Les défis fabuleux lancés à Victor Wembanyama

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Joueurs

Défis lancés en 2022 (actualisés en 2023)

Bonjour jeune homme,

J’ai entendu dire que vous recherchiez à innover en matière de tir et de mouvements. Sauriez-vous mieux faire que votre sœur qui a inventé le double pas arrière (aussi appelé crab moonwalk ou encore le euro backslide) ?

Humblement, je vous propose quelques mouvements à travailler. Nul doute qu’ils vous aideront à peaufiner votre jeu encore perfectible. Le basket pour moi est comme de la danse, ce sont les mouvements et les gestes justes qui me passionnent dans ce sport. Je sais qu’il en est de même pour vous.

Premier mouvement (niveau facile) :

Inspiré par le triple saut : un euro-step qui commencerait derrière la ligne à trois points (attention aux chevilles et au passage en force) et finirait en lay-up.

Second mouvement :

Un second inspiré du patinage : jeu dos au panier, puis enroulage du joueur en travers avec amorce d’une volte sautée, prise d’appui et saut axel pour finir sur un dunk (jeu d’anguille à la Duncan, mais avec une élévation permettant de faire un tour et demi à la fois sur le côté pour se jouer du défenseur et se rapprocher du cercle). En gros, je pense que ça ressemble au début comme un hook shot et se termine par un dunk après… axel.

Troisième mouvement :

Un troisième inspiré du saut dorsal en saut en hauteur, à la Fosbury : jeu dos au panier près du cercle, avec des marques au sol, possibilité de faire une sorte de hook shot… à l’aveugle en restant dos au panier (au contraire du hook, pas de shot en suspension cependant pour d’évidentes raisons de réception).

La danse, la gymnastique ou le patinage devraient être de bonnes sources d’inspiration.

Time Out (octobre 2022)

Dix jours pour valider le premier défi. En petite forme, jeune homme. Pas sûr pour l’euro step, mais ça n’aurait eu un sens que si ç’aurait été pour naviguer dans le trafic. Contourner une défense façon anguille, c’est toujours plus efficace (difficulté du geste approuvée dans la finition up-lay-up sur la planche à fromage). Et au rayon “anguille”, les mouvements au poste sont parfois très inspirés. Efficaces, surtout. Continuez à travailler pour les prochains défis.

Time Out (novembre 2022)

Vous avez d’autres défis en cours ? Parce que je suis pas convaincu par les quelques choix de tirs rapides à trois points. C’est l’époque qui veut ça sans doute (je pestais déjà contre Durant quand il tournait à moins de 30 % à trois points lors de sa première saison à Seattle, mais il faut bien prendre ses “marques”, j’imagine).

Défi intermédiaire :

J’adorerais vous voir en point forward, mains levées, lâcher des passes laser vers des coéquipiers en mouvement ou des passes au sol vers des tireurs ouverts… C’est comme une symphonie et la différence entre vitesse et rythme : le rythme, c’est comme un soupir en musique, avec le petit temps d’arrêt qui va bien pour analyser le jeu et attendre la situation, puis hop, exécuter un mouvement ou une passe décisive en rompant le temps d’arrêt avec une “attaque” (être face au jeu, je suppose que ça permet aux tireurs de gagner quelques secondes sur les défenses si vous leur offrez des no look passes, possibles justement parce que de cette position de chef d’orchestre, vous voyez tout dans votre champ visuel sans même “regarder”).

Nouvelle salve de défis (niveau difficile) :

L’art du rebond off. « Le Cavalier. »

Niveau 1. « Le cheval qui a des L. »

