Politique et médias

Ceci est mon pain
Billet écrit à l’occasion du décès de Brigitte Bardot et de ce sujet qui revient toujours sur la table dès qu’une personnalité qui a dépassé son quart d’heure de célébrité casse sa pipe.
Il y a une certaine pathologie à chercher à honorer en permanence des gens, donner des bons points, starifier les gens, incarner des combats, balancer des « Légions d’honneur » ou des prix à la con.
Vous soûlez avec vos héros. Si vous voulez des héros, acceptez qu’il y ait des antihéros.
C’est le résultat de la culture de l’individualisme et de deux mille ans d’histoire faite autour du culte d’un connard qui s’est prétendu être au-dessus des autres. Chacun rêve depuis de créer sa propre chapelle, sa propre secte.
Les individus ne sont rien. Les idées et les traces de notre passage, seules, comptent.
Dieu est mort, apprenez désormais à tuer vos idoles. Il n’y a que des individus avec leurs parts d’ombre. Les artistes ne valent pas mieux que les autres.
C’est ce même fétichisme de l’individu et cette quête du « héros » ou du « saint » qui poussent certains exégètes, critiques, historiens ou fans à regarder les œuvres et les mouvements à travers la vie d’un artiste.
Le summum de ces conneries, c’est la fin du XIXe siècle avec le mythe du poète maudit. Vincent van Gogh, Baudelaire, Rimbaud. « L’auteur, sa vie, son œuvre. » Cela mènera au culte de la personnalité dans tous ses états. « L’artiste » n’y a pas échappé. Il est passé du rang de paria ou de marginal à celui d’idole.
On est passé du héros, sujet à la troisième personne (la Bible) au héros, sujet à la première personne. Quand il est question d’auteurs qui écrivent ou se racontent à la première personne, c’est une avancée.
Quand c’est le public qui ne voit plus que la construction du personnage à la première personne, on idéalise un mensonge, une construction de l’esprit. Toute autobiographie, toute monographie, toute biographie construit une représentation du réel. Ce n’est pas le réel.
Racontez votre enfance, votre vie, ce n’est pas le réel, c’est une fiction. Vos souvenirs deviennent fiction une fois partagés à autrui, une fois transformés en récit.
L’auteur ne s’élève pas au-dessus des autres en portant ainsi son histoire sur le papier, l’écran ou ailleurs.
Son œuvre est ce qui reste. La vie évoquée n’est qu’une illusion. Les héros n’existent pas. Brulez vos idoles. Honorez les œuvres. Honorez les œuvres, les idées, pas les individus.
Faut-il séparer l’œuvre de l’artiste ? Faut-il séparer le violeur du boulanger ? La militante de la femme ? Mais vous n’en avez pas assez de dresser des piédestaux toujours pour y lever les mêmes connards ? On est tous pareils : insignifiants.
L’artiste, le violeur, le boulanger, la femme, la militante, qu’ils aillent au diable. Ils sont des produits finis et éphémères. Oubliez-les. Les statues, elles, ne meurent jamais.
Que votre boulanger ait été un violeur, en quoi ça vous regarde ? Que Céline ait été antisémite ? Vous lisez ses pamphlets antisémites ? Non. Alors, jetez Céline qui n’est rien sinon un cadavre et s’il y a quelque chose à honorer, ce sont ses œuvres. Et si ce n’est pas ses œuvres à lui, ce sera celles d’une autre conne ou d’un autre connard.
Les saints, s’il en existe, peuvent bien écrire… en attendant, il semblerait jusqu’à présent qu’ils se soient toujours fait tresser des lauriers par d’autres. Si t’es pas un peu mythomane, ton histoire n’intéressera personne. Si t’es un peu mythomane, t’es un connard.
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