Une histoire doit évoluer, et le sujet plus ou moins défini dans l’introduction doit changer à mesure que le récit avance et se colore de découvertes nouvelles.

On peut ne pas donner l’objectif final, c’est même parfois nécessaire pour garder une certaine forme d’incertitude sur le développement des événements, mais si l’on décrit un plan à l’avance, il est essentiel qu’il ne se déroule pas comme prévu, annoncé, attendu. Et cela, bien sûr, sans sortir tout à fait du cadre et prendre un virage s’écartant des objectifs de départ.

Chaque nouvelle situation rend un peu plus le plan de départ obsolète, petite touche par petite touche. Sans quoi, l’intrigue n’avance pas, les images proposées paraissent statiques au lecteur, les conflits donnent l’impression de tourner en rond et de revenir à des étapes déjà franchies. Et l’on s’ennuie.

Pour s’en convaincre, penser que les situations transforment les personnages, modifient leurs perceptions des choses, leurs ambitions.

Dans Le Gay Divorce, par exemple, on sait que Ginger Rogers est mariée et qu’elle doit préparer un coup avec un faux amant pour avoir le divorce. Par la suite, même si Fred Astaire s’insère là-dedans, l’intrigue sonne creux parce que trop peu de choses altèrent ce plan initial. Le spectateur a tout le temps de voir que le stratagème imaginé n’est qu’un prétexte et qu’il n’est jamais amandé à la lumière des transformations des personnages. Et il se révèle tel qu’il est : simple et insipide. Il ne faut pas être prisonnier d’enjeux établis au début du récit, ne pas révéler tout de ce qui suit, et cela, toujours, tout en limitant les péripéties trop inattendues.