On sait que Rodman étudiait les trajectoires pour augmenter ses chances de récupérer les rebonds. À mon avis, il ne faut pas trop compter dessus, à part deviner en fonction de la longueur du tir s’il s’agira d’un rebond long ou court (ce qui n’aidera pas forcément, vu que la balle pourra filer partout). Non, ce que je vous propose, et cela vaut surtout pour les rebonds offensifs, c’est de jouer toujours comme une “anguille”. L’erreur à faire quand un tir extérieur ou intermédiaire est lancé, c’est de lever les yeux au ciel pour suivre la balle. Pendant ce temps, on reste passif. Les plus lucides en profitent pour boxer out. Si le box out arrive (et même sans) faire un ou deux spin moves pour se sortir des pattes du défenseur et se rapprocher du panier. Tu joues aux échecs ? Le cheval avance de biais, une case dans la verticalité, un autre dans n’importe quelle autre direction. Comme un L. Ce n’est pas un cheval, c’est une anguille (ou un dahu). On loue le jeu de pieds de certains attaquants avec le ballon, on ne loue jamais le jeu de pieds des rebondeurs capables de se jouer de leur défenseur pendant que le ballon est en l’air (voire un peu avant si on sait qu’on ne va pas recevoir la balle au dernier moment). Un premier spin pour se dégager sur le côté, un autre soit dans le même sens, soit dans le sens contraire du premier, pour se rapprocher du panier et augmenter ses chances de capter le rebond bras en l’air. Dans le meilleur des cas, au petit bonheur la chance, vous pouvez même troquer le dernier spin de pénétration par un saut pour espérer une claquette. Comment travailler ses spins moves sans ballon, me demandez-vous ? Avec un élastique attaché aux chevilles : ici, oubliez le cheval ou l’anguille, faut plutôt penser au canard pour marcher, un canard sans tête qui tournera sur lui-même, s’appuierait sur un pied, puis l’autre (sans ballon, c’est magique, on peut changer de pied pivot).

Niveau 2. « Le breakdance cavalier. »

Vous en êtes où dans votre niveau de breakdance ? Travailler le trampoline pour améliorer sa capacité à se situer dans l’espace, suivre les conseils de papa pour faire des doubles pas de triple sauteurs, c’est une chose. Maintenant, il faut “casser” les codes, être disruptif et… faire des mouvements de breakdance pour se défaire d’un défenseur sur un rebond offensif et chiper la balle au rebond. (Vous pensiez sérieusement qu’on allait se contenter de votre petite taille ? Au travail, fainéant. Un défi après l’autre.)

Time Out (décembre 2022)

Un joueur de basket (surtout quand il est grand) porte une attention toute particulière aux articulations et tendons de ses membres inférieurs. Un danseur de breakdance… fait la même chose, mais n’oublie pas que la nature nous a fait avec quatre membres. Vous avez bien lu : être grand, c’est une chose, mais être grand en partant de tout en bas, ça tue la concurrence. Pierre Dac, disait que la bonne taille, c’est quand les pieds touchent le sol. Il ne connaissait pas les vertus des claquettes-dunks, encore moins… celle du breakdance appliquée au basketball. Faire un spin, puis un autre pour se dégager d’un défenseur au rebond, c’est level one, ça. Du basket en deux dimensions. On passe donc en 3D, au level 2, et on se sert de ses mains pour aller au sol à la manière d’un breakdancer, et on se relève de suite. Vous semblez prendre un peu de place, étendu au sol (ou dans un lit), l’idée c’est de viser la partie du parquet où il n’y a pas de joueurs : en zone de remise en jeu ! Main au sol, smurf… pardon, ça, c’était l’appellation du siècle dernier… break et danse au sol avec une pirouette ou appui sur la main pour retourner aussitôt vers la raquette, et hop, vive la position préférentielle !

Notez que le breakdance est utile pour les rebonds, mais ça peut tout autant aider à piquer la position sous le cercle. « Na na na, il va devoir prendre du muscle… » Que nenni : musculation de breakdancer, d’athlète complet. Giannis is the limit. You can’t be freaker than the freak. No need to. Et vous, vous n’êtes pas programmé pour être un monstre, mais un alien. L’alien rampe sur les mûrs, se faufile dans les moindres recoins, joue de sa morphologie longiligne pour fondre sur sa proie (le ballon). Et comme au judo (oui, l’alien est bon en judo), il faut savoir quand jouer sur la force (accepter le combat, notamment avec les joueurs moins lourds, ce n’est pas une question de taille, même si le centre de gravité doit pas mal jouer), quand se servir de la force de l’autre (le coup de la chaise à différent niveau pour déséquilibrer l’adversaire), quand éviter le contact (façon anguille, cheval ou breakdancer).

Pour rester dans l’univers du cheval, vous pouvez donner comme nom à cette figure la « terre à cheval » (pas mal pour un futur Spur). Vous avez déjà vu des westerns avec des Indiens qui tombent de cheval et se remettent aussitôt en selle ? C’est une technique de voltige équestre appelée « terre à cheval ». On peut tout aussi bien nommer ça un “cosaque”.

Nouveau défi. « L’arrow-Gance » : maîtriser ses limites.

Un joueur, c’est à lui de définir ses limites. Mais attention à certaines attitudes en match qu’on pourrait regretter par la suite. Comme pour l’agressivité, il y a une bonne et une mauvaise arrogance. Avoir certaines certitudes, savoir où on veut aller et qui on veut être. Et puis, parfois, certaines arrogances dépassent les limites qu’on s’est fixées, sur le moment, sous le coup d’une mauvaise inspiration, suite à une injustice, à une insulte, etc.

