Au programme :

Le cinéma de genre prend le pouvoir : les effets visuels sonneront-ils la fin des mélodrames ? Une autre manière de se passer du mélodrame consiste à favoriser le réalisme et à adopter des moyens plus légers. On a alors peut-être deux types de cinéma qui s’opposent désormais : le cinéma de l’imaginaire et un cinéma plus tourné vers le réalisme : Bullit, tout en étant un autre film de genre, plonge le spectateur dans une forme de thriller réaliste avec des séquences entièrement filmées dans les rues de San Francisco ; L’Affaire Thomas Crown multiplie les scènes en extérieur et adopte (comme L’Étrangleur de Boston et Symbiopsychotaxiplasm) le split screen ; avec La Cible, Peter Bogdanovich dévoile la banalité quotidienne de ce qui deviendra un fléau en Amérique : le tueur de masse ; avec Faces, John Cassavetes passe de l’autre côté de la caméra et devient le fer de lance du cinéma indépendant américain. Pour juger de la créativité nouvelle qui explose enfin en Amérique (et plus seulement à Hollywood), il faut encore citer Le Plongeon qui s’essaie… au surréalisme d’après une histoire de John Cheever (à moins que le film fasse justement office de transition entre les films névrotiques du « Hollywood décadent » et le Hollywood paranoïaque en peignant ce qui pourrait tout aussi bien être l’errance psychologique d’un homme perdant la raison). À côté de cette inventivité, celle de Kubrick, alliant tout aussi bien réalisme et imaginaire, dans 2001 : L’Odyssée de l’espace. La Planète des singes reste plus « terre-à-terre » ; son finale sidère le public.

En Europe aussi le cinéma de genre est à la fête : Il était une fois dans l’Ouest est le grand chef-d’œuvre du western italien ; avant de produire Flash Gordon ou Dune dans les années 80, Dino De Laurentiis produit Barbarella avec Jane Fonda. Même Ingmar Bergman se met à l’horreur (L’Heure du loup) et, à sa manière, au film de guerre quasiment dystopique (La Honte). Pasolini, tout comme peut le faire Le Plongeon, s’écarte des codes attendus par le spectateur avec Théorème, mais au lieu de visiter différents lieux, ici le “visiteur” s’introduit dans l’intimité d’une même famille bourgeoise. Le cinéma d’horreur italien répond à La Nuit des morts-vivants avec Danger : Diabolik ! de Mario Bava. L’Europe de l’Est et le Japon continuent de surfer sur leur nouvelle vague respective. En Tchécoslovaquie sont réalisés La Vallée des abeilles, L’Appartement et Un été capricieux, en Roumanie, La Reconstitution. L’Allemagne de l’Est (Konrad Wolf) répond à l’Allemagne de l’Ouest (Werner Herzog).

En Argentine se dessine un mouvement se voulant indépendant des méthodes américaines et européennes : avec L’Heure des brasiers, Octavio Getino et Fernando Solanas mettent en pratique ce qu’ils appellent le Troisième Cinéma. Et en Afrique, après le succès de La Noire de…, Ousmane Sembene confirme avec Le Mandat.

24 films américains, 11 films français, 10 films de l’Est, 8 films britanniques, 6 films italiens, 5 films japonais, 4 films ibéro-américains, 4 films scandinaves, 1 film des Balkans, 1 film turc.

En vedette (au moins deux films) : Steve McQueen, Clint Eastwood, Henry Fonda, Max von Sydow, Liv Ullmann, Jean-Louis Trintignant, Jane Fonda, Terence Stamp (dans des films italiens), Jeanne Moreau.

2001 : L’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick 1968 | 

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