à une mise en action qui fait depuis toujours la recette du cinéma : le mouvement, la poursuite, la chasse, l’action. King préfère lui rester dans une trame thématique, vite épuisée, mais efficace.


Dead Zone, David Cronenberg (1983) | Dino De Laurentiis Company, Lorimar Film Entertainment

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Stephen King et la prédiction de l’ascension de Trump dans Dead Zone

The Dead Zone, l’adaptation et le roman (Stephen King, Jeffrey Boam, David Cronenberg)