On se forge avec ses erreurs, ses écarts, ses faiblesses, ses échecs. Quand tout vous réussit, dès que quelque chose ne semble pas aller dans notre sens, on peut avoir la tentation compréhensible de sombrer dans l’arrogance (comme les enfants gâtés). Vous êtes gâté par des aptitudes hors du commun que vous avez parfaitement su jusqu’ici développer, mais cela veut aussi dire que le moindre de vos gestes peut être scruté et commenté. Personne n’est un champion ou ne mesure 2m25 dans sa tête quand on a 19 ans. Parce qu’un adulte, ça grandit aussi et surtout avec ses échecs. Ceux qui ne connaissent jamais d’échecs sont impossibles à vivre. Ils ne connaissent pas la valeur réelle de leur réussite. Parfois, on n’a pas encore eu l’opportunité et le temps de se mouler dans le costume dans lequel on a décidé de se fondre, et on joue alors à être un autre, celui qu’on n’aurait pas décidé d’être. Il est parfois nécessaire de goûter la valeur du moment présent, surtout quand il est fait de frustration et d’échecs pour mieux préparer les réussites futures. Tout ne peut pas toujours aller dans son sens. L’injustice, le manque de réussite, il faut accepter ça comme des contraintes salutaires que l’on fait subir à son mental comme on fait subir des contraintes physiques à ses muscles pour les développer et les préparer. Ne pas chercher à contrôler l’incontrôlable : un coup de sifflet injuste, un manque de réussite, un adversaire récalcitrant, ce sont autant de contraintes qui nous préparent à la satisfaction et à la joie de la victoire. L’arrogance et la frustration sont des freins que l’on se dresse tout seul sur le chemin de cette réussite. Les contraintes, les frustrations, les échecs sont donc positifs. Ils préparent le mental à la victoire.

J’ai fréquenté autrefois de jeunes acteurs, et j’ai appris à voir dans leur regard quand ils se sentaient regardés et jouaient à être un autre : le résultat est épouvantable. Il vaut mieux dans ce cas ne pas se trouver sous les regards des caméras. Parce qu’il y a des erreurs de comportement qui se transforment en blessures (d’égo ou autre) et qui au lieu de nous font grandir nous ramènent à des petites choses. Autrement dit : quand on se sait regardé, ne pas jouer à être quelqu’un d’autre. On le devient toujours, et celui-ci est toujours un imbécile.

Tout s’entraîne : prochain défi, s’entourer de personnes qui ne soient pas des flagorneurs (la famille doit pas mal aider à ce niveau je me doute). Il est toujours bon de se confronter à d’autres domaines, d’autres personnes, où on n’est pas leader : il est bon d’être ramené à sa juste taille, celle qui nous fait garder les pieds sur terre. L’arrogance (la mauvaise), c’est celle qui nous fait croire qu’on pourrait s’élever dans les airs sans jamais retomber. L’arrogance, c’est le hangtime du compétiteur. C’est une illusion : on retombe toujours sur terre. On est tous soumis à la même physique.

Paraît que vous regardez des films muets, je serais curieux de voir ça. Pour diversifier votre jeu, prochain défi : regarder des films avec Eleanor Powell, la reine des claquettes (pas des claquettes-dunks). Les claquettes ont une leçon à nous donner, mais personne encore n’en a jamais compris le sens. Je ne sais pas faire de trucs magiques avec mes pieds, peut-être que si vous regardiez sa routine, vous en comprendriez la langue. Les claquettes parlent à travers elle. Et alors, je veux voir ça traduit sur un parquet.

Défi facile : la statue de la liberté

Se mettre en zone intermédiaire (elbow), recevoir la balle et lever la balle le plus haut possible à une main. Pivoter si nécessaire sur un pied d’appui, mais rester face au jeu et jouer les tours de contrôle et attendre le coéquipier le mieux placé et le plus ouvert pour recevoir une passe. Sans se précipiter. Doublé ? Qui viendrait sauter et risquer de faire faute pour aller chercher la balle ? Gobert est la Tour Eiffel, vous pouvez peut bien être un phare pour le nouveau monde, libre de jouer meneur, par séquence (un Serbe le fait très bien)..

Victor Wembanyama, face au panier en train de choisir son prochain défi (Mets vs Ignite G League)


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